Bloguer pour l'éducation des parents
Pour les parents qui sont réellement soucieux d’accompagner leurs enfants dans leurs apprentissages scolaires, l’information se trouve au compte-gouttes : bulletins laconiques et sporadiques (parfois même incompréhensibles), rares rencontres parents-enseignants, communiqués imprimés qui se perdent généralement en route. Pour ceux en proie aux velléités, il n’en faut pas plus pour abandonner la partie. Et pourtant, nous avons maintenant affaire à une génération de parents scolarisée qui, pour la plupart, ne demandent pas mieux que de participer aux tâches éducatives. Mais l’école fait la sourde oreille. …
Il y a des exceptions, bien sûr. Les cybercarnets de Mario et de l’Institut St-Joseph viennent immédiatement à l’esprit. L’Institut St-Joseph dispose également d’un wiki. Récemment, Sacco nous faisait découvrir un formidable forum qu’il a mis au point pour une école de sa région. Pour le reste, les écoles se contentent de pages Web plutôt statiques.
Il n’en demeure pas moins que les parents sont avides d’information. Celle-ci peut être utilisée à bon ou à mauvais escient. Quelques élèves m’ont rapporté que leurs parents n’ont de considération que pour les aspects négatifs (je m’empresse alors de filtrer le contenu déplaisant acheminé aux parents de ces élèves) ou que cela est prétexte pour augmenter la pression relativement aux résultats scolaires. Mais dans l’ensemble, la communication est bénéfique. Will Richardson rapporte ces propos d’un parent :
« in their busy lives and during teenage years when communication between parents and kids is usually not at its peak, her blog opened a door for him into what she was thinking on issues and gave him new hooks to start conversations with her.«
Pour ma part, le nombre de commentaires reconnaissants que je reçois des parents pour l’utilisation de Lumi est plus qu’élogieux. Un exemple :
J’apprécie énormément les communiqués sur internet. Cela permet de suivre l’évolution de l’année scolaire, mais surtout de connaître votre appréciation du travail de Francis. Cela facilite nos échanges à la maison, (encouragement ou ajustement) car il faut le dire : les garçons sont moins bavards que les filles.
Il est étonnant, dans ce contexte, que les directions d’école et les enseignants soient hésitants à utiliser les blogues pour communiquer avec les parents. Peu importe les raisons (ignorance, appréhensions, manque de temps, etc.), je ne veux pas m’attarder à éclabousser les éducateurs de blâme. Je crois plus important de chercher des solutions.
À moyen et à long terme, l’école gagnerait à accroître la synergie avec les parents. Une meilleure compréhension de la problématique scolaire ne peut que dissiper les malentendus et attirer la sympathie des parents. Ne serait-ce qu’au niveau du comportement des élèves, la concertation fait des miracles. Quant à l’impact sur les résultats scolaires, cela va nécessairement de soi. De plus, c’est une façon de rendre les réunions à l’école plus signifiantes ; ça finit par être désolant ces réunions où la direction et les enseignants discourent et où les parents se contentent d’écouter.
Dans un commentaire antérieur, Patrick et André m’ont fait réaliser que les TIC pouvaient également contribuer à l’éducation des parents, une idée également exprimée par Will Richardson. L’école, plutôt que de se contenter de transmettre de l’information, a tout avantage à ce que les parents forment leur propre communauté d’apprentissage. Il y aura forcément une courbe de croissance à surmonter, mais on aurait tort de ne pas s’y attaquer. Du coup, les TIC offrent aujourd’hui de formidables ressources, comme le screencasting, pour faciliter la tâche. Et puis il y aura toujours des parents, plus technophiles, pour venir en aide aux autres. L’investissement en temps sera grandement récompensé.
Ajout (31 mai 2005) | Un billet de Will Richardson contenant un article (The Argus : Students, parents fight schools on Web), à propos de parents qui se tournent eux aussi vers le Web pour exprimer leurs frustrations, soulève une raison de plus pour les écoles offrent un espace interactif de communication pour les parents : à défaut d’un tel espace, ces derniers risquent de se tourner vers d’autres moyens de communication, en marge de l’école.
Par ricochet :
Communication aux parents
Un directeur avec du cran
Revue : Le gap TIC entre parents et enfants
Étude sur la génération M
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Nonobstant le constat réel sur l’inéficence de la communicaton enseignant/parent/administration j’ai de la difficulté à imaginer comment l’utilisation d’un blogue pourrait aider à l’édification d’une meilleure communication.
J’utilise depuis 4 ans un site Web avec mes élèves, certes la communication est unidirectionnelle de moi vers les visiteurs. En début d’année les élèves et leurs parents sont sensibilisés de l’existence du site et de l’utilisation qu’ils peuvent en faire. En quatre ans, j’ai reçu au total 10 courriels d’élèves et aucun de parent.
