Bilan d'un blogueur peu banal
Écrire, c’est affronter un visage inconnu. (Edmond Jabès)
Les esprits intéressants ne se retrouvent pas tous dans les livres. Cela explique en partie l’attrait de la blogosphère. Il suffit d’un instant pour diffuser une idée avant qu’elle ne se volatilise. La luminosité est proportionnelle à la sélection et à l’étendue du réseau que l’on tisse. Didier Destatte m’a gagné par sa franchise et la finesse de ses réflexions. Malheureusement, il ferme boutique. Mais avant de tirer le rideau, il a eu la délicatesse de nous faire cadeau d’un formidable billet dans lequel il trace un bilan « mitigé » de son expérience bloguestre. Son regard rétrospectif s’arrête à trois niveaux : la formation personnelle, la création d’espaces participatifs et la participation citoyenne.
Sur le plan de la formation personnelle :
« Le blogue se situe bien dans le prolongement du matériel d’imprimerie et du journal scolaire. Aucun technocentrisme là dedans (relire Claparède:L’éducation fonctionnelle (1931) et Freinet (né en 1896)…), mais une inscription contemporaine (et simple) dans les méthodes de diffusion de l’information et/ou de productions d’enfants. »
Sur le plan de la création d’espaces participatifs :
« L’objectif central d’une formation est la modification effective des pratiques (ou la motivation acquise). [...] La mise en place du blogue comme outil d’échange de pratiques, comme outil de ressources complémentaires visait la facilitation de ce transfert. Sur ce plan, c’est un échec. Je reçois très régulièrement des courriels des participants (remerciements, demandes d’information complémentaires, etc) mais ceux-ci n’ont pas investit le blogue. Un espace « privé » me semble plus adéquat. »
Sur le plan de la participation citoyenne :
« L’appel au débat sur les stratégies de « réforme », d’implantation des NTICs, d’évaluation de compétences … me semblait être cohérent avec les discours sur la « citoyenneté », sur le « conflit socio-cognitif », sur l’intérêt des espaces adhocratiques, … Les enjeux de « pouvoir »(2), qu’ils se traduisent par le mépris, par le silence ou par les arguments d’autorité prennent régulièrement le pas sur cette belle cohérence. [...] Le sarcasme n’est pas un argument. »
Tant de lucidité et d’intégrité ne courent pas les rues. Béni soit le Web pour ces rencontres de fortune. Je perds un compagnon d’armes. Mais le modèle et l’inspiration restent.
(Image thème : Nature morte aux livres, par Ozias Leduc)
Par ricochet :
Pourquoi les profs ne bloguent pas
Pratique carnetière (École et société)
Mal de Blogue? (Mario tout de go)
Malaise carnetier (Les coups de langue de la grande rousse)
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