De l'importance du silence en éducation
La musique est l’espace entre les notes.
L’exergue, attribué à Debussy (quoique je n’ai pas pu en retracer les paroles exactes), est trop beau pour ne pas le reproduire impudemment. Il introduit l’excellent billet de Kathy Sierra sur l’importance des moments de latence dans l’action (Creating Passionate Users : Hooverin’ and the space between notes). Le billet sonne juste en cette époque où l’obsession pour la productivité et le succès a entraîné un accelerando du rythme de vie. L’éducation n’a pas échappé à ce mouvement général, contribuant même au crescendo. Quoique le billet de Kathy Sierra traite principalement du sens général des choses, elle ne manque pas de faire le lien avec l’éducation.
Removing words isn’t enough. We must insert space. Space for the reader to become engaged.
Space for the reader to reflect, process, and co-create the meaning.
And they can’t do that if we’re filling all the space–pushing content out like a firehose.
Newbie teachers/trainers often make the same mistake. We fill in every available space, just like those first-time desktop publishers who « abhor a vacuum » and cram words and clip-art into every square millimeter of a flyer.
But real learning takes place between exposures to content! Long-term memory from learning happens after the training. The space between the lessons and practice is where the learning is made permanent. If we don’t leave that space, new content keeps rushing in to overwrite the previous content, before the learner’s brain has a chance to pause, reflect, and synthesize the proteins needed for long-term memory storage.
Malgré quelques réserves quant à l’idée que les apprentissages durables sont consolidés dans l’intervalle entre la leçon et la pratique, je suis d’avis que tout se joue dans la longueur de l’intervalle. Cela s’accorde mal avec un système qui supporte mal les moments de grand silence ou d’inactivité.
Plusieurs professeurs ont l’impression, quand ils se taisent, que les élèves ont le cerveau à off. Comme des cruches à remplir. Or, le silence est le canevas sur lequel ils dessinent des formes nouvelles à l’aide de lignes connues. Pour poursuivre l’analogie, il est temps que l’éducation abandonne l’académisme pour l’art moderne, qu’il complète la représentation par l’interprétation.
Il en va de même de l’inactivité. L’inactivité apparente d’un élève n’est qu’un moment de réflexion, un intervalle nécessaire à l’analyse et à la synthèse. À moins qu’il ne dorme, sa pensée est en action. Maintenant, si sa pensée se perd en rêvasseries, à qui la faute ? Le professeur n’est-il pas justement là pour stimuler sa pensée ?
Par ricochet :
Recours au silence en enseignement
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