Les TIC… un jeu d'enfant
Alors là, je suis soufflé. Un garçon de 9 ans qui blogue sur les TIC et qui affiche ses propres vidéos et podcasts. Ces derniers sont si bien réalisés qu’ils sont offerts sur le site de iTunes. Et dire qu’il y a des enseignants qui ne savent pas même écrire une page à l’ordinateur !!! …
Trois choses sautent aux yeux à la vue de ce blog :
- 1. le fossé générationnel sur le plan des TIC ;
2. le fossé technologique des infrastructures scolaires ;
3. l’importance du choix technologique au regard de la pédagogie.
Sur ce dernier point, sans vouloir raviver une vieille querelle, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que le jeune garçon qui réalise ses merveilles utilise un Mac. Je ne veux pas ironiser sur une question aussi importante. Néanmoins, il est important de savoir si la chose aurait été possible pour cet enfant s’il utilisait un PC ou Linux. La réponse est probablement non, car les Mac sont réputés pour leur convivialité et l’intégration des outils multimédias.
Il ne s’agit pas ici de débattre des mérites respectifs du Mac, de Linux, ou de Windows. Plusieurs, légitimement, évoqueront que la vidéographie et le podcasting ne sont pas des priorités dans les écoles. La question plus importante est de savoir si cela se discute parmi ceux qui gèrent les achats d’ordinateurs pour les écoles et, plus fondamentalement, est-ce que les considérations pédagogiques sont examinées ? D’autant plus que la scène technologique a considérablement évoluée depuis quelques années. Ce n’est pas au Québec, à ce que je sache, qu’on en débat dans les écoles (quoique le débat fait rage dans plusieurs districts scolaires américains). Depuis l’avènement des TIC, je ne me souviens pas qu’on n’ait jamais consulté les enseignants sur l’achat des équipements informatiques.
Devant tant d’unilatéralisme, je ne m’étonne pas que plusieurs enseignants restent à l’écart.
Par ricochet :
Radio étudiante et podcasting
Le pari d’Apple et les écoles
La création multimédia : une compétence ?
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Ma courte expérience comme professeur m’a appris qu’il faut souvent rappeler aux gens des services informatiques que les ordinateurs, réseaux et autres outils sont supposés servir la pédagogie… Ce n’est pas toujours le cas. J’ai été très bien servi par certaines personnes ici à l’UQAC. Mais plusieurs sont obsédés par les questions de sécurité, de coûts, etc. Ensuite, si l’on demande quelques ajustements ou des outils mieux adaptés, il n’y a plus d’argent ou la dépense n’est pas justifiée car nous n’utilisons pas suffisamment les outils (mal adaptés) qui étaient à notre disposition.
Ce n’est pas toujours comme ça… Mais encore trop souvent!
Bienheureux professeurs qui peuvent discuter de leurs besoins en technologie directement avec les techniciens.
Contrairement aux professeurs d’université, les enseignants du primaire et du secondaire n’ont pas même l’occasion d’en discuter. À vrai dire, les choix technologiques ne se décident pas dans les écoles (du moins, pas chez nous). Tout se décide à la commission scolaire. Les quelques fois où les enseignants ont essayé d’aborder la question, ils ont aussitôt été rabroués. Mais peut-être faut-il un doctorat avant d’avoir assez de jugement pour justifier un achat technologique ;-)
Ce que je remarque, au delà de la technologie, c’est qu’il faut avoir une volonté de vouloir ou d’avoir un besoin de:
1. s’exprimer
2. montrer le contenu de son expresson
Dans ce cadre, monter une pièce de théâtre ou écrire dans un journal scolaire « apporteraient » la même « satisfaction » sur les deux points.
La portée (diffusion) en serait amoindrie, mais le besoin serait comblé ou la volonté satisfaite.
Si l’insatisfaction persiste, sommes-nous alors plus devant un cas d’effet de mode?(il en faut toujours plus) Ne devrions-nous alors pas cultiver ces besoins/envies énumérés plus haut de façon personnelle et non pas « pour les autres »?
Est-ce que ces nouveaux outils créent l’émulation souhaitée que les autres méthodes n’apportent pas?
Peut-être que je dépasse le cadre du présent billet, mais il me semble que l’apport de l’outil (podcast, video, blog, etc) n’engendre pas la volition de s’exprimer en public. Sinon la salle de théâtre dans le gymnase ou la dactylo dans la salle de lecture de l’école de mon enfance aurait généré davantage de candidats à la communication (acteur, journaliste, etc)…
Serait-ce que nous privilègions trop cette forme d’expression via les médias au détriment des autres façon « d’être au monde? » (bénévolat, maternité, soins altruistes, planter des arbres, méditer…)
Ce petit gamin est un génie précoce, certe, mais il a les gènes d’un communicateur. Est-ce qu’il aurait été brimé s’il était né il y a 40 ans? Il aurait utilisé les outils de son époque. Sinon on est en droit de dire que les jeunes d’aujourd’hui sont brimé par l’absence des technologie de demain…
Mais je crois que je rentre trop au coeur des discussion sur l’apport des TIC dans le monde de l’enseignement…
Tu es au coeur du sujet, Martin. Merci de m’y amener d’une façon aussi intéressante.
Aux deux points essentiels que tu soulèves d’entrée de jeu, j’en ajouterais un troisième : le moyen d’expression. En éducation, on parle trop souvent du contenu et de la forme, tout en omettant le moyen de communication. Or, le moyen revêt un sens qui lui est propre et qui va au-delà du contenu, comme l’a magistralement expliqué Marshall McLuhan dans Understanding Media: The Extensions of Man, puis dans The Medium is the Message. McLuhan voit dans le moyen même une dynamique de communication qui transforme les sociétés ainsi que la portée, voire la nature, des contenus. Je n’ose pas imaginer ce qu’il dirait aujourd’hui du phénomène des socionomies (folksonomies).
Voilà seulement une des raisons pour lesquelles les TIC sont indispensables en éducation. D’une part, les jeunes attribuent aux TIC une modernité qui, à leurs yeux, donne un sens aux activités. Ce n’est pas le seul moyen de production qui donne un sens à l’expression (et le rôle de l’école est justement de leur faire découvrir les autres), mais il est important. C’est pourquoi leur quasi-absence, dans l’environnement éducationnel, discrédite énormément l’école.
D’autre part, les élèves reconnaissent d’emblée la dimension communicative des TIC. Publier un écrit dans un blogue est l’antithèse d’un papier scolaire, en ce que le premier pourra être lu par tous tandis que le dernier n’est destiné qu’à l’enseignant. Par exemple, j’ai constaté, en lisant les textes de mes élèves sur leurs blogues, que la qualité du français s’est grandement améliorée. C’est déjà beaucoup.