Les blogues scolaires et les poèmes noirs
Le noir est le refuge de la couleur. (Gaston Bachelard)
Les blogues de mes élèves sont des boîtes à surprises. Leur imagination et leur curiosité me ravissent et me redonnent espoir. (Si seulement ils étaient un peu plus soucieux de la langue; mais à force d’écrire, le temps fera son oeuvre.) Néanmoins, il arrive que certains billets me désarçonnent, telles ces descentes dans les abîmes du désespoir dont le vertige attire les âmes sensibles. Quelle part de réalité faut-il accorder aux écrits glauques de la jeunesse, surtout à un moment où l’on veut encourager l’écriture et développer l’imaginaire? L’envers de la médaille nous rappelle constamment le drame du suicide chez les jeunes ou la mutilation (Time : The Cruelest Cut). Pas facile, le tsunami hormonal.
Même quand on sait qu’ils ne sont le plus souvent que le fruit d’un épanchement fertile, les signes de détresse frappent de plein fouet. Notre culture aseptisée s’effarouche devant la véhémence. Impossible de rester insensible à un poème comme À quoi bon!, de Virginie L., surtout après que Poème 1-2-3-4-5-6-5-4-3-2-1 ait mis la table. L’être humain veut tendre la main, le professeur sent le poids de la responsabilité.
Il est tentant d’alerter immédiatement les parents et les autorités. Mais mon expérience m’a appris que les jeunes n’aiment guère ceux qui aboient à la moindre incartade. Jeunesse doit se vivre. Du coup, on ne veut pas rompre la fragile confiance qu’on a tissée. Par ailleurs, il faut espérer que les parents auront le souci de lire le blogue scolaire de leur enfant. Évitant de faire l’autruche, plusieurs mesures s’offrent à nous. Voici celles qui me viennent à l’esprit, des plus tolérantes aux plus sévères :
- 1. Évaluer la gravité de la situation à la lumière de notre connaissance de l’élève. Comment est sa personnalité? A-t-il des amis? Est-il souriant? A-t-il le profil d’une victime d’intimidation (voir aussi American Psychological Association : School Bullying Is Nothing Neew, But Psychologists Identify New Ways to Prevent It)?
- 2. Voir si le billet a attiré des commentaires de sympathie. Non seulement Virginie a-t-elle eu la délicatesse d’introduire son poème d’une mise en garde, mais le commentaire d’Andréanne laisse croire que son cercle d’amies offrira son soutien.
- 3. Aborder naïvement le sujet en classe. On saisira, par exemple, une nouvelle ou de statistiques sur le suicide pour aborder la détresse de façon générale. On en profitera pour glisser le nom et le numéro de téléphone d’un service d’aide comme Tel-jeunes.
- 4. Parler aux amis de l’élève. Tâcher de voir si l’élève en question a déjà manifesté des idées suicidaires. Dans l’éventualité où ses amis n’auraient pas pris connaissance du billet, ils seront un peu plus aux aguets.
- 5. Parler à l’élève. Selon Tel-jeunes, « le meilleur moyen de savoir si quelqu’un pense au suicide est de le lui demander directement (ex.: » Je suis inquiet, penses-tu au suicide ? « ). »
- 6. Consulter le psychologue de l’école.
- 7. Aviser la direction.
- 8. Prévenir les parents.
Dénégation de responsabilité : Je ne suis ni juriste, ni psychologue. J’interviens à titre d’enseignant qui met à profit son expérience auprès des jeunes. Dans l’erreur, j’ose espérer que les lecteurs interviendront pour corriger ma position ou suggérer de meilleures stratégies.
(Image thématique : Head VI, par Francis Bacon)
Par ricochet :
Ne pas craindre d’aborder le suicide
L’école : un milieu violent
Compétences en lecture, décrochage et suicide
Étude: comment contrer le bullying
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Bonjour,
je pense que vous avez quand vous expliquez qu’un enseignant devient psychologue par nécessité.
Au sujet des poèmes noirs sur blogs, est-ce que vous les consultez de façon systématique dans un but de prévention ou est-ce que vous tombez dessus pas hasard ?
