Évaluer la progression de l'élève avant la performance
En fait de sentiments, ce qui peut être évalué n’a pas de valeur. (Chamfort)
On reconnaît enfin, dans certains milieux, l’importance de considérer la progression d’un élève, et pas seulement son degré de performance. Le gouvernement américain, dont on critique beaucoup le No Child Left Behind, tente d’assouplir la rigueur de la loi par l’admission de growth models en tant que mesure de performance scolaire (New York Times : Schools Move Toward Following Students’ Yearly Progress on Tests). Non pas que je donne ma bénédiction au Département de l’éducation, mais cela semble un pas dans la bonne direction.
Pour qui préconise l’individualisation des apprentissages, l’évaluation individualisée va de soi, tout comme la primauté du progrès sur la performance. Les enfants n’ont guère besoin de pourcentages pour s’adonner à l’émulation; la nature s’en charge très bien.
Je ne me fais pas d’illusion, cependant, quant aux chances d’une évaluation personnalisée au Québec. Le retour aux bulletins chiffrés montre bien que l’insécurité réside d’abord chez les parents. L’évaluation sommative répond à un besoin des parents et de l’appareil administratif. Que certains systèmes s’en dispensent annuellement montre très bien son inutilité sur le plan pédagogique. Ce boulet dont on charge les élèves et les professeurs ralentit de fait l’apprentissage.
(Image thématique : Test Pattern, par Erin Parish)
Par ricochet :
Évaluation élitiste
La nouvelle imputabilité de l’évaluation
Il n’y a pas que les notes qui comptent
Bulletins scolaires : chiffres, lettres ou descriptions ?
Au diable les examens !
Moins d’examens, plus d’éducation
La quête numérique de l’évaluation
La simulation comme moyen d’évaluation
Vous pouvez suivre les commentaires en réponse à ce billet avec le RSS 2.0 Vous pouvez laisser une réponse, ou trackback.
Question anodine en lien avec le dossier de l’évaluation au Québec:
Dans ce dossier, je porte deux chapeaux! Celui de conseiller pédagogique et celui de parent! Est-ce que je suis en conflit d’intérêt lorsque je prends position?
Pour poursuivre dans la même veine: Est-ce que ce serait le cas si j’étais enseignant?
Voilà une très bonne question, Martin. Pour ma part, je ne crois pas qu’il y ait conflit d’intérêts quand le coeur colore la raison. Au contraire, les éducateurs qui sont aussi parents peuvent apporter un éclairage privilégié pour mieux saisir le sujet. Mais le problème avec les sentiments, c’est de savoir si on donne libre cours à des considérations égoïstes ou à une finalité sociale. Au fond, c’est une question de moralité.