Les profs sont unidirectionnels, les élèves multi


Selon un sondage, les jeunes considèrent le courrier électronique comme vieillot, lui préférant la messagerie instantanée (instant messaging). L’article dans eSchool News (For students, eMail already outdated) illustre non seulement le fossé technologique qui sépare les professeurs des élèves, mais également les disparités dans leurs façons de communiquer et d’apprendre.

Tandis que les adultes de ma génération ont appris à concentrer leurs efforts sur une chose à la fois, les jeunes s’adonnent gaiement au multitasking et aux communications de groupe. Non pas que cela soit plus efficace, mais c’est un fait dont il faut tenir compte. Par conséquent, de nombreux professeurs communiquent de façon unidirectionnelle (parfois bidirectionnelle) à un auditoire habitué au maillage multidirectionnel en simultané pour communiquer et apprendre. Pendant que les professeurs s’évertuent à construire les connaissances, les élèves sont portés à les socioconstruire. On ne s’étonnera pas, par conséquent, de leur déficit d’attention en classe.

Les professeurs gagneraient parfois à faire comme les jeunes. Les applications de messagerie instantanée peuvent être fort utiles pour rompre l’isolement dans lequel les professeurs ont tendance à travailler. Imaginez, par exemple, un professeur qui a un problème alors qu’il est confiné à sa classe. Un appel à la communauté devrait normalement générer une réponse en peu de temps. Du coup, on devine aussi les avantages d’un canal de communication instantané avec le secrétariat ou la direction de l’école.

Il s’agit d’une forme de communication que j’entends bien développer avec mes pairs dès que nous aurons établi une zone de communication wi-fi dans notre pavillon. Et je parie que cela incitera d’autres professeurs à se doter d’un ordinateur portable pour se joindre à la communauté des branchés.


Par ricochet :

Théories de la communication

Utilisation pédagogique des tags socionomiques

3bubbles : la fusion du blogue et du chat

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9 réponses

  • Bonsoir François,

    Excuse mon ignorance, mais qu’est-ce qu’un logiciel de messagerie instantané?

    Comme je me suis toujours plu à dire à mes élèves, l’ignorance, c’est pas grave, c’est d’y rester parce qu’on n’ose pas poser de question qui est grave.

  • Je devine, André, que tu n’as pas encore d’ado pour te le montrer ;-)

    Ce n’est rien de plus qu’une application pour faire du clavardage (chat), tels que iChat ou MSN Messenger. C’est comme faire de la téléconférence en ligne, sauf que l’utilisateur a le loisir d’ouvrir ou de fermer son canal de communication, ce qui ne l’empêche pas de voir qui est en ligne.

    Dans un contexte de travail où tous les participants gardent leur canal ouvert, cela peut servir d’intercom en ligne.

  • Merci de cette réponse rapide, François. Je vais me coucher moins niaiseux ce soir.

    En fait, je connais un peu MSN Messenger. Je ne l’utilise pas et ma fille pas encore ;)Mais mes élèves l’utilisaient.

    Moi-même j’ai utilisé un logiciel de clavardage pour la première fois autour de 1989 ou 1990 dans le cadre de ma participation à une équipe de recherche à l’UQAM. Les membres de l’équipe clavardaient ensemble, même si le mot n’existait pas à l’époque. Enfin je crois.

    Bien sûr, ça n’avait rien à voir avec la puissance et la convivialité des outils d’aujourd’hui.

    Ma confusion vient du fait que j’ignorais que de tels logiciels sont désignés par le terme messagerie instantanée. D’ailleurs, pour moi, messagerie implique nécessairement une communication asynchrone alors que clavardage implique une communication synchrone. Mais il semble que je sois dans le champs avec cette conception des choses.

    Merci encore.

