La familiarité émousse la pensée
On ne sera pas étonné d’apprendre que les stimuli récurrents perdent de leur vivacité (étude (PDF) : Motor experience with graspable objects reduces their implicit analysis in visual- and motor-related cortex ; source : Eide Neurolearning Blog). C’est le résultat de l’habitude, par ailleurs fort utile, voire nécessaire, en éducation comme ailleurs. Dans certaines circonstances par contre, cela peut s’avérer contre-productif. Une série d’expériences menées par des chercheurs de Harvard a démontré que la simple catégorisation d’objets alanguit la pensée et étouffe la créativité (Psychology Today : A pen by any other name? labeling objects hinders creativity).
En commentant le billet du Eide Neurolearning Blog, George Siemens fait cette délicieuse réflexion :
« mindlessness for familiar things » is a challenge for any leader, learning designer, or educator. We build many of our beliefs without direct awareness of what we are doing [...]. Layer and layer of beliefs eventually result in « who we are ». Learning that occurs below our conscious understanding is interesting…sometimes we hear ourselves saying (at least I hear myself) things that we don’t really mean. We have acquired these views because of our environment and familiarity placates. Reflecting on this now, there are many things that I read on a daily basis (news, theories, global events) that should outrage me. Instead, I have been mindlessly lulled into tolerance.
Plusieurs professeurs ont relaté, dans leur blogue, leurs réflexions sur la rentrée. Dans mon cas, j’ai été saisi du contraste dans l’enthousiasme des élèves de 1ere entre la veille de la rentrée et le premier jour de classe. Durant les journées pédagogiques, avant le début de l’année, j’ai croisé plusieurs élèves de 1ere venus fièrement porter leurs effets à l’école, tout content de faire le saut du primaire au secondaire. Le soin qu’ils mettaient à organiser leur case trahissait leur fébrilité. Ils prenaient un nouveau cap dans la vie. Mais il n’aura fallu qu’un jour de classe pour refouler leur ardeur. Observant une classe au passage, les élèves assis en rangs isolés, j’ai été frappé de tant de regards éteints, de visages las, et de dos affaissés. Les élèves avaient déjà constaté que le travail au primaire et au secondaire, c’est du pareil au même.
Évidemment, il ne s’agit pas de bannir de l’enseignement certaines formes de répétition, la récurrence, le réinvestissement, l’extension ou toute manière de consolider les apprentissages. L’éducation consiste d’ailleurs à faire de plusieurs habiletés une habitude. Mais assurément, l’école peut faire une plus large place à l’émerveillement, histoire de maintenir chez les élèves la soif d’apprendre.
Par ricochet :
Typologie du plaisir motivationnel
Les transitions… (Le Dernier restaurant)
Le CAHM une CAP… une vraie ! (Gauviroo)
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