Les obstacles aux études postsecondaires
Qui ne peut rien prétendre a droit d’abandonner.
(Pierre Corneille)
Quand les jeunes abandonnent les études après le secondaire, j’ai le sentiment que l’école a failli à la tâche, ne serait-ce que cultiver le plaisir intrinsèque à apprendre. Dans les faits, toutefois, ils ont de bonnes raisons. La Fondation canadienne des bourses d’études du millénaire vient de rendre public une étude sur les obstacles à poursuivre la scolarité à la sortie du secondaire (Globe and Mail : Lack of interest keeping students out of university). Le rapport identifie six grandes causes, raisons financières en tête (voir le graphique ci-dessous; cliquez sur l’image pour agrandir). Que le tiers des élèves disent cesser leurs études pour des considérations financières revêt une certaine importance dans le débat entourant le dégel des frais de scolarité.
Le rapport (PDF), riche en données et en tableaux, contient des données intéressantes quant à l’écart entre les attentes des élèves et des parents au regard des bourses d’études et l’aide effectivement reçue. Le Québec en est absent, probablement en raison de son autonomie en matière d’éducation. Cependant, Jacques et Roberto seront certainement intéressés par les données se rapportant au Nouveau-Brunswick.
Plusieurs objectent que l’accès aux études secondaires n’est pas souhaitable pour tous. À les entendre, on a aussi besoin de concierges et de manoeuvres. Ce point de vue, il me semble, ne mise que sur la dimension économique de l’éducation. Quel mal y a-t-il à avoir des concierges et des manoeuvres instruits? L’éducation est une richesse collective dont tous bénéficient. Il faut cesser de voir l’éducation en termes d’investissement économique; il s’agit, d’abord et avant tout, de développement humain.
(Image thématique : Départ pour la lune, tiré de Jules Verne)
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« Quel mal y a-t-il à avoir des concierges et des manoeuvres instruits? »
La réponse est simple: ces gens là accepteront mal des postes sous-payés, sous-exploitant leurs capacités intellectuelles. Et comme ils seront bien formés, ils seront capables d’utiliser leur compétences pour (au choix) faire grève, exiger plus d’argent, remettre en cause l’organisation du travail, faire la révolution ou que sais-je encore…
Cela me rappelle une réflexion d’Einstein (je cite de mémoire) : « Si je le pouvais, je referais ma vie en devenant cordonnier, car j’aurais beaucoup de temps pour réfléchir aux questions que je me pose. »
Einstein déplorait tout le temps qui lui grugeait son travail de professeur.
Moi, j’aimerais bien des concierges (lire « L’Élégance du Hérisson » de M. Barbery) «docteurs»…
C’est par préjugé que l’on regarde avec condescendance certains métiers. Les professeurs, qui se situent en quelque sorte au milieu de l’échelle, n’en sont pas exempts, ce qui n’empêche pas plusieurs d’entre eux de lever le nez sur les métiers au bas de l’échelle, perpétuant du même coup les préjugés. Un éducateur peut-il volontairement transmettre des préjugés aux élèves? Je ne crois pas. Une réponse doit être précédée d’une question, puis suivie d’une autre question plus ouverte.
Je me souviens d’avoir eu des conversations fascinantes avec des chauffeurs de taxi, des immigrants universitaires qui ne pouvaient pratiquer leur métier au Canada. La course n’avait alors plus de prix.