La platitude de l'école, dès la 2e année


Comment peut-on défendre une école qui sème le décrochage dès la 2e année ? Il faut lire ce billet de Will Richardson pour saisir l’abysse dans lequel nos écoles plongent les élèves, ainsi que la fade utilisation que l’on fait du projet. Au fond, c’est peut-être toute la galère qui coule : …

The bigger sense here, for me at least, is the frustration that we continue to do what we’ve done for the last 100 years, deliver the curriculum we’ve been handed, the one that was written long before her teacher even met Tess. The one developed not to turn Tess into a lifelong learner but to insure that she passes the test. The one that says that her interests take a back seat to the interests of the state. I’m not saying there aren’t skills she needs to learn, but to be honest, I want her to have a passion for learning first.

Le billet, par ailleurs, illustre bien les déboires de la pédagogie du projet que plusieurs associent, à tort et à travers, à la réforme. Je fais allusion à cette fausse conception, tristement véhiculée dans les manuels scolaires, qu’un même projet intéresse tous les élèves, que toutes les étapes peuvent être prévues avec certitude, que tous les participants doivent suivre la même démarche arrêtée (oxymoron volontaire), et que tout le monde va réussir sans coup férir. Dans cette vision de l’éducation, il ne reste que peu de place à la réflexion méthodologique, la recherche, le travail collaboratif et la communauté de pratique, la résolution de problème, l’analyse et la synthèse, l’imagination et la créativité, l’échec et la persévérance… Plus l’énumération s’allonge, et plus la pression monte.

Par ricochet :

L’école en tant que fabrique d’automates

L’école, lieu d’éducation ou d’Éducation

L’école carcérale

Transformer les écoles

Sortir les salles de classe des écoles

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5 réponses

  • Quelques lignes pour te dire que la lecture du billet de Will a provoqué chez moi le même sentiment au moment de sa parution dans mon agrégateur. Merci d’avoir mis tout cela en mots.

  • Il faut peut-être reconnaître que la mission « socialement acceptée » de l’école est d’être une immense garderie éducative et que le goût d’apprendre, ce n’est pas là qu’on le prend. L’image que j’ai de l’école : la même photocopie du cahier à colorier où le choix donné à l’élève est celui des couleurs. (Le plus triste, c’est que je vois encore ce genre de machin sur les murs des classes)
    Bien sûr, il y a de belles choses qui se passent dans nos écoles, et on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. Il demeure cependant qu’une très grande proportion des enfants s’y ennuient. Il s’y ennuient parce qu’ils doivent attendre. Oh! je sais, il y a une attente sereine, dont on doit faire l’apprentissage. Je parle de l’attente malsaine, celle qui fait qu’un élève plus vite que les autres doit attendre que le reste de la classe ait compris; celle qui fait que l’élève qui n’a pas compris doit attrendre qu’on lui explique de nouveau; celle qui fait que l’élève qui a compris le troisième coup doit attendre que celui qui a besoin d’une quatrième explications l’ait; celle qui fait qu’il doit attendre la disponibilité du prof alors que ce dernier est pogné avec 1 ou 2 élèves qui capotent complètement parce qu’il n’y a pas de service particulier pour ces élèves dans l’école, celle qui fait que si on aime les maths, on doit attendre le bon moment de la journée pour que tout le monde, ensemble, on en fasse, etc.
    L’attente malsaine : c’est un des grands bobos du système. C’est celle où l’élève est la remorque du prof, où on ne reconnaît pas l’autonomie-en-developpement de l’élève. Cette attente crée des élèves passifs, endormis, dépendants.

    Tout ça, à mon avis, est causé par le fait que l’enseignant doit gérer une classe de 25-30 personnes qui doivent apprendre les mêmes choses ou, si vous voulez parler réforme, développer les mêmes compétences.

    Je suis du milieu de l’éducation, il m’est difficile d’être objectif, mais en tant que parent (et grand-parent) je ne demande qu’une chose à l’école : de faire en sorte que mon enfant s’y trouve généralement heureux ou, tout au moins, pas trop malheureux. Le reste, je m’en fous.

  • C’est d’une tristesse tout ça. 2e année. Ouf! Bientôt, j’ai l’impression qu’on entendra dire que le désintérêt des élèves est de nature génétique davantage qu’attribuable à la platitude de ce qui se passe dans les classes…

    N’y a-t-il donc rien à faire? Les sombres propos de François et de Gilles n’ont rien de rassurants lorsqu’on connait leur fort engagement…

  • Je me rappelle d’avoir dit cela, même lorsque j’étais conseiller pédagogique, à d’autres enseignants.

    « Écoute, il ne faut pas paniquer non plus. Tout ça, c’est JUSTE l’école, rien de plus. »

    Tout ça pour dire que « l’école » se prend bien au sérieux. Bien sûr, on fait tous du mieux que l’on peut dans ce milieu de l’éducation, mais il ne faut pas s’inquiéter. Les jeunes vont s’en sortir « pareil ». Ils vont quand même trouver le moyen d’avoir du plaisir dans la vie.

    Ça doit être le commentaire de Gilles qui fait ressortir mon pessimisme :-)

  • Cette question de l’attente en classe, magistralement soulevée par Gilles, est d’une importance capitale. Il aurait pu en faire un billet indépendant sur son propre blogue. S’il choisit de ne pas le faire, je reprendrai ses propos dans un billet à venir.

    Quoi qu’il en soit, merci à tout le monde de vos généreux commentaires. La substance du commentaire n’est pas dans le plaisir égotiste d’avoir suscité une réponse, mais dans la réconfort d’une pensée complice.



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