  • Merci François pour cet excellent billet. Le fossé que tu exposes est bien réel dans ma pratique quotidienne et je me demande s’il ne faudra pas laisser passer une génération avant que le multitasking soit considéré comme une manière de travailler et de construire ses connaissances comme une autre.
    Une petite remarque sinon: le titre de chacune de tes pages indique Guitef. Pourquoi ne pas y placer le titre des billets? Quand je bookmarque une de tes pages, je me retrouve avec une série de « Guitef » qui ne me disent pas grand chose par après.
    salutations,
    david

  • Le plus insultant dans cette habitude de multitasking est que les élèves ne prennent même plus le temps d’attendre la réponse à la question qu’ils nous posent avant de continuer leur conversation avec leur pairs.
    J’essaie autant que possible d’inclure le socio dans mes cours, incluant les compréhension et les connaissances des autres élèves, mais il faut quand même un certain respect des règles pour faire en sorte que tout le monde soit au même endroit, contrairement à la messagerie instantannée où on peut lire le message quand bon nous semble et participer à la conversation par la suite. Il nous faut donc parfois stopper le «input» d’information pour être capable de s’assurer que le niveau de connaissance de la majorité est au même endroit.

  • Je partage l’avis de David sur le passage générationnel. J’irais même plus loin en émettant l’hypothèse que le multitasking est dans l’ordre de l’évolution de l’espèce humaine, lequel s’est toujours adapté à son environnement. Cela va sans doute prendre des siècles, mais je crois que le cerveau humain doit forcément évoluer en ce sens.

    Tous les psychologues semblent dire que le multitasking est inefficace et qu’il vaut mieux se concentrer sur une tâche, quitte à faire plusieurs tâches en succession. Mais c’est sans tenir compte des trains de vie chaotiques que nous vivons. Dans certains cas, on n’a plus le choix que de faire du multitasking, même s’il faut sacrifier un peu sur la qualité de la production. C’est malencontreux, car nos cerveaux adultes n’ont pas été formés pour cela. Qui sait comment les cerveaux en développement des jeunes seront affectés par ces nouveaux stimuli.

    J’abonde également dans le sens de Mathieu : il faut continuer à enseigner les bonnes manières. C’est fondamental.

    P.-S. Je voudrais bien que le titre des billets apparaisse automatiquement dans les bookmarques, mais je ne sais pas comment faire. J’ai beau chercher dans les configurations de mon blogue, je ne trouve pas. Ça fait un bail, d’ailleurs, que cela m’exaspère. Il faudra que j’en parle aux gens d’Opossum qui ont conçu mon blogue.

  • Je suis passé par ici ce soir et je me suis permis de fouiller dans le code du gabarit «archive individuel» et je crois que ton problème est chose du passé. Dorénavant, le titre du billet va s’afficher avec un séparateur «|» et le nom de ton carnet. Tu fais le test et tu m’en reparles S.V.P. ?

  • Francois L'Abbé dit :

    Le problème avec la messagerie instantanée est qu’elle recèle peut-être des impacts qu’on ne perçoit pas encore entièrement. L’instantanéité pose un problème de rythme dans la communication, qui force les interlocuteurs à écrire le plus vite possible (vive taptouche !) par abréviations et au son. Même ceux qui ont une orthographe correcte sont forcés par mimétisme d’adopter ce qui pourrait devenir une nouvelle langue. Où cela mènera nos enfants ? Sûr qu’ils iront vite et accompliront plusieurs tâches à la fois. Garderont-ils de l’espace-temps pour approfondir et réfléchir ? Seront-ils capables de supporter la lenteur parfois nécessaire à la réflexion et l’émergence d’idées ?

  • Ça fonctionne parfaitement, Mario. Merci infiniment. Évidemment, ça m’impressionne de voir quelqu’un qui sait manipuler du code aussi alertement.

    En tant qu’enseignant, j’appuie entièrement l’inquiétude de François L’Abbé au regard de la profondeur de la pensée. Considérant la superficialité de plus en plus évidente des médias de masse, l’école s’avère l’un des derniers bastions de la réflexion et de l’exploration détaillée de la matière. Le livre en est un autre.

    Les dérapages sont affaire de surface. Les ancrages, par contre, se font en profondeur.



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