J’ai vu sur les sites comme SOS amitié ou Stop suicide, qu’une des formes de prévention actuelle consisterait justement à assurer une « présence » sur ces blogs.
Pensez-vous que cela soit une politique ) développer ?
J’ai lu et commenté les billets en question… Lecture passionnante! Jolie plume!
PAt
L’avantage des blogues est d’offrir un fil RSS qui permet de voir défiler les écrits des élèves. Mais encore faut-il y souscrire, ce que je fais. C’est de cette façon que j’ai découvert les poèmes de Virginie.
J’ose espérer que les écoles qui mettent en place des blogues pour les élèves voient également à leur supervision. Cela revient-il aux enseignants? La question est délicate, considérant la surcharge de travail et la publication à toute heure du jour. Les parents, certes, ont un rôle à jouer dans la supervision de leurs enfants.
Merci, enfin, à Patrick pour ses commentaires sur le blogue de Virginie. Elle en est ravie, j’en suis sûr, d’autant plus que son interprétation des poèmes est savoureuse.
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À QUOI BON !
À certains moments
Questionnements incessants
Unis en un tourbillon bruyant
Outrepassent la logique en
Inspirant des sentiments
Bousculant la puissance
Occultant les apparences
Niant les convenances
! En une dense danse entrent en transe !
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LES @GRÉGATEURS :: @GGREGATORS
François nous informe que « l’avantage des blogues est d’offrir un « fil RSS » qui permet de voir défiler les écrits des élèves. » Puis François rajoute : « Mais encore faut-il y souscrire, ce que je fais. » Depuis quelques semaines, j’ai moi aussi souscrit au fil http://carnet.csdecou.qc.ca/rss.php, lequel indique tous les nouveaux billets produits dans les blogs des élèves de La Rochebelle…
Mais encore, pour y souscrire, doit-on avoir un « @grégateur », n’est-ce pas ? Or donc, depuis quelques jours, je recherche, dans mon Wiki, le monde des @grégateurs, afin de découvrir une redondance à mon @grégateur http://bloglines.com que j’utilise depuis 2004dec13 ; qui plus est, je recherchais des @grégateurs gratuits et en ligne.
Pourquoi deux @grégateurs ? Au cas où celui de http://bloglines.com tomberait en panne ou en faillite ! Pourquoi j’écris @grégateur plutôt qu’agrégateur ? Parce que je recherchais un système complètement en ligne, c’est-à-dire, que je ne voulais pas d’un agrégateur qui emmagasine l’information dans son ordinateur ou encore, qu’on doit installer dans son propre site Web, car toute donnée a un poids…
Or donc, outre l’@grégateur http://bloglines.com, que j’utilisais déjà depuis plus de deux ans, hier, j’ai finalement découvert l’@grégateur http://ROJO.com… La semaine dernière, j’étais aussi tombé sur http://netvibes.com, sauf que la p@ge d’accueil, surchargée, de ce dernier @grégateur est mieux @ccédée par Internet Explorer qu’avec Netscape Navigator, mon fureteur habituel…
Pourquoi perdre tant de temps à résoudre ce problème ? Premièrement, parce qu’il existe toutes sortes d’@grégateurs et d’agrégateurs et que certains sont plus efficients et convivials que d’autres, qui eux, ne font pas vraiment ce qu’ils sont supposés de faire, ou encore, sont surchargés de bandes annonces, etc. Il faut donc suggérer des choix d’@grégateurs vraiment fonctionnels ; deuxièmement, parce que je me dis que si c’était habituel pour les enseignants d’avoir un @grégateur, que ces enseignant(e)s pourraient s’informer auprès de leurs élèves si ceux-ci ont des blogs, scolaires ou autres, puis souscrire aux fils RSS de ces blogs, pour ainsi pouvoir suivre les écrits des élèves, non pas tant pour savoir si elles ou ils « capotent » d’une manière ou d’une autre, mais plus pour encourager, commenter, corriger leurs efforts d’écriture Web.
