Blogues et conversations
La vie est une perpétuelle conversation, et on ne sait pas converser. (Theodore Zeldin)
L’écriture est une introspection, une spéléologie de l’être. La conversation, au contraire, est une envolée au gré des courants aériens, fils invisibles qui, comme le chant des sirènes, nous égarent. Le printemps m’attire hors de la grotte et l’envie de bloguer s’évapore, rosée emportée par le soleil. Tout à coup, je m’abreuve au flot des causeries, ivre de la légèreté des paroles nectarifères. À tout prendre, je préfère l’éclat de la conversation à la solitude de l’écriture. De toute façon, le travail d’enseignant est d’une telle lourdeur que je ne manque jamais l’occasion de jeter du lest : plutôt aérostier qu’hiérodoule.
Je n’ai ni l’énergie ni le talent d’un Mario ou d’une Florence pour butiner dans tous les champs. À peine ai-je le temps d’explorer ma jardinière.
Ainsi, je blogue à ma manière, réfléchissant à défaut d’échanges épistolaires. Je trouve d’ailleurs que les blogues se prêtent mal à la discussion. L’écriture ne se substitut pas si facilement au dialogue. Pour certaines choses, rien ne vaut la conversation autour d’une table, d’un verre, ou d’un feu. Le contact humain génère une énergie qui mène à l’ébullition de la pensée. Et les paroles s’épanchent plus librement loin de la menace du papier.
Je m’excuse sincèrement de négliger les lecteurs qui me font l’honneur d’un commentaire. Et pourtant, je porte une estime immensurable à plusieurs d’entre eux. Leur nombre, justement, me dépasse. Honnêtement, le temps me manque. Je peux seulement espérer que les quelques internautes qui échouent sur ces rivages s’y abreuvent comme je le fais.
(Image thématique : Conversation, par Kimberley Gundle)
Par ricochet :
Pour ou contre les commentaires ?
Pourquoi les profs ne bloguent pas
Les blogues pour améliorer sa pratique
Typologie des billets dans les blogues
La puissance de la conversation (Mario tout de go)
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Merci pour le compliment François…je te le renvoie au centuple : j’admire tes talents multiples et me nourris de ce que tu écris au quotidien…je ne suis pas la seule du reste : tu as de grands admirateurs autour de toi !
A l’occasion, je serais très heureuse de « jaser » avec toi : skype offre déjà un bon point de départ !
Je trouve votre réflexion fort intéressante. Depuis deux ans, je faisais partie de ces lecteurs anonymes qui n’éprouvent pas le besoin d’échanger.
Telle Florence Meichel, je suis une fervente admiratrice. Je vous lis et m’inspire de vos réflexions quotidiennement.
Vous m’avez fait découvrir de nombreux univers et je tenais à vous en remercier.
Il est heureux que l’Édu-blogosphère francophone vous ait ! Tous les trois !
Avec toute mon admiration et ma gratitude *^_^*
Je me joins à Florence pour souligner vos qualités d’écriture. J’aime beaucoup votre manière d’écrire qui est loin de la mienne. On sent bien, en lisant chaque article, toute le chemin que vous avez suivi. Beaucoup de réflexions, et c’est très précieux !
Tiens ! D’autres admirateurs habituellement plus silencieux que moi qui font surface
Il existe quelque part (faudrait que je cherche) une théorie dite « de la majorité silencieuse », qui regroupe les gens qui lisent mais ne commentent pas pour diverses raisons… Je ne me rappelle plus de la proportion, mais il y aurait 100 lecteurs pour un lecteur commentateur, environ… Ceci est loin d’être un absolu, simplement un ordre de grandeur.