Financer l'éducation par un partenariat public-privé ?


Dans un discours aux militants de son parti, le premier ministre Charest a dit qu’il entend « favoriser le financement de l’éducation notamment grâce à des partenariats public-privé » (La Presse : Charest voit la vie en rose). La bonne nouvelle, c’est que le gouvernement reconnaît l’insuffisance du financement en éducation et qu’il envisage des solutions. Mais le financement grâce à des partenariats publics-privés ? Un instant.

Je suis très réceptif à l’idée des partenariats entre les écoles et la communauté. Je l’ai répété plusieurs fois (voir la section Par ricochet, au bas de ce billet). À la condition, toutefois, que cet arrimage réponde à la mission de l’école, et plus particulièrement à celui des projets éducatifs de chaque école.

Ce qui m’inquiète, dans le discours du premier ministre, c’est l’accent mis sur le financement, avant l’apprentissage. Dans un système public, celui-ci ne peut se faire sans celui-là, j’en conviens. Mais le premier a toujours été justifié par son apport au second. On me répondra qu’il est justifié, dans notre contexte politique, de mettre l’accent sur le financement des services publics. Cela n’aurait pas coûté cher, cependant, d’ajouter une petite phrase pour donner un sens autre que pécuniaire à une politique qui affectera les élèves.

Les expériences de partenariat entre les écoles et le secteur privé ont occasionné de sérieux déboires dans le passé. Le plus souvent on déplore l’omniprésence des commanditaires ou l’ingérence dans la pratique des enseignants. On peut espérer avoir appris quelques leçons des contrats d’exclusivité signés avec les compagnies de boissons gazeuses. Je n’accepte pas l’argument à l’effet que les élèves sont constamment soumis à la publicité hors de l’école. Celle-ci a comme rôle de servir de contrepoids aux déséquilibres et aux aspérités sociales. Comment mettre les jeunes en garde contre les faussetés de la publicité quand l’école même la sanctionne ?

À partir du moment où il incombera aux directions d’école, en plus d’une tâche déjà débordante, de devenir des vendeurs pour convaincre les entreprises d’investir dans son école, on peut craindre la surenchère et la compétition que cela engendrera. Chose certaine, le secteur privé n’investira pas dans les écoles sans rien demander en retour. Et il y a fort à parier que les commissions scolaires saisiront le gros bout du bâton. Éventuellement, il sera tentant pour le gouvernement de sabrer encore davantage le budget de l’éducation, sachant que le privé comblera le déficit.

Sommes-nous si pauvres que nous devons marchander l’éducation des enfants ?


Par ricochet :

Sortir les salles de classe des écoles

Des écoles publiques à deux vitesses

Quand Bill Gates transforme une école

Des écoles communautaires pour le Québec ?

Écoles communautaires

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