Les écrits des élèves pourraient même être évalués, des rapports de lecture, exigés, des thèmes d’écriture, suggérés… Bref, les blogs des élèves pourraient être intégrés à une démarche pédagogique, sauf que ça prendrait que les enseignants sachent se servir d’un @grégateur et qu’ils en aient un…
Pour conclure, je suggère donc que l’@grégateur le plus convivial simple et efficient, que j’ai trouvé c’est celui de http://bloglines.com ; en deuxième place, je suggère celui de http://ROJO.com ; finalement, en troisième place, si ça ne vous dérange pas d’@ccéder votre @grégateur, par IE, et de par une p@ge d’@ccueil surchargée, qu’on ne peut pas contourner, netvibes.com pourrait faire l’affaire…
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Et kwi, kwi, kwi, mon histoire est finie !
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T’es impayable, Joseph. Je suis bouche bée
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Est-ce que « Bouche bée »
serait mieux exprimé par « :-O »
que par
DjeaultK ¤¤¤
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T’as absolument raison. Hats off to you d
Bonjour à tous,
Je suis Adrillius, un belge de 18 ans, étudiant et de style Gothique.
Mon message s’adresse au professeur qui a écrit le message principal.
Je dois dire que lire des messages pareils, à savoir des « observations innocentes de professeurs éclairés », ne font rien d’autre si ce n’est « faire rire » ces fameux jeunes « en détresse ».
Par exemple, moi-même, un Gothique qui écrit des poèmes noirs (en classe entre autres…) et qui place ses poèmes à l’école (et donc, à la portée des professeurs), je me suis vu espionné par mes professeurs suite au jour où l’un d’eux a pris la liberté de lire la totalité des poèmes que j’avais laissés sur place.
Ce professeur en a ensuite parlé à ses collègues…
Je m’habille tous les jours en noir. Je pensais donc qu’ils ne seraient pas surpris. Grossière erreur : Fin d’année, à la réunion de parents, le professeur qui m’a remis mon bulletin m’a, en douceur, parlé du fait « qu’ils avaient vu mes poèmes et qu’ils s’étaient réunis pour parler de ma situation. »
Il m’a dit, par la suite, que « vers la fin d’année, ils avaient discrètement observé mes bras… pour voir s’il n’y avaient pas des traces de mutilation ».
Voici ce que je pense de toutes ces démarches « d’aide » pour les jeunes et cie : Vous n’aidez personne, si ce n’est votre égoïste besoin de dire « Hey ! moi, j’ai aidé des jeunes en détresse !! ».
Vous ne comprennez pas l’obscurité, vous ne la concevez même pas.
Vous ne nous comprenez pas, vous nous jugez.
Nous n’avons pas besoin de votre pitié, juste de votre silence.
Nous n’avons pas besoin d’ »assistance », nous avons besoin de Paix.
Vos « lumières » nous brûlent, et c’est votre démarche qui nous pousse au suicide.
Laissez-moi vous dire à propos de l’obscurité… je veux parler de « la culture noire » : C’est la dernière chose qui se tient entre les jeunes qui souffrent et le suicide.
Car, quand vous êtes à deux doigts du suicide, désirant la Mort, souffrant plus que jamais, la dernière chose qui reste, c’est la chance d’être Gothique (autrement dit : de changer la faiblesse de souffrir en une force. De se servir de cette noirceur comme pouvoir pour marcher, respirer et aimer).
Donc, la conclusion de ce que j’essaie de vous dire, c’est que la culture Gothique n’est pas là pour favoriser le mal-être ou le suicide, mais pour permettre à ceux qui éprouvent un quelconque mal, de vivre avec.
Favoriser la culture noire veut dire sauver des millions de gens du suicide, car, comme j’ai eu à le penser moi-même jadis : « A quoi bon se suicider quand on peut être Gothique ? A quoi bon se suicider quand il reste un mode d’existence qui nous correspond tellement ? »
Tout ça pour dire que la culture Gothique m’a sauvé du suicide, et que c’est le but de son existence.
Dans l’espoir de vous voir différents,
Adrillius.
Merci de cet excellent commentaire, Adrillius. C’est bien la première fois qu’un jeune m’explique aussi lucidement les dessous de ce phénomène. Cela me permet de mieux comprendre la détresse que les jeunes cherchent à exprimer. J’en prends bonne note.
Mais tu ne m’en voudras pas, j’espère, de continuer à m’inquiéter par humanité et attachement aux élèves.