Des signes de rapprochement
Rapprocher les hommes n’est pas le plus sûr moyen de les réunir. (Louis de Bonald)
Je ne m’aventure pas tous les jours sur le site de Stoppons la réforme. Mais ma dernière incursion et l’escarmouche du week-end laissent entrevoir des signes de rapprochement. Un détail sur une illustration de la page d’accueil a attiré mon attention : un ruban diagonal suggère qu’on ne souhaite pas abolir la réforme, mais seulement obtenir un moratoire pour y apporter des correctifs.
Durant le dernier panel, Pierre St-Germain a beaucoup insisté sur les difficultés des milieux défavorisés, comme s’il ne s’objectait que très peu au renouveau pédagogique pour la majorité des élèves. Pour le reste, ses critiques, à l’instar de celles de Gilles Gélinas, portaient principalement sur la rétrogradation des connaissances. Or, la lecture du programme de formation réfute cet argument; la démagogie ne saurait soutenir une thèse très longtemps.
Les tenants de la réforme ont aussi rajusté leur position. Les enseignants ont fait le constat très tôt que la pédagogie de projet ne peut répondre de tout. On reconnaît davantage aujourd’hui que la multiplicité des méthodes permet d’adapter l’enseignement en fonction du but et de l’apprenant. Autre exemple, on corrige peu à peu le galimatias du renouveau pédagogique afin de mieux communiquer avec les parents.
Par ailleurs, il n’y a pas unanimité chez les uns comme chez les autres. Le spectre pédagogique est aussi large du côté des réformistes que des conservateurs. Non pas qu’il était question de méthode, mais M. St-Germain, en bon syndicaliste, n’a pas hésité à contredire M. Gélinas qui s’était lancé dans une diatribe contre le système scolaire.
Plusieurs déploraient, au début des affrontements nés de la réforme, l’intransigeance des adversaires. Il semble que le choc des idées commence enfin à percer les positions. À coups de bélier, on finit par ouvrir des brèches. Mais le mur se dresse toujours bien haut, et épais.
(Image thématique : On the Mend 2, par David Robitaille)
Par ricochet :
Quand les élèves s’approprient la réforme
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Réformer la réforme ?
N’est-ce pas finalement ce qu’« ils » veulent peut-être dire, au lieu de la stopper pour la corriger, comme l’annonce leur banderolle qui annonçait aussi la manif du 2 février 2008 dernier ; on ne peut empêcher les enseignants de s’auto-réformer, de cheminer, de progresser, de réfléchir, d’expérimenter, de varier, de designer, d’évaluer, de s’auto-évaluer, de se remettre en question et de vouloir faire en sorte que leurs élèves développeront, utiliseront ou maitriseront des compétences disciplinaires, déclaratives ou procédurales, intellectuelles, méthodologiues, sociales, personnelles, ou communicatives, chemin faisant…
Il me semble que tous macro ou micro systèmes efficients incluent un ou des mécanismes évolutifs permanents d’auto-évaluation et de réajustement, lesquels ne doivent surtout pas immobiliser la ou les dynamiques en cours : the shows must go on!
Désolé, M. Guité, mais le mur est bien haut et épais quand vous écrivez: «la démagogie ne saurait soutenir une thèse très longtemps».
Pour ma part, quand je lis sur le site du RAEQ que l’évaluation des compétences comprend aussi celle des compétences, je vois le même manque de nuance, la même pensée absolue et absurde.
@ Joseph : La description que tu fais de la complexité de l’enseignement est savoureuse. Je ne me savais pas si compétent
@ Luc : Si effectivement le discours du RAEQ est démagogique, ce dont je doute, alors oui… sa thèse est labile et vouée à l’échec.
Je crois percevoir un lapsus dans votre deuxième paragraphe. Si vous avez voulu écrire « l’évaluation des compétences comprend aussi celle des *connaissances* », alors je suis en désaccord. Je suis actuellement en pleine évaluation de fin de cycle, et je peux vous assurer que j’évalue aussi des connaissances.
galimatias [galimatja] n. m.
Discours, écrit confus, embrouillé, inintelligible.
Voir aussi amphigouri, charabia, pathos.
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amphigouri [SfiguYi] n. m.
Écrit ou discours burlesque rempli de galimatias.
Littér. Production intellectuelle confuse et incompréhensible.
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pathos [patos; patCs] n. m.
1671; mot gr. « souffrance, passion »
1. Partie de la rhétorique qui traitait des moyens propres à émouvoir l’auditeur.
2. (1750) Mod. et littér. Pathétique déplacé dans un discours, un écrit, et par ext. dans le ton, les gestes.
« L’avocat général faisait du pathos en mauvais français sur la barbarie du crime commis »
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charabia
Fam. Langage, style incompréhensible ou grossièrement incorrect.
Voir aussi baragouin
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Source : Le Petit Robert
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M. Guité,
Pas un lapsus, mais un oubli de relecture efficace! On aurait dû lire: l’évaluation des compétences comprend aussi celle des connaissances.
Là ou je décroche, c’est que vous parlez de rapprochements, mais uniquement de ceux que font les autres vers votre position.
Quand à l’énoncé que j’ai mal rapporté, vous enseignez l’anglais, je crois. Vous savez autant que moi qu’un élève peut écrire un texte sans maîtriser une foule de règles de grammaire. Il en va de même en histoire ou les nouvelles formes d’évaluation vont permettre à des jeunes de réussir leur année sans connaitre bien des choses dans ce domaine.
Je ne dis pas que ces nouvelles formes d’évaluation sont mauvaises ou inintéressantes, mais elles sont incomplètes pour mesurer l’ensemble du programme. L’évaluation des compétences comprend aussi celle de certaines connaissances.
Quant à moi, les anciennes formes avaient leurs défauts. On n’a rien réglé avec les nouvelles.
En anglais réforme du premier cycle du secondaire, il y a trois « compétences disciplinaires » à développer :
¬ Pour le ESL, English, Second Language, le programme de la Réforme est écrit en anglais ¬
1. Interacting orally in English;
2. Reinvesting understanding of texts; galimatien, n’est-ce pas ?
3. Writing and producing texts.
Depuis 2-3-4 ans, et ce, avant même que LA réforme n’entre en action au sec. IV, l’année scolaire prochaine, 2008-2009, il n’y a plus d’examen ministériel de fin d’année ET de secondaire, en sec. IV ; ces examens terminaux ont été déménagés en secondaire V : c’est logique !
Cette année 2008, en mars, en anglais régulier de sec IV, toujours dans l’avant-réforme jusqu’à l’an prochain, question d’évaluer les élèves, j’ai fait passé des examens recyclés de compréhensions orale et écrite de niveau sec IV d’une année précédente ; dans la grille de correction du ministère, on nous indique de NE PAS compter, ni corriger, les fautes d’orthographe, en autant que le message passe !
Bien sûr qu’évaluer les compréhensions orales et écrites, ce n’est pas évaluer l’écriture d’un élève, sauf que cette évaluation, disons, laxiste, permet à l’élève de ne pas trop s’en faire avec ce « type de détail » et de mieux se concentrer sur son « message ».
Et tout ça dans l’avant-réforme !
Et c’est pour ça qu’il y a, avait et aura de l’anglais au cégep !