L'évaluation informatisée de l'écriture
En fait de sentiments, ce qui peut être évalué n’a pas de valeur. (Chamfort)
Les formes d’expression sont trop fantaisistes pour qu’on les mesure avec précision. En écriture, on réussit bien à compter les fautes, mais même les critères relatifs à la forme reposent souvent sur une appréciation qualitative. Quant aux idées, à l’imagination et aux sentiments, on nage en pleine subjectivité. Cela explique en partie pourquoi les professeurs de langue s’échinent sur les corrections. En français surtout, l’interminable charge de la cacographie creuse les rides. Avec les heures sup. Et si la correction informatisée pouvait alléger la tâche? Des écoles offrent aux élèves et aux enseignants les services de MY Access!, un service en ligne d’évaluation d’un essai (The Day : Schools Turn To Web Site As Interactive Writing Coach). Quoique l’évaluation laisse à désirer, la technologie mérite considération.
Les technologies émergentes souffrent de leurs imperfections. L’article du Day ne manque pas de souligner les lacunes de MY Access! : imprécision dans l’évaluation de l’analyse et de la créativité, automatisation et répétition des commentaires, formation liée à l’application, etc. Néanmoins, les bénéfices d’une rétroaction immédiate et détaillée sur le processus d’apprentissage sont évidents. MyAccess!, par exemple (PDF), procure une évaluation et un accompagnement au regard de cinq points : l’unité et le sens, le contenu et le développement, la structure du texte, langage et stylistique, grammaire et conventions. Ce genre d’outil est également précieux sur le plan de l’individualisation des apprentissages. L’évaluation doit accompagner avant de sanctionner. Malheureusement, l’élève n’a pas toujours un enseignant à ses côtés pour le guider. Et si l’information programmée manque la cible, il faut savoir en tirer profit; l’occasion est belle de développer le jugement critique.
Je ne subordonne ni la pensée ni le rôle de l’enseignant à l’ordinateur. Je suis même particulièrement sensible à la primauté de l’homme sur la machine. Toutefois, il y a lieu de reléguer à l’ordinateur les tâches les plus fastidieuses afin de se consacrer à des activités plus satisfaisantes ou créatrices. En confiant à la machine un regard sur la forme, jusque dans une certaine mesure, on laissera plus de temps au professeur de se pencher sur les étincelles de la pensée humaine : les idées, la thématique, les émotions, l’imagination, le registre, toutes ces choses qui passionnent les élèves bien plus que la forme.
(Image thématique : Writing Explained, par William Spencer III)
Par ricochet :
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Première fois que je vois un enseignant d’anglais sympathiser à la cause des enseignants de français ;-0
Il est bien de voir arriver ce genre de technologie. C’est un premier pas… d’une très longue série ! J’aurai largement (?) le temps de prendre ma retraite avant que ça soit au point… Mais peut-être aurai-je le temps d’utiliser certaines fonctions d’une telle découverte, quoique, par analogie, les logiciels traducteurs me laissent présager le contraire.
Ne désespère pas, Sylvain. T’es encore jeune. À la vitesse où les nouvelles technologies évoluent, le progrès est fascinant.
Tu soulèves un bon point avec les outils de traduction en ligne. Il y a encore du travail à faire de ce côté-là, mais je constate une amélioration. Au niveau de la francophonie, il me semble que Druide a développé une expertise qu’elle pourrait utiliser pour des outils d’assistance à l’évaluation de l’écriture, ce qu’Antidote fait d’ailleurs fort bien sur le plan de l’orthographe, de la grammaire et de la syntaxe.