Applications mathématiques pour cellulaires à l'école
Les mathématiques sont une ruse de l’esprit.
(Denis Guedj)
Pour le commun des mortels, l’apprentissage des mathématiques est facilité par l’association de l’abstrait et du concret. Après tout, n’avons-nous pas appris à compter en additionnant des pommes? Plus tard, quand les choses se corsent, la calculatrice graphique permet de visualiser les fonctions. On ne peut nier, par ailleurs, que l’usage répété dans le quotidien consolide les apprentissages. Mais dans le cas des mathématiques, on n’a pas toujours une calculatrice à portée de la main. Il serait avantageux pour un élève de disposer d’une calculatrice pour s’exercer quand le moment se présente. Or, plusieurs adolescents traînent un portable : leur cellulaire.
Michal Yerushalmy, professeur de mathématiques à la faculté d’éducation de l’Université d’Haifa, a dévoilé Math4Mobile, une série de logiciels mathématiques pour cellulaires (EurekAlert! : Mobile math lab for cell phones). Leur application n’est limitée que par l’imagination des utilisateurs.
Participants recorded simple occurrences such as the speed of a dripping faucet, buses pulling away from a bus stop and a number of other events with the video cameras on their cell phones. They were then instructed [...] to turn their video clip into a mathematical model using the applications available on their cell phone.
Math4Mobile n’est qu’un exemple de l’utilisation des cellulaires à des fins d’apprentissage. Ceux qui ont pris le parti de les bannir n’en saisissent pas la portée pédagogique. Ils n’en priveraient pas sinon la majorité des élèves à cause de quelques-uns qui font les marioles. Plutôt que de bannir les technologies de l’apprentissage, on devrait se débarrasser des gestionnaires incompétents. Les nouvelles technologies en éducation, ce n’est pas d’abord une question d’achat et d’utilisation, mais d’expertise pédagogique. La lacune est particulièrement évidente dans les tests de compétence TIC que l’on administre aux futurs professeurs.
L’évolution des technologies de l’information tend aujourd’hui à la mobilité. Peut-on encore douter de la valeur pédagogique d’un appareil comme le iPhone qui permet de traîner Internet dans sa poche? Ce n’est qu’une question de temps avant que cette technologie soit omniprésente. Si la mission de l’école consiste à préparer les élèves pour l’avenir, les ordinateurs de bureau dans nos écoles sont une aberration.
(Image thématique : Math Game, par Xue Song)
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Stimuler la pensée mathématique
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Quand en mathématique, un élève peut faire un rapprochement entre l’abstrait et le concret, il me démontre qu’il possède une pensée analogique ce qui, à mon avis, est très intéressant pour un enseignant en mathématique. Il est aussi clair pour moi que tout «outil» qui stimule cette forme de pensée s’avère, pédagogiquement, valable. Je dis donc bravo à l’initiative Math4Mobile de récupérer le cellulaire à des fins, plus «nobles» pour moi, qu’à tenir simplement des conversations. Mais je suis un peu partagé face à cet «outil». Je dis partagé car j’aime beaucoup les mathématiques mais pas tellement le cellulaire. En fait ce n’est pas le cellulaire en lui-même, il est bien pratique pour rejoindre un chirurgien du cerveau pour une urgence n’est-ce pas ? Non, ce que je n’aime vraiment pas, c’est tout ce qui gravite autour du cellulaire et en particulier la «captivité» de ce marché. Moi j’enseigne dans un milieu pauvre et cela m’attriste quand je vois des élèves qui s’appauvrissent avec leur cellulaire. J’aimerais mieux les voir investir dans une calculatrice graphique qui sera bonne à vie «sans cartes à renouveler à tout bout de champ — les ados passeront chaque jour d’été 3 h 45 minutes sur le cellulaire (source : LaPresseAffaires Technaute 12 juillet 2007) — et sans contrat !». Vous avez cité Denis Guedj en exergue, moi j’aimerais bien que la phrase qui apparaît à la page 19 dans son livre « La gratuité ne vaut plus rien » (fort intéressant d’ailleurs pour qui aime les mathématiques) (Points P783) s’applique au cellulaire : «Tout ce qui a un prix peut être vendu moins cher» !
Je comprends votre réticence, d’autant plus que vous enseignez à des élèves d’un milieu défavorisé. Le Canada devra tôt ou tard sortir de retard sur le plan de la téléphonie cellulaire, une fois que le coût des services aura baissé, comme c’est le cas dans la plupart des pays industrialisés. Les communications ne sont pas un objet de luxe, ni les outils d’apprentissage.
Vous avez raison quant à la surutilisation des nouvelles technologies. Je ne crois pas, sur ce plan, que l’on puisse jamais revenir en arrière. Par contre, nous pouvons apprendre aux jeunes à les utiliser de manière intelligente.