Les outils dernier cri pour les enfants du primaire
Je suis perplexe. Je ne sais trop quoi penser de deux nouvelles qui, coup sur coup, m’ont d’abord séduit pour leur utilisation au primaire des plus récents instruments technologiques : le iPod (Washington Post : IPods Fast Becoming New Teacher’s Pet) et le Palm (Gateway Newspapers : SF students utilizing latest technology in classroom). Je ne mets certainement pas en doute l’efficacité pédagogique qu’on peut faire de ces instruments, auxquels je reconnais d’ailleurs un grand potentiel pédagogique. Ce qui me turlupine, c’est plutôt l’altération du rapport entre l’enfant et la connaissance par les technologies électroniques. Pour poser le problème sous forme de question, est-il sain de mettre des iPods et des Palms entre les mains des enfants pour accélérer les apprentissages ?
Depuis longtemps, l’éducation a recours à la technologie pour faciliter l’apprentissage. Jusqu’à tout récemment, le papier, le tableau et le livre maintenaient un lien plutôt naturel avec l’élève. Depuis quelques années, cependant, les technologies électroniques ont bousculé non seulement le rythme de transmission, mais également le rapport entre l’individu et le savoir, à tel point que l’objet de transmission relègue le contenu au second plan pour qui ne sait pas regarder au-delà de la superficialité de l’appareil. D’autant plus que les experts du design et du marketing rendent ces nouveaux appareils éclatants à souhait. Ce matérialisme utilitaire, appliqué à un jeune cerveau très malléable, m’inquiète.
L’âge, ici, me semble le facteur clé. Il faut un certain discernement, à mon avis, pour distinguer le moyen de la finalité. C’est forcément une question de maturité. De fait, je n’ai pas les mêmes craintes pour les adolescents, lesquels, de toute façon, s’imbibent des nouvelles technologies. Mais on peut légitimement se demander comment on réussira à maintenir l’intérêt des jeunes pour l’apprentissage quand, dès le primaire, on associe apprentissage et technologies aux yeux de l’enfant.
La question qui me chicote, à vrai dire, est de savoir s’il est fondamental que l’enfant développe un rapport métacognitif naturel à la connaissance avant de recourir à des outils électroniques et, en corollaire, de savoir si ces outils électroniques peuvent compromettre le rapport métacognitif à la connaissance. Si je pose les questions, c’est que je n’ai pas les réponses. Mais je serais plus rassuré si on pouvait me garantir que le rapport métacognitif ne s’en trouve pas affecté.
Je rappelle, enfin, qu’il ne s’agit pas d’une question d’efficacité à proprement parler. C’est là une autre question qui touche également à l’éthique ; car l’efficacité à tout prix ne fait pas partie, à ce que je sache, de la mission éducative de l’école. À ce compte, on finira par vanter les implants électroniques dans le cerveau de nos enfants.
Par ricochet :
Intégrer les TIC en classe
Les TIC auront-elles raison des écoles ?
M-learning
Les TIC qui influenceront nos apprentissages
Une école adopte le iPod
L’appropriation des TIC par les ados
Éduquer la génération Internet
Utilisation d’un iPod dans la classe
Étude sur la génération M
L’évolution des TIC en éducation
Les TIC… un jeu d’enfant
Le papier reste une technologie
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Si je ne me trompe pas, une école en Ontario en fait l’essai cette année. Lors d’une rencontre au ministère, plus tôt cette année, un agent pédagogique m’en avait glissé un mot. Faudrait vérifier…
Vous voulez peut-être parler du projet ÉDUCAM (Éducation par apprentissage mobile) : http://www.cforp.on.ca/samfoweb/innovation/educam.html . Si tel est le cas, ce projet vise les élèves du secondaire (9e à la 12e année, soit secondaire 3 à Cégep 1).