Une école vend du chocolat pour se meubler
C’est insensé cette histoire : une école de Montréal en est réduite à envoyer ses élèves colporter du chocolat pour acheter du matériel (La Presse : Des élèves vendent du chocolat pour acheter des pupitres). Il y a tout de même des limites à la pauvreté scolaire. On ne paye pas des taxes pour recevoir des services de bidonville !
La débine de cette école n’est certainement pas unique. L’état des bâtiments et du matériel de mon école dépérit à vue d’oeil : infiltrations d’eau, moisissures, air vicié, vermine, murs lézardés, plinthes arrachées, stores défectueux, laboratoires vétustes, pupitres burinés de graffiti, chaises esquintées, bureaux d’enseignants démantibulés. En dépit de ces besoins criants, il semble que le conseil d’établissement veuille installer des caméras de surveillance une dépense de plus de 30 000 $ pour mettre un frein au vol dans les pavillons.
La suggestion d’André Boisclair d’utiliser les ressources hydrauliques de la province pour financer l’éducation me séduit de plus en plus (Cyberpresse : André Boisclair demanderait à Hydro-Québec de financer l’éducation). L’éducation me semble un bien meilleur investissement pour l’avenir des jeunes et la société que le remboursement de la dette.
Mise à jour (29 mars 2006) | L’Infobourg attire notre attention sur la réaction du syndicat des enseignants à propos de cette histoire.
Par ricochet :
Des écoles publiques à deux vitesses
La pauvreté serait le principal facteur d’échec scolaire
Financer l’éducation par un partenariat public-privé ?
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Bonjour François,
Je pourrais aussi te parler d’une petite école privée qui accueille des élèves handicapés intellectuels. Une école que je connais bien . La direction y passait à peu près 30% de son temps à quêter de l’argent et si l’école n’avait pas été soutenue en plus par une fondation très bien structurée, leur pain, leurs t-shirts ou leur chocolat, ils ne les auraient pas vendus pour organiser des classes vertes, rouges ou blanches, mais organiser leurs classes, point à la ligne.
C’est vrai qu’il y a de l’argent en éducation. Beaucoup. Par ailleurs, un coup enlevés les frais fixes, l’entretien, les coûts de système,les salaires conventionnés (ceux qu’on ne peut pas couper, par exemple à cause des règles de formation de groupes, le soutien à l’intégration, etc…) il n’en reste pas épais pour le développement. Les marges de manoeuvre ne sont pas très grandes. Or, on ne se fait pas d’illusion, en administration publique, ce qu’on gère vraiment, ce sont justement ces marges. Le premier 10 000$ qui entre dans une petite école et qui sert à payer le chauffage n’a pas la même valeur pédagogique que le dernier. Un 10 000$ qu’on réussit à dédouaner, c’est autant d’argent pour de la valeur ajoutée et en offrir plus en terme de services éducatifs.
Pour revenir à la vente de chocolat pour des pupitres, là par exemple, pour ce cas précis, il y a quelque chose de tordu: comment expliquer qu’en contexte de décroissance de clientèle on en vienne à manquer de pupitres ? Y’a un p’tit problème de gestion de stocks quelque part…
Ton commentaire sur la gestion des stocks est très perspicace, Janusz. Mais si l’école en question devait desservir un quartier défavorisé, il y a fort à parier que sa clientèle d’étudiants est à la hausse, considérant l’augmentation de la pauvreté au Québec Il n’est pas impossible non plus que certains directeurs d’école gardent jalousement leur matériel excédentaire.
Que penser alors des coûts d’entretien largement supérieurs dans le secteur public (pas juste les écoles) par rapport au secteur privé ?
C’est un phénomène qui me tracasse depuis que j’ai su un jour (entre les branches, etc., bref, un dossier qui demanderait à être creusé !) qu’un contracteur ou un entrepreneur avait un tarif pour le secteur public et un autre pour le secteur privé…
Je ne sais pas ce qu’il y a de vrai là-dedans, ni si cette pratique est généralisée, mais comment se fait-il que simplement défoncer un mur coûte si cher dans une école ou autre établissement public alors que si je fais faire le même travail chez moi par un entrepreneur aussi compétent (sinon le même entrepreneur), ça me coûte deux ou trois fois moins cher ?!?
Je veux bien croire qu’il y a des normes de sécurité et de matériaux (Les poignées de porte d’un édifice public ne sont pas les mêmes que dans une maison privée par exemple…), mais il y a toujours des limites à expliquer une telle différence de coûts.
Il y a quelqu’un quelque part qui profite à un certain degré du système, ou bien je vois de la conspiration partout !
Tu poses une question très intéressante, Sylvain. Ça vaudrait la peine qu’un journaliste étudie la chose.
Ce qui me semble, par ailleurs, c’est que le personnel administratif est trop débordé, et n’a pas les compétences nécessaires pour superviser les travaux d’envergure. Prends, par exemple, les travaux de réfection des fenêtres du pavillon Félix-Leclerc : aussitôt remplacées, les fenêtres prenaient l’eau, au point où il y a encore des flaques d’eau sur le plancher de ma classe quand la pluie est poussée par un fort vent d’est.
Un peu à la blague, j’ai demandé une pelle cet hiver, car la neige entrait par les fenêtres (fermées et barrées, est-il besoin de le préciser) quand le vent soufflait trop fort.
À ce sujet, j’ai su que dans un autre pavillon de notre école, ils ont été colmaté ces fenêtres mal conçues et ils obligés de refaire une partie de murs qui se situent sous ces fenêtres, car la pourriture avait commencé son oeuvre…
En passant, il me semble que cette compagnie dont j’oublie le nom et qui a eu ce très lucratif contrat de fenêtres a fait faillite depuis le temps où ces fenêtres ont été installées…
Alors j’imagine que quand les murs seront assez pourris, on n’aura d’autre choix que de colmater nos fenêtres à nous aussi, François. Et que dire du coût additionnel pour les murs…
On pourrait demander de l’aide à la SAAQ ?