Programmes spécialisés et performance scolaire


AlvarezSpecialReasons.jpgLa résistance est individuelle, elle ne réfère à aucun programme. (Philippe Sollers)

L’enrichissement collectif semble profiter aux écoles privées, à moins qu’elles soient devenues expertes dans l’art du marketing pour attirer les élèves dans leurs murs. Pour stopper l’hémorragie, plusieurs écoles publiques offrent des programmes spécialisés dans l’espoir de séduire les élèves. Mon école, par exemple, propose un programme d’éducation internationale, un programme Langues et monde, une concentration en art dramatique, un profil d’arts d’expression, un profil musique et un profil sports. Or, une étude britannique révèle que les écoles spécialisées, fort populaires dans ce pays, ne font rien pour améliorer la performance scolaire (BBC : Specialist schools ‘not better’; The real reason for specialising?).

La seule différence statistiquement significative observée par l’étude, quoique négative, concerne les programmes sports-études. Ainsi, les élèves inscrits dans ces programmes obtiendraient des résultats plus faibles aux tests standardisés.

Évidemment, il n’y a pas que la performance aux tests conventionnels. Une véritable évaluation se veut globale. Il faut aussi considérer les gains dans le domaine de spécialisation et voir comment cela répond aux intérêts particuliers des élèves dans une perspective de développement personnel.

L’étude fait un constat intéressant, à savoir que le succès des écoles spécialisées en Angleterre par rapport aux écoles régulières est attribuable non à la nature des programmes, mais aux sommes additionnelles injectées dans les écoles. On estime le gain de performance scolaire à 1,5 % pour chaque 500 £ (1000 $ CDN) de financement supplémentaire par élève. Quoique l’on se réjouira de l’effet positif des investissements sur les résultats des élèves, le retour sur l’investissement m’apparaît bien minime. Je crois plutôt que cela souligne les limites du système actuel.

Il serait intéressant de voir ce que des éducateurs entreprenants, à somme égale et possédant carte blanche, pourraient accomplir dans des écoles expérimentales libérées du carcan des commissions scolaires. Les technologies de l’information et de la communication, principalement, appellent à une recherche-action intensive si l’on espère réellement moderniser les sciences de l’éducation. Le changement paradigmatique ne concerne pas que l’apprenant et l’enseignant, mais tout autant l’environnement et les moyens de communication.

De retour aux écoles privées, je n’hésiterais pas aujourd’hui, considérant le contexte, à y inscrire mes enfants. Non pas pour la qualité de l’encadrement ou de l’enseignement, à mon avis kif-kif, mais pour des raisons de socioconstructivisme. La qualité des échanges interpersonnels dans un milieu donné constitue l’un des facteurs les plus puissants de l’apprentissage. Cela vaut pour l’école comme pour la famille, le travail ou la blogosphère. Il est indéniable que la concentration d’élèves nantis dans les écoles privées enrichit les échanges entre les élèves, élevant l’apprentissage de manière exponentielle. Toutefois, cet écrémage des écoles publiques, tel qu’il se pratique actuellement, ne devrait pas socialement être permis.

(Image thématique : Very Special Reasons, par Jose Alvarez)


Par ricochet :

La spécialisation des écoles

Des écoles publiques à deux vitesses

Le e-learning à l’assaut des programmes

La diversification de l’école

Libérer les programmes

Les commissions scolaires sous le couperet

Les écoles publiques plus efficaces que le privé ?

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