Internet comme agent d'émancipation
La clarté orne les pensées profondes. (Vauvenargues)
Au regard de la formation professionnelle, le Web m’a libéré de l’omnipotence universitaire, d’une part, et de l’incapacité de mon employeur, d’autre part. Hier encore, je soulignais l’accord de la liberté et de l’apprentissage. J’insiste sur le rapport de l’un à l’autre, car je ne crois pas qu’il y ait d’apprentissage qui dure sans volonté d’apprendre, sauf sous la menace. À tout prendre, on apprend plus de choses par motivation que par contrainte. Je crois même que la liberté et le savoir forment une symbiose, le premier nourrissant le second et le second donnant des ailes au premier. Le pire vice de l’école est qu’elle conditionne les individus à l’idée que la formation relève des institutions plutôt que de soi-même.
Le pouvoir d’émancipation d’Internet ne se fait pas seulement ressentir sur le plan de l’évolution des peuples. Il transforme aussi les jeunes dont les connaissances du monde et de la vie sont bien différentes du référentiel que la majorité des enseignants projettent sur les élèves, surtout ces enseignants dont la jeunesse remonte à l’ère paléoInternet.
Les nouvelles technologies, à cet égard, se plient merveilleusement à nos idiosyncrasies. Certains fustigent la vidéalisation de la communication. Trop superficielle, dit-on de la vidéo; qu’ils aillent donc faire un tour du côté de Michel Serres. Trop lent, objectent ceux qui préfèrent la lecture. Le point est valable, sauf qu’en certaines occasions j’apprécie la dimension affective de l’expression humaine; la voix ou l’environnement rehaussent souvent le mot.
Plusieurs sites offrent déjà une tribune vidéo aux experts de ce monde. Mais ces sites sont généralement spécialisés. Ce qui me séduit chez Big Think, c’est l’idée d’une agora ouverte et éclectique où les experts peuvent disséminer leurs idées. Le moteur de recherche se charge de trouver l’aiguille dans la botte de foin, comme ce vidéoclip de Jimmy Wales, co-fondateur de Wikipedia, sur le Web et l’éducation.
Big Think n’est probablement qu’une étoile filante. C’est sans importance. Il faut surtout voir l’incroyable évolution de la dispersion des idées depuis la création d’Internet, dispersion d’autant plus grande depuis l’avènement de ce qu’il est convenu d’appeler le Web 2.0, aussi irritant que le nom puisse paraître considérant la difformité et la fluctuation de l’objet. Ce n’est pas tant le Web 3.0 qui accapare ma pensée, mais ce que sera le Web 10.0. Ceux qui choisissent de rester en marge du phénomène n’auront probablement pas de difficulté à s’y adapter sur le plan technique, car la convivialité est nécessaire à une masse critique; c’est davantage sur le plan les implications et de la compréhension des enjeux qu’ils seront handicapés.
Le paradoxe de la technologie est qu’elle nous libère des contraintes de la nature tout en nous rendant captif de nos usages. Le salut réside dans l’exercice du jugement.
(Image thématique : Human (Future Tripping on it Because of the Machine People and How Much It Makes You Think So So Much), par Chris Johanson)
Par ricochet :
Visualisation et pensée
Les idées les plus subversives
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«Le paradoxe de la technologie est qu’elle nous libère des contraintes de la nature tout en nous rendant captif de nos usages. Le salut réside dans l’exercice du jugement.»
Très belle conclusion François!
Tout comme Ana, j’ai littéralement accroché (dans le bon sens) sur cette conclusion. Et je me demande si cet exercice du jugement est bien « enseigné ». Je ne crois pas…
Mon questionnement du jour portera là-dessus. Entre autres…
Ton billet m’a inspiré ce point de vue :
florencemeichel.blogspot.com/2008/01/internet-comme-agent-dmancipation.html
A sylvain : je crois que cet exercice s’accompagne plutôt qu’il ne s’enseigne !
@ Florence : Tu viens de mettre en mot ce que j’avais symbolisé par des guillemets dans mon commentaire
Devais être encore un peu endormi au moment de la rédaction du commentaire…