Comportements pro-connaissances
Quels sont les comportements qui tendent à l’acquisition de connaissances ? Il est étonnant qu’une question aussi importante ne soit pas abordée plus souvent. Particulièrement dans le cadre d’un renouveau pédagogique qui met l’accent sur les savoir-faire et la métacognition. Pour ma part, c’est la première fois que je la vois ainsi posée. S’inspirant du travail de David De Long (Building the Knowledge-Based Organization: How Culture Drives Knowledge Behaviors ; PDF), Shawn Callahan (What are knowledge behaviours?) présente une liste de plus de quinze comportements qui valorisent l’acquisition des connaissances (source : elearnspace). Comme il s’agit d’habiletés à développer chez les élèves, je les ai traduits ci-dessous pour le bénéfice des professeurs et des élèves francophones (cliquez sur l’image pour un agrandissement).
Source : Callahan, Shawn (2006), What are knowledge behaviours?, Anecdote.
Parallèlement aux comportements, il faut lire l’excellent billet de Graham Attwell (Personal Learning Environments) sur les environnements qui favorisent l’apprentissage chez les individus. Les deux articles se complètent joliment.
Par ricochet :
Types de knowledge management’
Réseauter virtuellement ses connaissances
Connexions : le partage des connaissances
La représentation de la connaissance
Cultiver sa communauté éducative
La pensée complexe et l’apprentissage
Compétence, connaissances et blogue (Franchement!)
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Cher Monsieur Guité. Je reconnais en vous la personne attirée par les nouvelles idées, les façons inédites de concevoir les choses. Malheureusement, ce n’est pas parce que c’est novateur, qu’il s’agisse d’une bonne idée. Cette liste est très décevante. Puisqu’on n’y retrouve rien de ce que l’on sait qui favorise vraiment l’acquisition des connaissances dans un contexte scolaire.
Mais je crois deviner que cette liste ne décrit pas les pratiques « pro-connaissances » dans un contexte formel d’enseignement mais décrit plutôt des comportements « pro-connaissances » dans un contexte informel qui n’est pas centré sur l’acquisition de connaissances ou de compétences. Autrement dit, ces principes s’appliquent peut-être au contexte du travail d’équipe en entreprise, mais je doute qu’un enseignant puisse tirer quoi que ce soit d’utile de cette liste.
« je doute qu’un enseignant puisse tirer quoi que ce soit d’utile de cette liste. »
Diantre ! Je n’arrive pas à croire que vous ayez écrit cela, M. Péladeau. D’où mon retard à y répondre, voulant m’assurer d’avoir bien compris. Mais j’ai beau lire et relire, vous me semblez très limpide. À vos yeux, donc, partager ce qu’on sait, discuter et explorer les hypothèses, dire respectueusement ce qu’on pense, rechercher la meilleure personne pour nous aider, intégrer des idées provenant de diverses sources ou domaines, former des équipes pour collaborer à des projets et vérifier ses sources d’information, pour ne citer que les plus évidents, ne signifient rien dans un contexte d’apprentissage. Vraiment, je tombe de ma chaise ! Si l’enseignement explicite que vous revendiquez rejette toutes ces stratégies comme futiles, alors il en prend un coup dans mon estime.
« Cette liste est très décevante. Puisqu’on n’y retrouve rien de ce que l’on sait qui favorise vraiment l’acquisition des connaissances dans un contexte scolaire. »
J’ignore à qui réfère le on (dans « ce que l’on sait »), mais il doit s’agir d’un groupe fort restreint. Un Opus Dei des sciences de l’éducation, peut-être (pour utiliser une comparaison très galvaudée en ce moment). Vous n’êtes pas sans savoir que la majorité des spécialistes en éducation reconnaissent explicitement le rôle des relations sociales en apprentissage. En guise d’exemple, je cite deux précis sur les principes d’apprentissage :
1. Learner-Centered Psychological Principles (PDF), de l’American Psychological Association :
Principe 11. Social influences on learning: Learning is influenced by social interactions, interpersonal relations, and communication with others.
2. Mind/Brain Learning Principles, par Renate Nummela Caine et Geoffrey Caine :
Principe 2. The brain is a social brain: [...] It is now clear that throughout our lives, our brain/minds change in response to their engagement with others – so much so that individuals must always be seen to be integral parts of larger social systems. Indeed, part of our identity depends on establishing community and finding ways to belong. Learning, therefore, is profoundly influenced by the nature of the social relationships within which people find themselves.
Je ne doute pas de l’importance des influences sociales sur l’apprentissage. Cependant, si je désirais identifier les comportements qui, dans un enseignement, favorisent l’acquisition et l’utilisation des connaissances et que je regardais ce que la littérature scientifique a identifié comme les comportements qui favorisent cela, et bien la liste présentée ci-haut serait carrément dans le champ en oubliant les facteurs les plus importants. Et je ne fais pas uniquement référence aux travaux en enseignent direct ou sur l’enseignement explicite, mais aux travaux majeurs en psychologie de l’éducation, en psychologie de l’apprentissage et en psychologie cognitive, aux travaux du National Academy of Science, au fameux « Handbook of Research on Teaching » publié en 1987 par l’AERA et à de nombreux autres ouvrages, et méta-analyses.
Je persiste donc et je signe en affirmant à nouveau, que si l’on s’appuyait sur une telle liste de « comportements » pour favoriser déterminer les comportements des enseignants en classe, et bien les élèves n’apprendraient sans doute pas grand chose.
Dans le même commentaire de 162 mots : « Je ne doute pas de l’importance des influences sociales sur l’apprentissage » et « si l’on s’appuyait sur une telle liste de « comportements » pour favoriser déterminer les comportements des enseignants en classe, et bien les élèves n’apprendraient sans doute pas grand chose. »
Vous êtes impayable M. Péladeau.
J’en profite pour amener un élément constructif (faute d’être constructiviste) à cette discussion en présentatant un site qui fournit une liste bien plus intéressante si l’on désire adopter des comportements « pro-connaissances ». Il s’agit du site RESEARCH YOU CAN USE TO IMPROVE RESULTS:
http://www.nwrel.org/scpd/re-engineering/rycu/index.shtml
Comme vous ne semblez pas comprendre les nuances de mon argument monsieur Asselin, je me dois de faire référence à une analogie plus simple, sinon simpliste.
Je ne nie pas l’importance de la farine dans la confection des gâteaux, mais que si votre liste d’ingrédients ne comporte que de la farine, alors je doute que vous réussissiez à faire un gâteau.
Et tout ça en à peine 37 mots!
À la bonne heure ! On va finir par se comprendre. Je ne crois pas que ni Mario ou moi-même, ni d’ailleurs personne qui intervient sur ce blogue, ne proclame le socioconstructivisme (dans son sens élargi), comme une méthode exclusive pour apprendre. Nous sommes donc d’accord sur ce point, quoique nos opinions divergent probablement sur l’importance du facteur social dans les apprentissages.
Loin de revendiquer les idées de De Long comme primordiales, j’ai voulu soulever un élément original et intéressant (à mes yeux, du moins). En prenant connaissance du premier commentaire de M. Péladeau, il m’avait semblé beaucoup trop catégorique, voire radical. On se sera donc mal compris.