Identité et vie privée


Peut-être Sacco a-t-il raison de vouloir préserver son identité. Car une identité est plus qu’un nom. C’est une existence. Malheureusement, nous disséminons des bribes de notre existence dans les archives numériques des institutions (ministères, banques, assureurs, services publics, commerçants, etc.), comme des pièces d’un puzzle qu’on laisserait tomber pour marquer notre chemin. Depuis quelque temps, il en tombe de plus en plus. Et il y a des gens pour les ramasser. …

Le plus inquiétant, c’est que les archives numériques ont la mémoire longue. Elles savent même des choses que nous avons depuis longtemps oubliées. Du coup, on se méfie principalement de Big Brother. Mais on devrait aussi garder l’oeil ouvert sur son petit frère : l’entreprise privée. Sans trop savoir ce qui se trame dans les coulisses du Net, les moteurs de recherche peuvent déjà en dire long sur les individus, surtout quand ils sont branchés. Le dernier venu, et non le moindre, est ZabaSeach, lequel a indexé plus de 25 000 bases de données publiques aux États-Unis seulement (Wired : Your Identity, Open to All).

Ma principale préoccupation, pour l’instant, n’est pas tant pour moi comme pour les élèves. Particulièrement ceux qui bloguent, comme les élèves à qui on a distribué des carnets électroniques. Je ne suis pas le seul : Clancy Ratliff a récemment soulevé la question, à qui Jill Walker et Will Richardson ont fait écho.

Ces trois derniers carnetiers ont abordé la possibilité que les élèves puissent bloguer anonymement. À cet égard, je suis de l’avis de Richardson :

We want students to take ownership, we want them to be a part of the larger conversation, yet how much ownership can they take when they write anonymously? And when they know that the site will be « depublished » at the end of the year? While it doesn’t totally take away the value of the blog, it certainly diminishes it.

Pour revenir aux élèves de mon école, nous avons identifié les carnets au seul prénom et première initiale du nom de famille, tant dans le nom du carnet que dans l’URL. De plus, nous avons insisté pour que ce point soit intégré au code de déontologie de l’élève. Quant à leur avenir, nous ne pouvons que sensibiliser les jeunes et espérer.

Mise à jour (8 mai 2005) : Je vous invite à lire l’excellent billet de Sacco sur ce sujet, où il est question de comment le passé peut revenir vous hanter.


Par ricochet :

Qui est Sacco? Et pourquoi utiliser un pseudonyme?

Sécurité virtuelle et éducation

Bloguer en sécurité pour les élèves

L’intimidation et les blogs

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3 réponses

  • Un petit bonjour pour vous signifier que si j’utilise un pseudonyme, c’est justement pour plusieurs des raisons identifiées par M. Guité. J’ai quelques fois fait l’exercice de faire des recherches sur Google avec mon nom et me suis rendu compte que, dans certains cas, cet outil pouvait être beaucoup plus puissant que je ne le souhaitais. Je retrouvais ainsi et des interventions que j’avais faites sur des forum de généalogies ou même de mécanique automobile (cette idée d’acheter une dodge, plus jamais). En somme, outre le fait que si je ne m’impose pas de toujours être brillant sur tous les sujets (et que je ne suis pas bien sûr que ça me chante que tous puissent, en quelques cliques, retracer un billet particulièrement niais publié alors que j’étais à une autre étape de mon cheminement), il me semble justement qu’il est si facile pour des entreprises de dresser des portraits de clients (pour n’utiliser que cet exemple) que je ne tiens pas à leur faciliter la vie.

    Maintenant, l’idée de publier de façon tout à fait anonymement me dérange un peu. Je suis de ceux qui croient que celui qui s’affirme sur la place publique doit avoir le visage découvert (à moins bien sûr de conditions bien particulières comme ce fut le cas pour ces jeunes femmes qui ont publié dans Le Devoir récemment au sujet de leurs expériences avec la sexualité en jeune âge). Le compromis que j’ai trouvé, ce fut d’utiliser un pseudonyme, soit, mais aussi de créer une page qui me présente (http://dedalus.freezee.org/sacco/) et ainsi, ceux qui ont droit de savoir qui je suis l’y découvre. Ainsi, il faudrait que celui qui voudrait faire une simple utilisation des moteurs de recherches Internet pour découvrir tout ce qui me concerne fasse un sérieux effort de triangulation de ses recherches. Bien entendu, ce n’est pas parfait. Un être plus doué que moi pourrait aisément faire un travail de recherche à partir de mon adresse IP mais, moi, ça me conforte qu’il lui faudrait au moins faire un peu plus de travail.

    Peut-être cette façon de faire pourrait-elle fonctionner avec des élèves. Leur permettre de choisir un pseudonyme tout en leur demandant de faire une entrée qui les présente… Je ne sais trop, mais je partage violement certaines des craintes relatives à cette surabondance d’informations facilement repérables et accessibles.

    Bien à vous,

    Sacco.

  • Vanzetti dit :

    Cher Sacco,

    Un petit mot, à la sauvette, pour vous dire comme j’aime vos propos chargés d’humanisme et de candeur. Ça me rappelle le bon vieux temps.

    Vanzetti ;-)

  • Sacco dit :

    Bien content de vous revoir, cher ami!!! ;-)



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