Réforme ou évolution de éducation ?
Combien de temps encore avant qu’on nous propose une nouvelle réforme de l’éducation ? 15 ans ? 20 ans ? Dans cinq ans, la présente itération aura été implantée dans toutes les écoles primaires et secondaires. Si le passé est garant de l’avenir, on ne parlera plus de réforme dans les années qui suivront. Essoufflé de tant d’effort, le système scolaire sombrera à nouveau dans la torpeur de la routine. Jusqu’à ce qu’on recommence à secouer la cage. …
Ceux qui me connaissent savent que je me bats du côté de la réforme. Pourquoi, dans ce cas, tant de pessimisme ? C’est que je ne vois pas, de quelque côté sur le chantier que je regarde, aucune disposition qui permette aux nouveaux programmes de formation d’évoluer au rythme du temps. Pourtant, le changement continue son accélération, à la fois sur le plan social, technologique et pédagogique. En dépit de ces bouleversements, les écoles restent sous le joug d’une autorité centralisée et les programmes ont toute la flexibilité d’un carcan. L’autonomie et l’expérimentation, malheureusement, ne sont pas au programme.
J’espère me tromper, mais je ne connais aucune mesure d’évaluation et de correction du plan tracé. Étonnant pour une entreprise de cette envergure. Il semble qu’en éducation, on aime bien jouer son va-tout.
Le fait que nous devions recourir à des réformes montre à quel point le système est statique. Si celui-ci avait la souplesse de s’adapter aux nouvelles découvertes, on parlerait alors d’évolution. Et il ne serait plus question de réforme. On doit aussi s’interroger à savoir pourquoi seule l’éducation subit ce cycle de réformes.
Le projet d’école communautaire, s’il est bien mené, apportera peut-être un élément de souplesse salutaire à notre organisation scolaire. C’est à souhaiter. Pour le reste, je ne vois guère d’autre solution au problème. Hormis une autre réforme.
Par ricochet :
Les affres de la réforme
Attaques contre la réforme
Changer ou périr
Des écoles communautaires pour le Québec ?
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Quelque chose de dynamique implique à mon avis une appropriation par le terrain. Et la pyramide de décision qui sévit actuellement, semble contraindre le terrain au dernier échelon.
Bien envoyé, Éric. J’irai plus loin encore, en suggérant que ladite pyramide repose sur une communication bidirectionnelle entre les décideurs (car il en faut) et les praticiens. Il est choquant de constater qu’à l’ère des technologies de la communication le MELS n’ait pas encore réformé sa dynamique de communication. Pourquoi, par exemple, n’y aurait-il pas un forum ou un blogue ministériel, à l’instar des blogues corporatifs, sur la réforme ? Ce serait un formidable moyen pour les enseignants d’en suivre l’évolution et pour les fonctionnaires d’être informé du ressac de chaque vague.
Tu mets en lumière François l’importance du «top-down» ET du «bottom-up» dans l’implantation d’une innovation. La présence d’un seul élément suffit rarement dans une optique de pérennité.
En ce qui a trait au MEQ, quand je travaillais là il y a quelques années, certaines langues sales se plaisaient à dire qu’il s’agissait du ministère le plus conservateur. C’était d’une tristesse à entendre…
C’est « d’une tristesse à entendre » ! Que le domaine de l’éducation soit taxé de conservateur indique une tendance à aller à contresens de l’évolution. Si tel est le cas, cela devrait logiquement s’appeler le ministère de l’Ignorance.