L'intégration économique pour accroître la réussite scolaire
Il est notoire que les enfants des milieux défavorisés réussissent moins bien à l’école. Celle-ci peut-elle y faire quelque chose, ou les élèves portent-ils irrémédiablement le carcan de leur environnement culturel ? Une initiative dans un comté de la Caroline du Nord tend à démontrer que l’école peut renverser le courant du milieu si l’on modifie l’environnement scolaire en fonction de facteurs socio-économiques (New York Times : As Test Scores Jump, Raleigh Credits Integration by Income). Depuis cinq ans, les officiels intègrent les élèves en tenant compte du revenu familial, voyant à ce qu’aucune école ne comporte plus de 40 % des élèves en provenance de milieux défavorisés. Résultat : les taux de réussite ont plus que doublé dans certains cas. Comme on peut s’en douter, les experts s’intéressent vivement au phénomène.
S’il devait s’avérer que l’environnement scolaire joue un rôle aussi important dans l’apprentissage, les implications pour l’éducation sont considérables. D’abord, cela signalerait l’influence éminente du socioconstructivisme dans l’apprentissage. Ensuite, la pédagogie ne serait plus perçue comme le seul agent déterminant des apprentissages. Du coup, peut-être réussirions-nous à adopter une approche plus holistique de l’éducation, intégrant la pédagogie, l’environnement, et la communauté. Enfin, il faudrait repenser la place que l’on fait à l’environnement physique. Plusieurs écoles sont encore des reliques d’une architecture caduque et insipide qui entravent la socialisation et le travail coopératif.
Par ricochet :
Des écoles publiques à deux vitesses
Les enfants pauvres et la rentrée
Des écoles communautaires pour le Québec ?
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Je n’en reviens tout simplement pas de la simplicité de la solution proposée. Sans doute un casse-tête pour le transport des élèves, mais justement c’est trop souvent des « à coté » non liés à la pédagogie qui ont une influence certaine sur la pédagogie. Le transport en est qu’un d’une très longue liste….
Je ne crois pas que l’on puisse reproduire au Québec l’expérience de Raleigh. Les Américains du Sud ont déjà une tradition et une expertise de l’intégration obligatoire, notamment sur le plan de l’intégration raciale. Au Québec, nous possédons une forte culture de quartier et les parents sont très attachés à leur école. Une politique d’intégration en fonction de critères économiques causerait, à mon avis, une hémorragie du secteur public vers le le privé.
Je suis d’accord avec toi François, il s’agirait d’une pratique difficile à faire accepter ici au Québec.
Par contre, je ne suis pas certains que cela provoquerait un exode vers le privé.
D’abord à cause des coûts du privé, mais surtout parce qu’à mon avis, les parents en général ne se préoccupent guère du statut socio-économique du voisin de pupître de leur enfant. Ce qui les dérange dans la mixité sociale, ce sont les comportements perturbateurs et délinquants du voisin de pupître.
Or, si les élèves en provenance de milieux socio-économiquement faibles ont tendance à avoir plus de difficultés à l’école notamment au plan du comportement et de la motivation, ce n’est pas le cas pour tous. Si en plus le fait de les intégrer dans des milieux à plus grande mixité socio-économique, sans dépasser un certains seuil, leurs facilite la vie à l’école et les aide à s’y adapter davantage… ma foi, la chose pourrait peut-être fonctionner.
Cela dit, j’aurais tout de même des réserves importantes à m’avancer dans un tel projet. Je voudrais au moins une analyse détaillée de l’expérience américaine pour voir si ici nous pourrions véritablement en tirer profit. Par ailleurs, compte tenu de notre culture, que tu évoques si justement, je me demande comment les enfants et les ados réagiraient à une telle… déportation?
Je suis d’ailleurs à écrire un petit billet sur l’école des autres. Mais ces temps-ci j’ai beaucoup de mal à trouver du temps pour écrire sur mon carnet, surtout que je m’éternise un peu dans mes commentaires sur celui des autres ;o)
Considérations très intéressantes, André. Surtout au regard des stéréotypes qui stigmatisent les élèves issus des milieux socio-économiques plus faibles. Tu fais bien de le souligner.
Par ailleurs, une véritable intégration socio-économique est impossible au Québec, considérant que la majorité des élèves des milieux favorisés fréquentent les écoles privées. On se retrouverait dans une situation où on n’intégrerait que la classe moyenne et la classe défavorisée.
P.-S. Je comprends ton plaisir à t’éterniser sur les blogues des autres ; leurs idées me magnétisent moi aussi. Non… mais quelle communauté éducative !
Au tout début j’étais étonné de la simplicité, mais en y pensant bien, ne faisons-nous pas déjà cette intégration si on exclut Québec et Montréal? Je pense à La baie avec son unique polyvalente. Tous les élèves y sont, peu importe le revenu familial. Et je ne suis pas prêt à affirmer qu’il n’y a pas de richesse ou de pauvreté ici…
Deux questions subsistent, au secondaire est-il déjà trop tard afin d’appliquer cette intégration, puisque au primaire ce sont toujours les écoles de quartier qui prédominent? Et Pourquoi?
La richesse collective est mieux distribuée ici qu’aux États-Unis. Par conséquent, l’écart entre les riches et les pauvres est moins grand. Ce qui ne signifie pas que la pauvreté est absente. C’est une lutte constante, et l’injustice est accablante pour les enfants surtout.
Nos grands espaces et la faible densité de population font en sorte qu’il est quasi impossible, hormis dans quelques villes, de procéder à une intégration des élèves en fonction des revenus. De toute façon, Éric a raison : l’intégration y est déjà sans doute acquise par la force des choses.
Dans les villes, la pauvreté est encore évidente par endroits. Sans doute, une intégration des enfants est-elle souhaitable. Est-il trop tard pour entreprendre cette intégration au secondaire ? Mieux vaut tard que jamais. Mais considérant la rapidité avec laquelle le cerveau se développe à l’enfance, il y a fort à parier que la mesure soit beaucoup moins efficace.