La philosophie accroît le Q.I. chez les enfants
La philosophie est chose trop sérieuse pour qu’on la laisse aux philosophes. (Arthur Koestler)
Malgré leur importance du point de vue de l’enseignant, les élèves n’ont rien à cirer de la distinction entre savoirs, savoir-être et savoir-faire, ou entre connaissances déclaratives, procédurales et conditionnelles. Le rapport au savoir, à leurs yeux, est une question de sens, de valeur, et comment il contribue à les définir. Si l’école abordait l’éducation davantage sous l’angle des fondements de l’apprentissage, plutôt que les mécaniques de l’enseignement, elle toucherait la cible plus souvent. La métacognition est un pas dans la bonne direction, mais son exercice est aride. La philosophie, quand elle est intégrée à la pratique, peut s’avérer une façon plus agréable et plus subtile de traiter de sens, de valeur et de définition de l’être.
Une étude longétudinale de l’université de Dundee révèle que l’usage de la philosophie au primaire peut hausser le Q.I. des élèves jusqu’à 6,5 points (BBC : Nursery pupils taught philosophy). Je ne veux pas raviver le débat sur la valeur des tests de Q.I., mais il reste que la corrélation positive entre la philosophie et l’intelligence, dont l’intelligence émotionnelle, est très intéressante. Des questions ouvertes aussi simples que « Comment le sais-tu? » ou « Qu’est-ce qui permet de croire ça? » amènent les jeunes à un niveau de pensée qui développe la pensée critique et permet de faire des choix éclairés. Parmi les conclusions des chercheurs, notons :
- un impact de longue durée sur les comportements;
un accroissement de la confiance et de l’estime de soi;
une meilleure conscience de ses sentiments et de ceux des autres;
de meilleurs comportements en classe.
Peut-être y a-t-il un lien à établir avec une autre étude sur la perception de l’intelligence. Des chercheurs ont trouvé que les élèves qui croient que l’intelligence est une faculté qui se développe réussissent mieux que ceux qui croient qu’elle est fixe (EurekAlert! : Students who believe intelligence can be developed perform better).
La plus grande difficulté à enseigner la philosophie demeure la formation des enseignants. Non seulement n’ont-ils aucune expérience en la matière, mais la philosophie jouit d’une réputation qui a tout l’attrait d’une pierre. On porte tous les profondes cicatrices des cours de philo qui nous ont écorchés.
(Image : Le Chapeau fait l’homme, par Max Ernst)
Par ricochet :
La philo et la communauté d’interrogation
La méditation, la contemplation et l’intelligence
Racines philo des théories d’apprentissage
Avantage Q.I. masculin (et cerveau d’ado)
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Vraiment intéressant. Il est vrai que la pratique de la métacognition peut sembler ardue. Pourtant, comme le texte de la BBC le laisse paraître, les questions à poser peuvent, a priori, être assez simples. « how do you know that? What shows that? »
Les étudiants n’ont jamais l’occasion de réfléchir à ce qu’est l’apprentissage, à ce qu’est apprendre (ou même à ce qu’est enseigner). Sûr que ça semble complexe au départ. Ils doivent se doter d’un vocabulaire pour formaliser un volet peut explorer.
Cette étude montre bien cependant les avantages indéniables et persistants que de telles réflexions peuvent avoir ! Ça me fait aussi penser au point 11 des principes de PEEL (http://educ.queensu.ca/%7Ear/t4ql/11.html ).
Il existe une approche de philosophie pour enfants développée par Matthew Lipman et Ann Margaret Sharp il y a près de 40 ans, je crois. J’avais suivi un cours à l’Université Laval à ce sujet et j’avais adoré.
Voici leur site Internet : Philosophie pour enfants à l’Université Laval.
Ana m’a devancé
J’allais justement parler de ce cours auquel je me suis inscrit pour terminer mon certificat l’an dernier… L’ennui avec la formation des enseignants, c’est que, pour la plupart des futurs enseignants, ce cours de philosophie est choisi par défaut, selon l’horaire, ou par obligation pour certains dans le cadre d’un autre programme x-y-z.
Et l’ennui dans la pratique, après la formation, c’est que le temps manque cruellement, enfouis que nous sommes souvent dans moult détails de tâches connexes parfois superflus. (Il y a du temps qui se perd en paperasses plus ou moins utiles…)
Charles-Antoine soulève le rôle du vocabulaire dans la compréhension. Intéressant. La motivation joue aussi certainement un rôle dans l’acquisition du vocabulaire, comme du sens.
Je remercie Ana et Sylvain de penser à ajouter des ressources sur le sujet. Le site de philosophie pour enfants est à conserver dans les signets.
Il est dommage que la philosophie ne soit pas intégrée dans tous les programmes, dès le primaire. Le problème avec la philo dans les écoles, c’est souvent le dosage. C’est le genre de chose qu’il faut saupoudrer avec parcimonie, et judicieusement. Un cours de philo, ça donne souvent la nausée.
philosophe:humain:questionné.
habituons nous à chercher et l’effort s’amoindrira.
Je viens de faire un lien de votre article sur mon blog.
http://annie-clis-voltaire-denain.over-blog.com/article-5611318.html
Merci beaucoup