Les math ont un problème d'image
L’image, opium du peuple. (Claude Roy)
J’ai toujours envié les professeurs de mathématiques. D’abord pour leur aisance à faire voltiger des concepts boulonnés à mon ignorance, mais aussi parce que le sujet magnétise les élèves. Du moins l’élite qui fréquente le Programme d’éducation internationale. Aussi suis-je étonné de cette étude qui met en évidence la distanciation de plusieurs élèves à l’endroit d’une discipline perçue comme un domaine « d’hommes âgés, de race blanche, appartenant à la classe moyenne et obsédés par leur discipline, au point d’être dépourvus d’habiletés sociales et d’une vie autre que les mathématiques » (EurekAlert! : Maths plus geeky’ images equals deterred students).
Si désintéressement il y a, je soupçonne que le phénomène affecte davantage les garçons que les filles, et surtout les milieux défavorisés. Mais c’est à vérifier.
En cette époque où les technologies de la communication servent aussi de vecteur de contagion, l’école néglige lamentablement son image. Non pas que je prêche l’artifice, mais un air prétentiard est pire que l’ignorance.
(Image thématique : Mathematical Daydream 10, par Christopher Ursitti)
Par ricochet :
Encore, et toujours, les maths
Mathématiques et affectivité : deux études
Mathématiques occidentales vs asiatiques
Les math comme indicateur de réussite en sciences
Les maths : pas si importants pour les parents et élèves?
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Il semble que l’image soit très importante. C’est du moins ce que je me disais quelques minutes avant de lire ton billet, alors que je consultais cet autre billet d’E-Mob au sujet du phénomène HotforWords… http://www.emob.fr/dotclear/le-phenomene-hotforwords-1708
Et je suis convaincu que la majorité des 50 millions de consultations des cours de cet demoiselle l’ont été par des garçons… Ceux-là même que tu soupçonnes d’être désintéressés!
C’est étrange les liens que l’on peut parfois faire entre deux billets!
« The research went on to suggest using popular culture as one way to promote a more positive view of maths. » N’est-ce pas ce que la série Numb3rs fait (l’acteur principal a d’ailleurs reçu un diplôme honorifique pour sa promotion des mathématiques)?
Je crois qu’une des raisons pour lesquelles les matheux sont perçus comme obsédé par leur discipline n’est pas tant qu’il le sont plus que, par exemple, les linguistes, mais que leur discipline étant passablement abstraite (passé un certain point), que le non-matheux a de la difficulté à se sentir interpellé par le sujet. Les autres sujets potentiels d’obsession offrent habituellement un semblant de quelque chose à quoi le laïc peut s’accrocher. La perception des mathématiciens changerait peut-être légèrement si le commun des mortels savait qu’ils sont à peu près tous des musiciens.
(Ça me fait toujours rire de voir les gens associer les mathématiciens à Einstein, sachant que ce dernier n’a jamais été très bon en math!)
Einstein était excellent en mathématique. À 12 ans, il avait refait tous les éléments d’Euclide.
Je pense que son « image » d’élève ordinaire provient de son biographe (Frank, si je me souviens bien) qui cite un (et un seul!) de ses profs du primaire qui, dans une évaluation, le jugeait plutôt cancre. Readers Digest a fait le reste.
Il est vrai qu’il avait un mathématicien qui travaillait pour lui, car il ne pouvait consacrer tout son temps aux maths.
Merci de la précision Gilles. Comme quoi on peut tous être victimes de désinformation