Rentabiliser les TIC / l'éducation à long terme
L’homme rapproche les espaces par le Commerce et les temps par le Crédit. (Antoine Rivarol)
Afin de rentabiliser l’achat des portables pour les élèves dans le cadre de son initiative Stratégie d’apprentissage amélioré (Enhanced Learning Strategy), la commission scolaire Eastern Townships entend monnayer son expertise (The Record : Laptop plan: School board to sell expertise). La nouvelle a même défrayé la chronique du webzine américain eSchool News. Ce nouveau volet vise deux sources de revenus : des services-conseils relativement à la gestion d’un tel programme, et l’apprentissage par vidéoconférence.
Je ne m’étonne pas que les visionnaires fassent preuve de tant d’envergure. J’applaudis le leadership et l’ambition de ces administrateurs du secteur public qui forgent leur destin. Leur pragmatisme est à la mesure de leurs rêves, et ils incarnent ce nouveau paradigme de dirigeants qui se font les chief learners, comme le rapporte Mario. Je me désole seulement de constater que l’éducation est rabaissée à des considérations pécuniaires, un fléau qui ravage aussi la santé, et par conséquent la vie. Cet échec témoigne des limites de l’intelligence collective. Certains postulats devraient transcender les lois économiques.
À défaut de se soustraire des griffes de l’argent, peut-on au moins cesser de gérer l’éducation en fonction de la myopie des budgets annuels ou l’inconstance des programmes électoraux? Nolan Bowie du John F. Kennedy School of Government (Harvard) plaide pour une éducation à long terme et globale qui étend l’idée de la cité éducative à la nation (The Boston Globe : Education for the long term). En introduction, Bowie cite un merveilleux proverbe chinois :
- Si votre vision s’étend à un an, plantez du riz. Si votre vision s’étend à 10 ans, plantez des arbres. Mais si votre vision s’étend à 100 ans, éduquez les enfants.
(Image thématique : Approaching Commerce, par Kevin Paulsen)
Par ricochet :
Comment implanter des portables
Les organisations apprenantes
L’éducation et la santé : la tête manque de coeur
Investir dans l’innovation scolaire
Le financement du programme de la CS Eastern Townships (École et société)
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« Certains postulats devraient transcender les lois économiques. »
Je suis loin d’être certain qu’il faille d’abord blâmer les lois économiques, sinon indirectement. Il faut plutôt regarder du côté des visées électoralistes qui mènent nos élus par le bout du nez, tous partis confondus.
Et c’est pour cette raison d’ailleurs qu’on peut toujours espérer. Pour que l’éducation à long terme devienne une priorité économique au Québec, il faudra d’abord que les profs — qui, sinon eux, les professionnels de l’enseignement? — fassent du marketing et du lobbying pédagogiques afin que l’éducation devienne un enjeu électoral. (Les médecins l’ont très bien compris.)
Les professeurs, contrairement aux médecins, sont malheureusement asservis à leurs syndicats. C’est, en partie, pourquoi je me tourne vers les blogues. De guerre lasse, et par désespoir de cause.