Étude : le mois de conception affecte l'intelligence
Ce n’est pas l’intelligence qui nous distingue, mais la bêtise. (Bernard Arcand)
Le moment de l’année où un enfant est conçu influence sa réussite scolaire selon une étude de Paul Winchester, professeur de pédiatrie à l’Université d’Indiana (EurekAlert! : Conception date affects baby’s future academic achievement). En comparant les résultats des élèves aux tests standardisés en fonction du mois de naissance, le chercheur a constaté des résultats plus faibles en mathématiques et en littératie chez les enfants conçus en juin, juillet et août. Le chercheur attribue cet écart à l’exposition de la mère aux pesticides et aux fertilisants durant l’été. Précisons que l’Indiana fait partie du Grain Belt, une région largement agricole. Néanmoins, l’étude rappelle que le développement cérébral du foetus n’est pas une mince affaire et peut être affecté par l’environnement.
I believe this work may lay the foundation for some of the most important basic and clinical research, and public health initiatives of our time. To recognize that what we put into our environment has potential pandemic effects on pregnancy outcome and possibly on child development is a momentous observation, which hopefully will help transform the way humanity cares for its world.
(Image thématique : Le bébé Marcelle Roulin, par Vincent van Gogh)
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Il serait intéressant d’avoir plus de détails sur l’étude. On dit qu’un million et demi d’étudiants ont été étudier pour établir la corrélation entre leur mois de conception et leurs résultats à un test normalisé. Ont-ils demandé à tous ces étudiants s’ils étaient nés prématurément, ou se sont-ils basés uniquement sur la date de naissance. Se pourrait-il que le lien soit entre les résultats et le mois de naissance?
Aussi, pour réellement établir un lien avec l’utilisation de pesticides, il faudrait comparer avec une population non-exposée.
Une explication beaucoup plus simple me semble non seulement plausible mais déjà vérifiée par d’autres chercheurs. Les enfants conçus en juin, juillet et aout, sont nés en septembre, octobre et novembre. Ils entrent donc à l’école avec de 72 à 74 mois de maturité, alors que les autres élèves de la même classe ont de 75 à 83 mois de maturité. Cette différence de maturation physique et intellectuelle n’est pas négligeable à cet âge et peut expliquer facilement les écarts de performance (des recherches l’ont déjà démontré). Il y a une vingtaine d’année, une étude semblable avait été faite avec les joueurs de Hockey de la LNH (publiée dans le Canadian Journal of Psychology je crois). Le même résultat avait été observé.
Beaucoup plus simple et plus plausible comme explication, vous ne trouvez pas.
Je crois, Normand, que vous avez fait une petite erreur de calcul : un enfant conçu en juin naîtra en mars, et non en septembre (trois mois plus tard).
Par ailleurs, je crois me souvenir d’une étude québécoise disant qu’il y avait plus d’enfants nés au printemps qui réussissait à l’école; mais l’étude ne tenait pas compte du fait qu’il y a plus d’enfant né au printemps.
Oui, je me suis rendu compte de mon erreur de calcul qui se rapproche en fait bien plus le temps de gestation pour des chatons (environ 9 semaines) que pour un nourrisson.
Mais disons que la prudence est toujours de mise et il faut exercer son esprit critique devant ce type d’études. Les recherches auxquelles je réfère représentent des résultats contradictoires à ceux de l’étude mentionnée ici.
D’autre part, j’aimerais bien examiner l’étude en question et les statistiques utilisées. Avec un échantillon aussi gros, une corrélation de 0.01 devient significative (quoiqu’insignifiante) en vertu des critères traditionnels de tests statistiques. Un chercheur avait établi dans les années 60 avec un échantillon beaucoup plus petit une différence significative entre les élèves des états américains dont le nom commence par une voyelle ou une consonne, les états à l’est et à l’ouest du Mississippi, et presque toutes les différences qu’il a pu imaginer. Je serais curieux de connaître l’ampleur d’effet qu’il a obtenu.
Ça me rappelle une étude qui avait établi que la consommation de muffins au son augmentait l’intelligence. Or en tentant compte de l’ampleur de l’effet mesuré pour obtenir un seul point de plus sur une échelle de QI, il aurait fallu manger des caisses et des caisses de muffins au son à chaque jour. À mon avis, ce chercheur aurait été admissible au prix Ig Nobel.
Je suis parfaitement d’accord avec vous; corrélation n’est pas raison, pourrait-on dire.
Effectivement, rien ne prouve que les pesticides soient la cause de l’écart observé. Cela reste une hypothèse, bien sûr. Je ne suis pas un expert de la méthodologie de recherche, mais la suggestion de Marc André de recourir à un groupe témoin permettrait certainement de clarifier certaines questions. Je suppose que cela va venir dans un deuxième temps.
Quant aux naissances prématurées, il me semble qu’un si large échantillonnage doit faire en sorte que statistiquement elles soient plus ou moins également réparties sur les douze mois de l’année. Cela devrait invalider le facteur, non?
En fait, les naissances prématurées ne sont pas également réparties sur l’année. Le même chercheur aurait établi une corrélation entre les mois d’utilisation élevée de pesticides et les naissances prématurées. J’imagine par ailleurs qu’il pourrait se servir de cette autre étude pour aider à la première?
Je vois. Merci de cet éclaircissement.