La réforme a plus de 90 ans
Il y a loin de la réforme à la renaissance.
(Khalid Muhammad Khalid)
Le Québec, à juste titre, peut se targuer d’avoir institutionnalisé un virage pédagogique. Mais ce tour de force couve un problème de fond : la difficulté des grandes institutions à vaincre l’inertie. Il aura fallu beaucoup de temps pour entreprendre une réforme. Après tout, les fondements de la réforme actuelle de l’éducation remontent presque au début du siècle dernier avec Dewey, Vygotski et Freinet. Cette vidéo d’archives des années 40 sur le mouvement de l’école nouvelle remet les pendules à l’heure (source : Gary Stager).
La vidéo est une apologie à peine voilée de l’éducation nouvelle. Néanmoins, on notera les allusions à l’actualité, à la construction des idées, l’apprentissage dans l’action, la résolution de problèmes, la motivation par le plaisir, les projets, la coopération et la créativité. Malgré notre volonté de transformation, plusieurs seront surpris de constater qu’on les avait devancés et que l’agencement physique des classes d’aujourd’hui ressemble davantage au modèle traditionnel qu’à une classe progressive.
Le Québec n’aura pas le loisir d’attendre un autre siècle avant d’amorcer le prochain virage éducationnel. Je crains que l’effort déployé au changement de masse n’obnubile l’horizon. L’accélération du progrès commande dès aujourd’hui des mécanismes qui feront que le renouveau pédagogique s’opère en continu. Or, y a-t-il encore quelqu’un qui doute que la prochaine percée n’implique les nouvelles technologies? Malheureusement, nous cédons l’initiative et l’expertise en ce domaine aux Américains qui explorent déjà plusieurs nouvelles avenues.
Mise à jour, 25 mai 2008 | Il faut lire l’excellente réflexion de Sylvain St-Jean, sur son blogue, en réaction à ce billet. Sylvain s’interroge sur sa pratique d’enseignant. Cette réflexion, à mon avis, vaut cent fois mieux que mes propres élucubrations.
(Image thématique : Reform, par Michael Moss)
Par ricochet :
Les technologies comme agents de réforme
Étude : les écoles échouent dans l’application des réformes
Parties de la réforme laissées en friche
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Apprendre version bêta permanente ! c’est aussi ma vision des choses et c’est en ce-là que la 2.0 marque un changement de type 2 (selon les repérages de Watzlawick)!
C’est à partir d’une école qu’on a probablement inventé le dicton « Plus ça change, plus c’est pareil ».
À moins que ce ne soit à partir du dicton qu’on a inventé l’école ?
Pour rester dans le ton, j’ajouterais que je comprends mieux maintenant pourquoi nos aïeux ont l’habitude de dire: « Dans mon temps, c’était mieux… »
Mais sérieusement, qu’est-ce qui empêche les enseignants du Québec de fonctionner d’une façon plus « progressive » dans leur classe? La formation qu’ils ont reçue? Leur passé sur les bancs d’école? Les pressions externes de la population?
Bonne question Sylvain !
L’agencement physique des classes d’aujourd’hui ressemble davantage au modèle traditionnel qu’à une classe progressive écrit François + O ; ce vidéo se questionne sur ce stagnant status quo.
« (…) le renouveau tant qu’à moi, c’est un peu comme Noël: ce n’est pas une date sur le calendrier et une liste de choses à faire, c’est un état d’esprit. Et je présume que c’est cet état d’esprit qui, depuis quelques siècles, a permis à de grands éducateurs de marquer pour un temps l’école de leur époque. Je pense aux Comenius, Jean-Baptiste de La Salle, Pestalozzi, Makarenko, Korczac, Tolstoï, Condorcet, Freinet, Dewey, Freire et bien d’autres. Des gens qui n’ont pas eu besoin d’États généraux pour se mettre en marche, faut-il le rappeler. Des gens pour qui c’était Noël tous les jours… »
C’était écrit juste ici, le 7 novembre 2007:
http://carnets.opossum.ca/LeNeuf/archives/2007/11/le_renouveau_pour_moi_cest_com.html
Effectivement, je suis d’accord avec Michel; le « renouveau » doit être un état d’esprit pour chacun d’entre nous sinon ça ne va plus. La situation présente nous le confirme. Le « renouveau » nous est parachuté d’en haut ce qui fait que les gens se braquent contre ce dernier. Il devrait plutôt surgir à la base même, au sein des écoles et des classes. Le chemin contraire (du haut vers le bas) semble stérile. Y aurait-il un moyen d’arranger les choses?
Bonjour,
Juste une petite note pour vous dire que le webmestre pédagogique est déménagé.
Ma réflexion se trouve maintenant à l’adresse suivante: http://www.lewebmestrepedagogique.com/2008/05/un-commentaire-sur-relief-me-fait-reflechir/
Merci.