Réforme de la 'Revue'
Après un moins et demi de revue’ quotidienne de trouvailles glanées sur le Web, j’en suis arrivé à la conclusion que le jeu n’en valait pas la chandelle. Je crois foncièrement dans le partage de l’information, ce qui m’avait incité à tenter l’expérience, mais je dois me rendre à l’évidence : il y a des façons de faire tout aussi efficaces et qui ne dénaturent pas un blogue personnel. Par conséquent, je procède à une autre transformation de la formule. …
Plusieurs raisons motivent ce changement. D’abord, le temps exigé pour organiser l’information me chopait des moments précieux ; je suis plutôt d’avis que les TIC doivent servir à économiser du temps plutôt que de le consommer. Ensuite, je me sentais une obligation quotidienne de le faire, et je tiens trop à ma liberté pour m’enchaîner à ce boulet. De plus, j’avais l’impression que ce fardeau obnubilait ma réflexion personnelle, si chère à l’écriture. Mais surtout, je crois que les blogues personnels (par opposition aux blogues corporatifs ou médiatiques) constituent un agent de transformation sociale à cultiver. Les utiliser systématiquement comme véhicule informatif leur confère un caractère mécanique qui altère son rôle social.
Tout comme la réforme de l’éducation préconise la primauté des compétences sur les connaissances, l’individu a le devoir de donner sens à l’information qu’il reçoit. C’est toute la puissance de la réflexion et de la pensée critique qui sous-tend l’exercice de la citoyenneté. Et ça, c’est toute une compétence. La plus grande, sans doute.
J’avais déjà souligné mon malaise à restreindre mes interventions carnetières à la diffusion d’information. Martin a également abordé la question avec une jolie conclusion que d’autres ont reprise. Tout au long de cet exercice de revue’ quotidienne, je ressentais un inconfort qui ne s’est jamais amoindri. Dans ces cas-là, il vaut mieux écouter son for intérieur.
De plus en plus, l’automatisation des tâches les plus fastidieuses libère la pensée. Le rôle de diffusion d’information, tout mécanique qu’il est, peut facilement être confié à la technologie. Le social bookmarking est probablement l’exemple le plus concret à ce jour. Les grands médias l’ont vite compris, et ils ont été parmi les premiers à adopter cette technologie. Je ne réinvente rien en me tournant vers les fils RSS ; j’imite tout simplement.
Ce remaniement s’avère la quatrième transformation de forme pour cet exercice de communication. La première tentative m’a aussitôt révélé le manque d’organisation. Au deuxième essai, j’ai réalisé que l’information transmise aux agrégateurs était insignifiante. Par la suite, j’ai ajouté un abrégé des hyperliens en début de billet. Mais tout cela paraissait bien creux et défigurait la page d’accueil. J’ai continué mettant en relief un item qui m’aiguillonnait particulièrement. J’aurais dû savoir d’emblée que les tâches répétitives sont usantes.
J’ai été tenté de recourir à la formule, proposée par Jots, de publication automatique des signets quotidiens. Surtout après avoir constaté que certains blogueurs, dont Alan Levine et Tom Hoffman, l’avaient adopté. Je voyais une grande puissance de filtrage et de dissémination de l’information dans cet exercice, une sorte d’accélération de la mémétique. Heureusement, Will Richardson m’a ramené à la raison.
Néanmoins, je crois utile, comme je consacre beaucoup de temps à survoler le Web, de propager l’information. La solution que j’envisage, pour le moment ;-), est d’ajouter un menu de fils RSS auxquels les lecteurs pourront s’abonner à leurs convenances. Ce menu est offert dans la section Bribes de la page d’accueil. Non seulement cela me paraît-il plus efficace, mais aussi plus respectueux du lecteur à qui je n’impose pas mes caprices.
On a beaucoup dénoncé l’explosion de l’information engendrée par les TIC. Mais plus significatif, selon moi, est la profusion de moyens mis à notre disposition. La panoplie d’instruments est étourdissante. Mais elle oblige à s’interroger sur notre pratique, à condition de vouloir s’y arrêter un instant.
Mise à jour (9 juin 2005) | Heureuse coïncidence, je découvre deux autres blogueurs abandonnent (momentanément, du moins) leur initiative de publier automatiquement leurs trouvailles à l’aide de Jots : Alan Levine et Tom Hoffman.
Par ricochet :
Bloguer vs diffuser
Se penser comme un filtre
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Juste un mot pour te dire que j’appréciais BEAUCOUP cette Revue, et que j’y ai fait d’heureuses découvertes.
Mon commentaire va tout à fait dnas le sens de celui de M. Jobin. J’y ai découvert plusieurs perles dont je vous suis très reconnaissant! J’ai bien hâte de suivre vos « bribes ».
Personnellement, bien que La pub et le droit me gruge du temps, je considère que l’effort en valait le coup.
J’aime bien l’exercice de réflexion et d’analyse dans ce monde de consommation rapide.
Natalie Gauthier
La pub et le droit © Natalie Gauthier 2004-2005
http://publiciteetdroit.blogspot.com
Je me permets une question — au risque d’ainsi admettre mon ignorance — mais pourquoi choisir Jots et non del.icio.us pour cet exercice? Je comprends mal la différence entre les deux et l’avantage de l’un sur l’autre…
J’avais déjà un compte del.icio.us et un compte Furl que j’utilise séparément en fonction de divers usages. Avec la migration de la revue aux fils RSS, je sentais le besoin de recourir à un nouveau service de tags.
La seule raison technique pour laquelle j’ai opté pour Jots est le fait que ce dernier n’impose pas de limite à la longueur du texte sauvegardé. Cela était particulièrement important pour les abonnés aux fils RSS de la revue (si abonné il y a).
Cette caractéristique de Jots est un fameux outil pour archiver les commentaires qu’on dissémine sur les autres blogues. Il suffit de copier le commentaire, de faire un tag Jots pour le billet dans lequel on a laissé un commentaire, puis de coller le commentaire en question dans la case « description » du tag. Il est facile, par la suite, de rechercher tous les commentaires à partir d’une catégorie ou d’un mot clé. Il est possible de faire la même chose avec Furl.
Très éclairant! Le plus grand des mercis!