Préparer les élèves au '0 commentaire'
Rien n’est plus démotivant pour un jeune blogueur que le sentiment d’isolation qui vient de l’absence de commentaires. Pour des ados surtout, en pleine crise d’identité et doutant de leur appartenance sociale, chaque billet étiqueté d’un commentaires (0) peut être interprété comme un signe de rejet. Pour atténuer le problème, l’enseignant devra faire de la prévention et suggérer des stratégies pour inciter les commentaires. …
Voici quelques conseils pour prévenir les déceptions :
- insister sur les avantages de bloguer d’abord pour soi (et non pour les autres), ainsi que l’apport constructif du partage de l’information ;
préciser qu’il faut du temps avant d’élaborer un réseau de connexions dans la blogosphère ;
souligner que la majorité des billets n’attirent pas de commentaires ;
rappeler que l’absence de commentaire ne signifie pas l’absence de lecteurs ;
indiquer que certains blogueurs préféreront parler d’un élève dans un billet plutôt que de laisser un commentaire ;
montrer aux élèves comment utiliser les fonctions de trackback ; (suggestion de Patrick Giroux)
sensibiliser les élèves aux différents types de billet (informatif, narratif, argumentatif, etc.) ; (suggestion de Patrick Giroux)
spécifier que dans un contexte scolaire, on parlera plus souvent d’un blogueur de vive voix que par écrit, et qu’il ne faut pas sous-estimer la portée du bouche à oreille ;
promouvoir les blogues auprès des parents et les inviter à commenter les billets des élèves (pas seulement celui de leur enfant).
Certaines stratégies donnent une impulsion aux commentaires et aux trackbacks :
- prêcher par l’exemple en multipliant les commentaires ; cela a également pour effet d’étendre son réseau de blogueurs ;
faire référence aux autres blogueurs à l’aide d’hyperliens ;
être positif dans ses commentaires à l’égard des autres blogueurs ;
faire bon usage de son agrégateur (accumuler les fils RSS des élèves, organiser ses fils RSS, bien choisir les liens externes, etc.) ;
soigner son écriture ;
être créatif et original dans son blogue ; les images et les bandes sonores ajoutent du mordant aux billets ;
afficher ses travaux scolaires… cela attire les curieux ;
ne pas craindre de donner son opinion sur les sujets de controverse (mais attention d’utiliser un ton respectueux et de bien peser ses mots, ce qui n’est jamais facile ; par contre, c’est un bel apprentissage à faire) ;
publier souvent et régulièrement, même si c’est peu de chose.
Avec un peu de chance, on évitera la situation signalée par Konrad Glogowski dans sa classe, à savoir que la dynamique des commentaires reflétait la popularité des élèves. Dans son cas, le temps a arrangé les choses. C’est vrai d’ailleurs pour tout blogueur : avec un peu de persévérance, les connexions se tissent.
Mise à jour, 22 août 2005 | Pour donner suite aux excellentes suggestions de Patrick, j’ai ajouté deux conseils dans la liste ci-dessus.
Par ricochet :
Rôles d’un enseignant blogueur
Pour ou contre les commentaires ?
Vous pouvez suivre les commentaires en réponse à ce billet avec le RSS 2.0 Vous pouvez laisser une réponse, ou trackback.
Meci pour cet excellent billet que je place en archive. Mais une question demeure (et je m’excuse d’avance si elle est hors sujet), dans le projet déjà réalisé à votre école, quel genre de carnet les élèves possédaient? Un carnet du style portfolio ou bien un carnet dans lequel l’élève pouvait, s’il le désirait, publier aussi ses réalisations scolaires.
Finalement ce que je me demande c’est l’approche de présentation.
(Extrait de mon propre carnet web… )
Un petit bijou… Dans ce billet, François présente quelques conseils pour les enseignants désirant proposer l’utilisation de carnets web à un groupe d’apprenants. Ces conseils visent surtout à préparer les apprenants à faire face à la situation où il n’y aurait pas de commentaires générés comme suite à leurs billets.