Est-ce l’utilisation du courriel qui est si rébarbative?
Je ne crois pas que le problème se situe au niveau de l’utilisation du courrier électronique, lequel a largement fait ses preuves en tant qu’outil de communication.
Ce que je crois, par contre, n’est qu’une hypothèse, pour ce qu’elle vaut. Je parle hors de mon domaine d’expérience, car un site Web professionnel n’a jamais été qu’une velléité pour moi. C’est pourquoi j’ai une certaine admiration pour les enseignants qui se sont donnés la peine d’expérimenter avec ce moyen de communication. Toutefois, le problème de l’unidirectionnalité des sites Web, que soulève Éric, semble assez répandu ; j’ai un ami qui m’a fait part des mêmes doléances.
Mon hypothèse, donc, est à l’effet que les sites Web, de par leur nature, sont statiques, c’est-à-dire qu’ils n’invitent pas à la rétroaction. Combien de fois, considérant tous les sites Web que nous visitons, laissons-nous un commentaire au webmestre ? Pour le lecteur, par contre, le blogue invite à la rétroaction. C’est comme si on priait le lecteur de donner son avis. C’est là une différence fondamentale. Sans compter que quand quelqu’un émet un commentaire, il n’est pas uniquement destiné au propriétaire, mais affiché au su de toute la communauté. Il suffit d’un lecteur pour briser la glace afin que les autres décident de participer.
Un autre facteur à considérer est la pertinence temporelle de l’information. On ne sait trop, dans un site Web, de quand date l’information. Dans un blogue, au contraire, l’information est datée et récente, pour qui se donne la peine d’utiliser un agrégateur.
Je parle peut-être à travers de mon chapeau, n’ayant pas encore expérimenté l’interaction entre les parents et mon blogue d’école. Ce dernier est trop récent pour que j’aie eu le temps de l’annoncer aux parents et, surtout, de leur montrer comment utiliser un agrégateur. Je compte bien le faire dès la rentrée, en septembre. Je serai plus en mesure de voir, alors, si cela suscite des réactions.
Toutefois, cela restera toujours un blogue disciplinaire. Je crois que les parents sont plus intéressés par ce qui se passe sur le plan général. Il serait intéressant de voir quelle serait leur participation à un blogue d’école. Je crois savoir que Mario a déjà reçu plusieurs commentaires de parents sur son blogue.
Mon blogue, ceux des élèves et ceux des classes contiennent de nombreux (très nombreux) commentaires de parents. Prenez comme exemple ce carnet Web d’une classe de 1re année (http://cyberportfolio.st-joseph.qc.ca/catherine/), je crois que plus de 9 commentaires sur 10 viennent des parents. Il est vrai qu’au primaire, les jeunes se sentent très valorisés de recevoir des commentaires publics s’adressant à eux ce qui n’est pas la même chose passé 13/14 ans…
J’ai beaucoup stimulé la participation des parents sur nos espaces. Par courriel en particulier. Ce n’est pas venu tout seul cette fréquentation parentale… Avec mes listes de diffusion, j’ai souvent informé les parents des « perles » qui se publiaient. Aussi, de nombreuses communications de l’école étaient plus complètes par courriel et menaient à un hyperlien encore plus évocatif que la feuille de papier distribuée (d’ailleurs, maintenant ils ont le choix entre le format papier et courriel et 75% choisissent « courriel »). Aussi, je répondais plus rapidement à un courriel qu’à un appel téléphonique lors de mes débuts d’utilisation du Web…
Enfin, je peux dire aujourd’hui que l’utilisation des TIC est devenue très « rentable » pour moi en terme de gestion du temps, au niveau de mes communications. Dès que deux ou trois personnes me demandent la même chose (et c’est pareil pour les secrétaires et certains profs), j’envoie un courriel par mes listes de diffusion ou je publie un billet sur le site Web de l’école. Je reçois souvent le feedback que les parents sont heureux que nous communiquions si régulièrement avec eux par ces moyens. L’utilisation de l’agrégateur commence aussi à faire des pas…
Enfin, je dirais qu’un minimum de 25% des commentaires sur les blogues des élèves viennent des parents et qu’au moins 10% de ceux du miens sont aussi de parents. Plus encore, je dirais que plusieurs parents vont sur des espaces autres que ceux de leur enfant pour lire bien entendu, mais parfois aussi pour poster un commentaire. Et je ne parle pas des nombreuses fois où une conversation porte sur ce qui s’est blogué sur les cyberportfolios de l’école !
Merci, Mario. Je ne pouvais espérer un appui plus éloquent et plus pertinent que celui-là, supporté par l’expérience et la pratique.
Je retiens particulièrement ton observation selon laquelle que « ce n’est pas venu tout seul », cette participation des parents, mais que tu as dû la cultiver au départ.