Virage dans l'éducation aux TIC

J’évoquais récemment le risque de confier des données personnelles à des services en ligne comme ceux offerts par Google ou Yahoo! Cette question prend encore plus d’importance au regard de l’éducation des jeunes, eux qui auront à composer avec les nouvelles technologies leur vie durant. (Quelle étrange pensée que de savoir que les prochaines générations ne connaîtront jamais un monde exempt de surveillance électronique et de traitement informatique de l’identité ; du coup, je chéris mes souvenirs d’une enfance pure.) L’éducation aux nouvelles technologies doit virer de cap : il ne s’agit plus seulement d’enseigner aux jeunes l’utilisation technique de l’ordinateur et de ses applications, mais également les coulisses du monde virtuel.

De toute façon, les jeunes en savent souvent plus que les enseignants sur le plan technique. Mais dans leur innocence et leur naïveté, très peu sont conscients des risques auxquels ils s’exposent. Bien sûr, la plupart sont vaguement conscients du danger des prédateurs sexuels, sans rien connaître toutefois de leurs subterfuges. Quoiqu’il s’agit certainement du danger le plus grand qui les guette, les probabilités ne justifient pas une loi comme celle adoptée par la Virginie qui exige des éducateurs qu’ils enseignent les périls des prédateurs internets (eSchool News : New Va. law: Teach web safety).

Au-delà des aléas, et bien plus important encore, il y a les périls de l’usage quotidien des nouvelles technologies. Les risques sont nombreux : spam, phishing, archivage des courriels et du clavardage, usurpation d’identité, images irrécupérables, données personnelles consignées gratuitement, et que sais-je encore.

Les nouvelles technologies donnent un faux sentiment de sécurité, en ce que tout semble beau, immaculé, et innocent, surtout pour qui se sent à l’abri dans sa chambre. Les jeunes ne sont plus seulement des utilisateurs des technologies de la communication, mais des consommateurs. Ad vitam aeternam. Il est grand temps de leur montrer l’envers de la médaille.

Malheureusement, on a tant négligé les compétences des enseignants en matière de nouvelles technologies que ceux-ci ne sauraient montrer aux élèves comment utiliser Internet avec intelligence et prudence.

Mise à jour, 19 mars 2009 | Malheureusement, un pourriel à répétition m’oblige à supprimer la case de commentaires de ce billet.


Par ricochet :
Sécurité virtuelle et éducation
Bloguer en sécurité pour les élèves
Identité et vie privée
L’innocence des jeunes sur le Web
Les métadonnées : la face cachée des TIC
Apologie de l’anonymat
Histoire rocambolesque d’identités perdues

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3 réponses

  • Catherine dit :

    Oui mais l’éducation via les tic ou l’éducation aux tic (l’une étant le pré requis de l’autre) ets nécessaire dans les pays du sud; cf à ce propos et c’est une bonne chose l’initiative de la Francophonie. http://bucarest.francophonie.org/

  • La situation n’est certes pas la même partout. Vous avez raison sur ce point, Catherine.

    L’éducation aux TIC est parfois nécessaire avant de passer à l’éducation via les TIC, selon les circonstances. Dans bien des cas, cependant, la première n’est pas si nécessaire, particulièrement dans les milieux à forte connectivité où les enfants ont appris à utiliser un ordinateur avant leur arrivée à l’école. Dans ce cas, les deux volets doivent être intégrés.

    Le problème que je constate souvent avec l’éducation aux TIC en tant que volet distinct de l’enseignement, c’est que le passage à l’éducation via les TIC ne se fait pas très bien. L’éducation aux TIC est souvent confinée à un ghetto d’apprentissage par les autres enseignants. C’est un exemple classique d’une démarche rationnelle qui se butte à une résistance affective.

  • Elysabeth Rousseau dit :

    Il est évident qu’il existe plusieurs problèmes reliés à la sécurité des enfants. Par contre, je crois que d’autres facteurs plus importants devraient entrer en ligne de compte lorsque l’on parle de l’utilisation des ordinateurs chez les jeunes. Personnellement, je crois que nous devrions plutôt se pencher sur les effets néfastes que cela entraine sur la santé physique et mentale des enfants. Les séances prolongées devant un écran d’ordinateur peut endommager la vue. Une mauvaise posture peut entrainer des maux de dos. L’inactivité du corps, pendant des séances d’informatique, cause chez les jeunes des surplus de poids. Il faut se questionner tout d’abords sur les répercussions que les ordinateurs entrainent sur la santé de nos jeunes et par la suite comment pourrions-nous les protéger à l’égards de leur identité ou de d’autres dangers.