C’est quelque chose qui arrive souvent alors les conseils de François sont TRÈS intéressants.
Je me permets de suggérer un conseil supplémentaire et de faire un commentaire:
* Il faut permettre les « trackback » ou traceurs afin de permettre à ceux qui préfèrent écrire dans leur carnet web de laisser une trace sur le nôtre facilement. D’ailleurs, François devrait peut-être nous le permettre… je préfère souvent écrire dans mon carnet, car ça me permet de garder des traces… Ça me facilite souvent la tâche lorsque je cherche une information particulière ou un site précis au sujet duquel j’ai écrit.
* Parfois, le style du billet est très important. Un billet qui vise par exemple à présenter un lien vers un nouveau site web, risque d’inciter les gens à aller le visiter, mais pas à vous répondre. Il faut donc tenir compte du style de billet que l’on publie.
Bravo François!
Très instructif. Tout cela me paraît très pertinent. À l’instar de M. Noël, je garde trace de ce billet.
Article très intéressant pour la jeune enseignante que je suis puisque je projette d’ouvrir des cybercarnets dans une classe de français cette année. Merci pour les éléments de réflexion qui m’incitent à écrire un commentaire !
Je considère également qu’il est important de ne pas uniquement valoriser le commentaire comme étant une fin en soi ou comme étant l’objectif ultime à atteindre, mais plutôt comme étant un moyen d’alimenter une réflexion. Ainsi, le commentaire devient un bel outil de collaboration et de construction qui incite à pousser plus loin le questionnement ou le partage.
Le cybercarnet permet de mettre en mots une pensée et permet de livrer des impressions, questionnements ou autres. Il permet aux jeunes de réaliser que l’écriture est un moyen de faire avancer la pensée. Dans bien des cas, faire écrire, c’est déjà beaucoup!
Bravo François pour ce billet extrêmement inspirant. Il est vrai que le blogue est un moyen de se faire lire par la masse, mais effectivement, ceux qui en tiennent savent que certaines publications ne suscitent pas de commentaires et ce n’est pas parce que ce n’était pas pertinent. Je pense qu’inciter les élèves à aller écrire des commentaires sur les blogues de leurs camarades de classe est aussi un bon moyen de créer de l’activité et de l’interaction, tout en constituant une bonne façon de faire pratiquer l’écrit. Le blogue a un avenir étroitement lié à l’éducation!
Quelques réactions aux généreux commentaires ci-dessus :
- D’abord, je veux remercier Patrick de ses suggestions, très constructives, que j’ai ajoutées au corps du billet. J’aimerais bien pouvoir utiliser le trackback sur mon blogue, comme il m’en fait gentiment le reproche, mais ça ne semble pas fonctionner (il me semble pourtant avoir coché toutes les bonnes cases dans les préférences de mon blogue).
- Un mot pour Christine : Il est rassurant de voir une « jeune enseignante » si aventureuse dans l’intégration des TIC sur le plan pédagogique. C’est une chose qu’on a maintes fois décriée sur ce même blogue.
- Je tiens aussi à saluer Audrey, au passage, avec qui j’ai eu le plaisir de travailler à l’Infobourg, et dont l’optimisme a toujours été un remontant.
- Enfin, je veux seulement dire à Éric que je n’oublie pas sa question, à laquelle j’entends répondre dans un prochain billet sur les portfolios électroniques.
L’auteur écrit : « Rien n’est plus démotivant pour un jeune blogueur que le sentiment d’isolation qui vient de l’absence de commentaires. »
Il est vrai que si une fenêtre équipée d’un double vitrage assure une bonne isolation, elle peut aussi provoquer un bel isolement tout comme l’absence de réponse à un billet…
Sans rancune, François !
Bravo François pour cet article! Je me suis surtout intéressé à la deuxième énumération car c’est elle qui me concerne le plus: comment optimiser le nombre de commentaires! Il est vrai que, parfois, la déprime nous « pogne » lorsqu’un article ne nous attire aucun commentaire, même après un certain temps…