Hypothèse sur les TIC en éducation
Les nombreux stagiaires que j’ai eu le plaisir d’accompagner, ces dix dernières années, avaient tous en commun une ignorance de l’utilisation pédagogique des TIC. Même ceux qui arrivent fièrement avec un ordinateur portable ne savent comment en faire profiter les élèves autrement qu’à l’aide de documents Word ou de présentations PowerPoint. Une stagiaire était ravie de me montrer une page Web statique réalisée à l’université. …
Les finissants connaissent les technologies les plus courantes (traitement de texte, courrier électronique), mais sont hésitants à approfondir leur utilisation en éducation. Quand on aborde la question des TIC comme instrument pédagogique, qu’on examine les possibilités des carnets électroniques, je croise des regards effarés. Manifestement, ils sont plongés dans une zone d’inconfort qui n’en est pas une de développement.
Ce malheureux constat m’amène à émettre une hypothèse qu’on réussira, j’espère, à réfuter. Il appert que généralement, les jeunes portés sur les nouvelles technologies ont peu de penchants naturels pour l’enseignement. Leurs prédispositions ou leurs compétences techniques les poussent vers d’autres domaines professionnels où les défis siéent davantage à leurs penchants positivistes. Ceux qui se dirigent vers l’enseignement préfèrent généralement les relations humaines, heureusement. Par conséquent, ils ont moins d’affinité pour les nouvelles technologies et accuseront toujours un retard sur ce plan, comme en font foi les enseignants déjà en place.
Pour contrer ce phénomène, il faut miser sur la vision et le leadership des décideurs. Le cas de l’Institut St-Joseph et du Maine Learning Technology Initiative sont deux exemples de paliers de décision différents.
On s’interroge, par ailleurs, à savoir ce que l’université fait en matière d’intégration pédagogique des TIC. Est-elle passée au paradigme de l’apprentissage, ou est-elle encore coincée dans l’abc de la bureautique ? Demande-t-on aux étudiants de reproduire le passé, ou de chercher comment les nouvelles technologies peuvent optimiser les apprentissages ? Cette dernière éventualité favoriserait le rayonnement des TIC auprès des enseignants qui accompagnent les stagiaires. Mais pour appuyer l’hypothèse ci-dessus, peut-être y a-t-il peu d’intérêt de part et d’autre.
Par ricochet :
Intégrer les TIC en classe
Tendances TIC sur les campus
TIC et programmes d’enseignement
Retard des TIC dans les universités
Les TIC auront-elles raison des écoles?
Le gouffre qui sépare enseignants et TIC
Future génération de profs (débranchés)
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Je suis tout à fait d’accord sur l’importance de la vision et du leadership des décideurs… mais il faut encore plus. Mario Asselin y faisait référence ici:
http://cyberportfolio.st-joseph.qc.ca/mario/archives/007829.html
Je ne veux pas «fesser» sur personne, mais je comprends la situation que tu décris. Avant mon stage IV, j’avais une connaissance de base de l’utilisation des TIC dans l’enseignement. Le problème vient du fait que les cours qui sont donnés à l’université ne sont pas tous adaptés aux connaissances des étudiants en matières de TIC.
En effet, nous suivons tous le même cheminement et on nous demande de faire le strict minimum, sans vraiment nous encourager à en faire plus. On ne nous présente pas les nombreuses possibilités d’utilisation que l’on peut faire dans le milieu de l’enseignement. C’est pourquoi plusieurs personnes vivent par l’utilisation des Power Points durant leurs stages : « je peux le faire, je sais le faire, je vais rester avec ça…». Bien sûr il y a parfois la sécurité de travailler avec quelque chose de connu, mais dans certains cas, il y a plus : l’inconnu. Personne n’en parle et donc on ne sait pas que ça existe.
En survolant l’article dont Clément fait mention, il est clair qu’il manque quelque chose dans la formation : un apport de l’extérieur. Sans médire sur ce que j’ai vécu durant mes stages, les enseignants vivent souvent les mêmes situations, ils ne connaissent pas les différentes technologies disponibles à part celles qui sont les plus populaires. Il faudrait donc injecter, pas seulement dans l’achat de matériel informatique, mais aussi dans la formation et la mise à jour du personnel enseignant pour une utilisation optimale de ces outils.
Tout comme Mathieu, je ne veux pas pointer du doigt un coupable. (Cela me ramène toujours l’image des trois autres doigts qui pointent dans la direction de celui qui dirige la main). Pour encore ajouter une hypothèse à la discussion, on peut arguer que la majorité des gens qui se destinent à l’éducation s’en remettent, dans une large mesure, à leurs modèles expérientiels. Or, il semble que les quatre ou cinq années d’études universitaires ne suffisent pas à déconstruire ces modèles pour en créer de nouveaux, plus dynamiques. En rétrospective, quand j’observe la formation des stagiaires et que je me rappelle ma propre formation, je constate que la place faite à la pédagogie (lire réflexion et création pédagogique) est insuffisante : trop d’importance accordée aux connaissances disciplinaires et pas assez aux compétences d’enseignement. Il n’est étonnant, par conséquent, que les mêmes schèmes se perpétuent dans la pratique, comme en témoigne mon milieu d’enseignement.