Des jeux vidéo plus efficaces que des cours de math
On reconnaît le vrai à son efficacité, à sa puissance. (Robert Bresson)
Trois millénaires d’évolution en éducation n’ont mené, pour certains, qu’à l’enseignement directif. Il n’aura fallu que quelques décennies aux jeux vidéo éducatifs pour commencer à les dépasser, à tout le moins en mathématiques. Une étude (PDF) comparative en milieu scolaire menée par des chercheurs de l’University of Cenrtral Florida a déterminé que les jeux mathématiques interactifs donnent de meilleurs résultats dans l’apprentissage de l’algèbre que la méthode d’enseignement prévue au programme (Donald Clark Plan B : Immersive games beats classroom in maths).
Les élèves deviennent si captivés par la résolution de problèmes qu’ils en oublient le contexte d’apprentissage, mais sans oublier ce qu’ils apprennent.
En fouillant le blogue de Donald Clark, je découvre une donnée de recherche renversante avancée par le professeur Guy Claxton, à savoir que des enseignants utiliseraient le mot travailler 49 fois plus souvent que le mot apprendre (98 % contre 2 %). Abrutissant!
(Image thématique : Games IV, par Alfred Gockel)
Par ricochet :
Les jeux vidéo appliqués à l’éducation
Jeux vidéo pour exercer le cerveau
La prochaine génération de jeux éducatifs
Les jeux vidéos en éducation se font crédibles
Étude : quelques effets des jeux vidéo sur l’éducation
Jeux vidéo éducatifs : les scientifiques passent à l’action
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En tant que prof de maths, je ne peux que réagir à ce billet…
Bien sûr, les mathématiques sont sérieuses, utiles, rigoureuses, formelles, mais d’abord et avant tout, elles sont ludiques. Ne parle-t-on pas de récréations mathématiques, de jongler avec les chiffres, de théorie des jeux.
Quand je demande à mes étudiants en enseignement des mathématiques au secondaire pourquoi ils ont choisi les mathématiques plutôt qu’une autre discipline, ils me répondent unanimement que c’est parce qu’ils aiment les mathématiques.
Mes étudiants du Cégep qui ont choisi de continuer leurs études en mathématique ont choisi cette discipline pour le plaisir qu’ils tiraient à faire des mathématiques. Peu savent ce qu’ils en feront après ni où leurs études les mèneront, c’est d’abord l’aspect ludique qui les appelle. (Et c’est peut-être quand le jeu ne devient plus du jeu que certains décrochent !)
Alors lire que les enfants apprennent mieux les mathématiques et même l’algèbre à partir de jeux vidéo ne me surprend pas du tout.
Un petit 15 minutes par jour de mathématiques sous forme de jeux vidéo et je suis convaincue que les résultats sont mesurables en moins d’un mois.
Bonjour Missmath,
je me pose deux questions.
1- Tes étudiants qui aiment les mathématiques, est-ce parce qu’ils savent en faire un jeu qu’ils les aiment ou est-ce parce qu’ils les aiment qu’ils savent en faire un jeu ? Il y a beaucoup de gens que les maths n’amusent.
2- Qu’apprend-on comme mathématiques avec des jeux vidéo ? A compter vite certainement, bien peut être, à cliquer dans tous les coins jusqu’à ce que le logiciel-juge dise bravo. C’est quand même assez pauvre.
Nos sociétés industrialisées méprisent le jeu, jugé non productif. A tort, je pense. Que ce soit pour apprendre, pour se socialiser, ou simplement pour se détendre, celui-ci a des vertus indéniable. (Que cela soit sur un PC, ou autour d’une table).
Mais la notion de jeu elle même perd de son sens.
Les Echecs, par exemple jugé trop futiles pour être une science et trop sérieux pour être un jeu, peuvent faire réfléchir à différentes problématiques pour l’enseignant :
le travail (Même si le mot choque…) n’est en aucun cas à l’opposé du plaisir ! Bosser les finales de pions est un travail important, mais que de plaisir!
Un lien vers un mémoire professionnel :
Mathématiques sur 64 cases
« Nos sociétés industrialisées méprisent le jeu, jugé non productif. »
C’est tout le contraire : il suffit de voir l’offensive de Nintendo DS sur les maths avec deux propositions en un an ! Il suffit aussi de voir le rayon librairie des hypermarchés : les mathématiques n’y existent que par des livres de jeux et énigmes.
L’industrie s’est emparé du jeu et voudrait nous convaincre de ses vertus éducatives. On a du mal à industrialiser l’acte d’enseigner, mais pas les jeux.
À wouf : jutement je me propose d’écrire (bientôt!?) quelque chose sur le plaisir au travail…