La violence scolaire institutionnalisée
Parmi toutes les attaques contre l’école, celle-ci est la plus virulente qu’il m’ait été donnée de voir. Et je me dois de l’appuyer, principalement pour la justesse de ses valeurs, quoiqu’il faut savoir faire la part des choses en reconnaissant que les mots comportent des degrés d’acception. En se fondant sur les préceptes de Paulo Freire, Aaron Patric Campbell dénonce lui aussi la violence d’une école qui impose des objectifs et un cadre d’apprentissage sans le consentement des élèves (source : James Farmer).
If students are being put through standardized testing and being forced to submit to institutionally defined learning objectives without their informed consent, that is violence. To what extent is any given educator an agent of violence? Why is the foundation of our educational institutions one of control and performance rather than love and respect? What kind of world are we bringing into being this way?
Plusieurs s’objecteront à l’emploi du mot violence pour décrire un service offert gratuitement aux enfants pour leur permettre de réussir, voire de survivre. Certes, il existe des formes de violence beaucoup plus atroces. Les jeunes des centres d’accueil, entre autres, en ont vu d’autres, et la pauvreté est une injustice manifestement plus cruelle pour les enfants. Par ailleurs, la privation de l’école est aussi une forme de violence. Mais toutes ces objections n’excluent pas absolument une forme de violence plus insidieuse et chronique, celle qui peu à peu atteint l’esprit, comme le supplice de la goutte.
Considérant les sommes faramineuses qui sont investies en éducation et notre intelligence collective, nous devrions pouvoir faire mieux pour garantir le développement des enfants. Malheureusement, nous semblons perpétuer un cercle vicieux.
Dans la même veine, James Farmer propose en outre ce billet d’un professeur d’université :
With Secondary schooling we have a system which, in my view, is increasingly difficult to justify. It is a form of what might be called organised child abuse which repeats itself over and over again, year in, year out. [...] It is important to recognise that what began as a system to select an elite has been turned into a mass system of ranking and rating that serves no purpose other than to determine access to a small number of high demand courses in a couple of universities in each State. One might say that this is a very expensive selection machine and it is. The human cost, of telling around two thirds of each cohort passing through school that they are dumb, deficient or in some way not up to scratch is an appalling outcome. While the system does not physically kill these students it stamps them as failures of one kind or other and then expects them to get on with their lives as if this trauma is akin to falling down and grazing one’s knee.
Par ricochet :
L’enseignement anti-oppressif
L’école, lieu d’éducation ou d’Éducation
L’école carcérale
John Taylor Gatto et l’éducation alternative
La caducité des commissions scolaires
La platitude de l’école, dès la 2e année
Les salles d’attente scolaires
Repenser les débuts du primaire
Enseigner ou contrôler
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(Voir l’excellent billet d’André Chartrand sur ce même sujet.)
La violence institutionnelle est encore un sujet tabou !
Je suis d’accord avec Jacques. La reconnaissance de la violence est comme un aveu de désordre. Or, les institutions détestent le désordre. Trop souvent, on préfère dissimuler le problème.