Cacographie
Mon seuil d’étonnement au regard des fautes d’écriture est particulièrement élevé. Dans l’enseignement, on en voit de toutes les couleurs. Mais j’ai tout de même mes limites. J’ai été renversé, ce matin, à la lecture de ce courriel en provenance d’une boutique spécialisée dans la photo numérique : …
« bonjours
nous aimerions mieux que vous envoiyer vos photo par piece joindre pour facilité notre travaille
merci »
Huit fautes sur un total de 17 mots, sans compter l’absence de ponctuation et de majuscules. Ce n’est pas seulement le nombre d’erreurs qui m’a estomaqué, mais leur simplicité. Que l’on confonde l’infinitif et le participe passé, passe toujours ; mais que l’on ajoute un « s » à bonjour, ou que l’on ne sache pas orthographier travail, relève d’une incompétence inexcusable.
Comment diable l’école peut-elle produire pareille inaptitude ? Surtout quand on sait tous les efforts qui sont faits pour améliorer la qualité de la langue. J’esquive la question, car les réponses sont trop nombreuses, pour envisager les solutions. L’une les plus prometteuses, à mon avis, réside dans l’attention portée aux compétences langagières dans toutes les disciplines scolaires, et pas uniquement en français. Ni plus ni moins qu’une compétence transversale, comme le préconise la réforme.
La société doit également assumer son rôle de régulation. Il importe que chacun signale les écarts quand ils deviennent trop flagrants. Naturellement, je me suis empressé de retourner un petit reproche empreint de délicatesse.
Et qu’en est-il des majuscules et de la ponctuation ? Sont-elles les premières victimes du clavardage ? La langue doit évoluer pour maintenir sa contemporanéité. Sauf qu’à ce rythme-là, il ne s’agit plus d’évolution, mais d’abâtardissement.
Par ricochet :
Orthographe française recommandée
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Savons-nous réellement si l’auteur des 17 mots est un produit de notre système scolaire?
Il pourrait peut-être provenir du système de l’autre solitude ou celui d’un pays tiers allophone…
Dans ce cas, je porterais ma colère sur la dégradation du protocole de communication interpersonnel dans la sphère publique qui autorise la mauvaise communication comme allant de soi.
Car c’est bien de ça dont il s’agit : l’émetteur scribouille la langue véhiculaire du coin et délègue le travail de décodage au récepteur.
Si mal écrire était perçu comme un faute de goût (comme mâcher de la gomme, avacher derrière le comptoir, la chemise entre-ouverte, maculée de tâche), le marchant perderait des clients…
M.McLuhan en a floué plus d’un. L’univers de Gutenberg est encore bien présent.
L’idée que l’auteur du message ne soit pas un Québécois francophone m’avait aussi effleuré l’esprit. J’ai d’abord soupçonné qu’il s’agissait d’un anglophone qui baragouine le français. La curiosité m’a poussé à poser la question quand je suis passé prendre les photos. Il se trouve que l’employée en question est une fille du Lac Saint-Jean. Il n’y a pas plus québécois que ça, dans le sens que la langue dans ce coin de pays subit très peu d’interférence des langues étrangères (hormis les TIC, bien sûr).
Naturellement, comme Martin le souligne, cela n’excuse pas son employeur que de tolérer la situation. Ce dernier était d’ailleurs gêné de la situation. Qui sait, l’intervention incitera peut-être à l’amélioration de la qualité de la langue.