Egocasting : la restriction du moi
On fait beaucoup état du volet social d’internet, des communautés virtuelles au partage folksonomique. Mais il y a aussi l’envers de la médaille, soit les forces constrictives des nouvelles technologies. À cet égard, deux nouvelles ont attiré mon attention aujourd’hui.
Le Globe and Mail présente un long article (Wired up, plugged in, zoned out) sur le phénomène de la constriction culturelle et égocentrique que peut engendrer internet.
[Electronic gadgets] promise all the creations, news and thoughts of humanity at your fingertips — making this generation the most plugged-in and informed in history.
But many observers are concerned this tech-savvy revolution could be leading just the opposite way. The filters and search devices used to make all this information manageable, they say, are isolating people into niches fashioned to their particular tastes and beliefs. Instead of going to common sources, whether newspapers or broadcast TV, to get the daily news, users are getting only the « daily me. »
Dans un essai (The Age of Egocasting) publié dans The New Atlantis, Christine Rosen résume ainsi ce qu’elle appelle egocasting :
It is worth exploring how the most powerful of these technologies have already succeeded in changing our habits and our pursuits. By giving us the illusion of perfect control, these technologies risk making us incapable of ever being surprised. They encourage not the cultivation of taste, but the numbing repetition of fetish. And they contribute to what might be called egocasting, the thoroughly personalized and extremely narrow pursuit of one’s personal taste. In thrall to our own little technologically constructed worlds, we are, ironically, finding it increasingly difficult to appreciate genuine individuality.
Il n’est pas exclu que plusieurs individus se laissent aspirer dans le trou noir de leurs idiosyncrasies, plutôt que de naviguer tous azimuts, comme il est souhaitable. Peut-être même les adolescents sont-ils plus vulnérables à cette étroitesse culturelle, eux qui justement sont en quête de leur identité et qui n’ont pas encore la richesse et la diversité culturelle de leurs aînés, ceux à qui l’éducation ou la vie ont fait découvrir tout un éventail de champs d’intérêt.
La manifestation la plus excessive du repli sur soi est sans doute le phénomène des hikikomori, ces jeunes Japonais qui s’isolent de la société et deviennent des reclus chez leurs parents, s’enfermant parfois des mois durant dans une chambre. Le problème a gagné d’autres pays asiatiques, comme le rapporte le New York Times (Shutting Themselves In). On rapporte que certains vivent ainsi depuis plus de 15 ans. Quoique les nouvelles technologies ne soient pas en cause dans ce phénomène, elles facilitent néanmoins cette forme d’isolement physique en offrant une fenêtre virtuelle sur l’extérieur.
After years of being bullied at school and having no friends, Y.S., who asked to be identified by his initials, retreated to his room at age 14, and proceeded to watch TV, surf the Internet and build model cars – for 13 years.
Par ricochet :
Identité et vie privée
L’attrait de la solitude
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