Statistiques sur les folksonomies
Au début, il y a eu del.icio.us. Avec le temps, le phénomène des folksonomies a pris de la vitesse. Mais c’est vraiment en 2006 qu’il a décollé, à en juger par la dernière étude de Pew Internet sur l’étiquetage (tagging). Le graphique traçant la part du trafic internet de del.icio.us l’illustre d’ailleurs très bien (cliquez sur l’image pour un agrandissement). Tout à coup, les gens réalisent les bienfaits de l’étiquetage et des fils RSS. L’étude révèle que 28 % des internautes américains ont déjà étiqueté du contenu en ligne et que 7 % le font même quotidiennement. On ne sera pas surpris d’apprendre que les jeunes le font davantage que les plus vieux, ce qui semble indiquer un changement de mentalité heureux.
Les résultats qui m’ont le plus étonné concernent la propension à utiliser les folksonomies en fonction du revenu. La proportion des internautes qui s’adonnent à l’étiquetage demeure relativement stable, soit entre 27 et 28 %, chez ceux dont le revenu est inférieur à 75 000 $. Mais elle grimpe à 36 % au-dessus de ce seuil. Est-ce à dire que les riches sont plus conscients de la valeur des folksonomies?
Non pas que je sois riche, mais j’enrichis del.icio.us tous les jours. Ce n’est pas tant par générosité comme pour créer des archives de tout ce que je trouve intéressant dans les médias et le Web. Puisque je passe au moins une heure tous les matins à y glaner de l’information, il est facile, par exemple, pour un autre lecteur de s’abonner au fil RSS de mon compte del.icio.us (que j’ai d’ailleurs mis à jour dans la marge de droite).
Je crois foncièrement que la formation professionnelle des professeurs passe en grande partie par les réseaux sociaux. Or, les nouvelles technologies de la communication constituent de formidables moyens de maillage, comme l’illustrait récemment Alec Couros en y intégrant les folksonomies. Patrick Giroux, par exemple, m’a récemment fait découvrir TeacherShare, un site spécialisé dans l’étiquetage éducationnel. De leur côté, Pierre Lachance et Martin Bérubé se relancent joliment la balle dans leurs réflexions sur la formation des enseignants.
La plupart des enseignants ne prendront le virage folksonomique que lorsqu’on leur en aura démontré le côté pratique. Un compte del.icio.us (ou Furl, Simpy, Clipmarks, etc.) peut facilement servir à étiqueter toutes les ressources internet se rapportant à un cours ou à une tâche spécifique; il suffit de les identifier par un nom ou un code unique que les élèves pourront isoler en quelques clics. À l’inverse, le professeur pourra isoler tous les travaux que les élèves auront étiquetés d’un code unique dans leur propre compte. Du coup, on aura sensibilisé tous les élèves à la portée des folksonomies.
(Image : Greg Mably)
Par ricochet :
Études sur les folksonomies
Article étoffé sur les folksonomies
Le crépuscule de la classification
Clipmarks : tags socionomiques multimédias
Utilisation pédagogique des tags socionomiques
Bloguer ou éduquer… (Cyberportfolio de Roberto Gauvin)
Un schéma dérangeant, partie 1 (Blogue du RECIT MST)
Un schéma dérangeant, partie 2 (Blogue du RECIT MST)
Un schéma dérangeant, partie 3 (Blogue du RECIT MST)
Un schéma dérangeant, partie 4 (Blogue du RECIT MST)
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Bonjour,
Quelques précisions relativement à un billet toujours intéressant à lire.
« On ne sera pas surpris d’apprendre que les jeunes le font davantage que les plus vieux, ce qui semble indiquer un changement de mentalité heureux. »
Il faudrait parler de comportement plutôt que de mentalité. Est-ce qu’il y a changement? Je me pose la question, car changement suppose habitude à changer. Or, peut-être, dans le cas des jeunes, il n’y avait pas encore d’habitudes, donc il y a adoption d’un comportement/habitude. Pour les plus anciens, la logigue du signets dans le navigateur s’est installée (ou même pas ) et il faut (déjà) en changer
« La plupart des enseignants ne prendront le virage folksonomique que lorsqu’on leur en aura démontré le côté pratique. »
D’une part. D’autre part, lorsque la durabilité de cette démarche aura été « prouvée. » Probablement aussi qu’un standard sera en place (LE site de référencement). La plupart des enseignants tient à la stabilité d’un outil, d’une pratique avant de l’adopter.
J’ajouterai (est-ce aussi valable pour le Québec) : un service en français. En effet, je suis frappé par la difficulté des enseignants de naviguer avec des outils anglophones. Résistance culturelle? Anglophobie? Manque de culture (technologique, langagière)?
En dernier lieu, il conviendrait aussi qu’existe un tel système, mais basé sur l’open source (et éducatif). En effet, pour ma part et en fonction de la charte éducative, il ne peut s’agir de choisir un outil commercial à un niveau institutionnel (et scolaire). De la même manière que je ne peux construire une activité où l’élève aurait à se rendre sur un site, certes intéressant, mais comprenant de la publicité.
Bonne journée.
La question de la langue est essentielle. Malheureusement, personne ne réussit à suivre les l’anglophonie dans l’évolution des nouvelles technologies. L’assaut menace toutes les cultures. Je crois que les gouvernements n’ont d’autre choix que de soutenir ce secteur de l’industrie ou de la culture Web. Les lacunes dans l’intégration des nouvelles technologies dans les écoles ne sont pas pour arranger les choses.
Le source libre est une autre préoccupation importante. Quand j’apprends que la France s’apprête à distribuer aux élèves des clés USB chargées de logiciels libres, je me dis que le Québec est très en retard sur ce plan (Yahoo! News : French students to get open-source software on USB key).