Les réseaux sociaux, les ados et les infos perso
Le réseau est notre Sécurité sociale. (Thierry Crouzet)
Il aura fallu une solution Web 1.0 pour finalement saisir une direction d’école de la hargne que les élèves éprouvent pour un Programme d’éducation internationale (Le Soleil : Cinq élèves suspendus). Mal leur en prit, puisque l’auteur du site a été expulsé. Si les jeunes étaient restés dans le Web 2.0, ils auraient probablement continué impunément. Car la majorité des adolescents gèrent leurs informations personnelles et compromettantes loin du regard des étrangers, des parents et des autres adultes (dont les éducateurs). C’est ce que révèle une nouvelle étude (PDF) Pew Internet, Teens, Privacy and Online Social Networks: How teens manage their online identities and personal information in the age of MySpace. Et qui diable sait tout ce qu’on doit y dire sur le personnel des écoles?
Plus tôt cette année, une autre étude Pew Internet révélait que la majorité des adolescents américains disposaient d’un site social comme MySpace ou Facebook. Ils sont plus nombreux qu’on ne soupçonne : 45 % des jeunes de 12 à 14 ans et 64 % des 15 à 17 ans. Toutefois, la plus récente étude indique que les jeunes croient que les informations personnelles qu’ils divulguent ne sauraient permettre à un étranger de les localiser. Néanmoins, la quantité d’information qu’ils affichent sur leur page devrait nous inquiéter, comme l’indique l’illustration ci-dessous.
Ce qui m’inquiète bien davantage, cependant, c’est le fossé grandissant entre l’école et les jeunes. Les natifs des technologies de l’information (les naTIfs) absorbent cet univers comme une éponge. S’il faut en croire les participants à la rencontre du Metaverse Roadmap, la Toile dans dix ans sera un nouvel élément dans lequel ils circuleront sans fin (CNet : Meet the metaverse, your new digital home). [...]
The Internet in 2016 will be an all-encompassing digital playground where people will be immersed in an always-on flood of digital information, whether wandering through physical spaces or diving into virtual worlds.
This ubiquitous cloud of information is like electricity to children of the 20th century: essentially universal, expected and conspicuous only in its absence.
Pendant développent leurs habiletés, les éducateurs s’empêtrent dans le bourbier du quotidien. Martin Bérubé témoigne de son désenchantement des participants au colloque de l’AQUOPS (Fabulations réelles dans un monde virtuel : La culture de réseau: Une utopie parmi tant d’autres!). Pour ma part, je suis revenu enchanté d’une réunion du Réseau pour l’avancement de l’éducation au Québec (RAEQ), où j’ai participé à des discussions éclairantes sur la réforme de l’éducation, mais tout de même sidéré de constater à quel point les éducateurs, parmi les plus réformistes, négligent les nouvelles technologies. Ce qui me fait croire, à l’instar de Martin, que c’est peine perdue.
(Image thématique : MySpace, par Jaxon)
Par ricochet :
L’appropriation des TIC par les ados
Les ados, les blogs, et les bêtises
La réalité virtuelle des jeunes
Élèves suspendus pour un site hargneux
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Je suis sidéré de lire : «…à quel point les éducateurs, parmi les plus réformistes, négligent les nouvelles technologies.»
Qu’en 2007, un prof ‘réformiste’ puisse enseigner en négligeant les TIC et un élève ‘réformé’, apprendre sans utiliser les TIC dépasse l’entendement!
Sommes-nous conscients que, ce faisant, nous sommes en train de préparer une génération de Québécois complètement déconnectés du monde, de leur monde?
Jean, les enfants semblent déjà très connectés : chat, courriel, forum, jeux en ligne, blogue personnel, site web, etc.
Mais la majorité des intervenants du système ne le sont pas, et ce pour plusieurs raisons (économiques, structurelles, culturelles).
Et puis, comme le disait Illich, pourquoi l’école aurait-elle le monopole de l’apprentissage? En ce sens, comme on a sorti la religion des écoles, on devrait peut-être sortir les TIC. Bien sûr, ce n’est pas ma position, mais que faire???
Un exemple très récent : hier en classe de 6e:
-M. Jobin, j’ai essayé d’installer Squeak chez moi, mais ça marchait pas.
(Après quelques questions, je lui dis
- Viens, je vais te monter comment.
Et je prends un ordi de sa classe, me rends sur le site de Squeak, et PAF! un beau message de la cs m’avertissant que je n’avais pas le droit de télécharger le fichier (les zip sont bloqués chez nous), qu’il fallait envoyer un courriel au SI leur demandant la permission de téléchargement de ce fichier, etc, etc.
Je ne dis pas que la sécurité informatique n’est pas importante, mais je pense que l’éducation l’est aussi. Apprendre, c’est accepter de faire des erreurs. Mais avec la structure informatique scolaire, les erreurs ne sont pas permises. D’où incompatibilité des principes.
Je suis toujours étonné de voir des gens de l’extérieur du monde de l’éducation montrer une meilleure compréhension des enjeux éducatifs des nouvelles technologies que la grande majorité des enseignants. Il appert qu’on a affaire à une ligue de cordonniers mal chaussés. Toutefois, je ne jette pas le blâme principalement sur les enseignants à qui on ne donne pas les moyens pour apprendre à les utiliser. Comme pour plusieurs choses en éducation, on a misé sur le bon vouloir et le bénévolat des professeurs, un voeu pieux qui a lamentablement échoué.
Comme si cela ne suffisait pas, on met des bâtons dans les roues de ceux qui luttent contre vents et marées pour affirmer leur professionnalisme. L’anecdote de Gilles, une fois de plus, en dit long. Un RECIT de surcroît qui doit demander une autorisation pour télécharger un fichier compressé! On n’arrivera jamais à rien si on traite les professeurs comme des enfants d’école.