Les TIC à l'école : un changement de mentalité nécessaire
Les mentalités sont plus difficiles à changer que l’ordre politique. (Paul Guth)
Les technologies de l’information et de la communication, on l’a maintes fois souligné, modifient le rapport au savoir. Le connectivisme et la symbiose de la lecture et de l’écriture ne sont que deux des nouveaux phénomènes de cette communion. La relation s’est faite interrelation. Or, après tant d’années, comment expliquer que les pratiques pédagogiques restent ancrées dans les vieux modèles? Les découvertes en neurosciences, jumelées aux nouveaux instruments, devraient normalement transformer les méthodes. S’imagine-t-on réellement que l’enseignement a atteint le summum de l’efficacité? Plusieurs facteurs contribuent à la négligence des enseignants en matière de nouvelles technologies, mais cet immobilisme revêt désormais un caractère d’urgence.
Une étude menée par François Larose, professeur à l’Université de Sherbrooke, dresse un bilan inquiétant de la situation. L’inventaire des outils utilisés par les enseignants, essentiellement associés à la bureautique, démontre assez qu’ils font un usage nombriliste de technologies qu’on peut désormais qualifier de vieillottes, par opposition aux nouvelles technologies collectives de maillage, de partage et de collaboration (Carrefour éducation : Intégration des TIC à l’école : un changement de mentalité nécessaire).
Devant le constat de l’attachement des enseignants aux manuels, au matériel didactique validé et aux exercices, généralement des indicateurs d’un enseignement traditionnel, le chercheur porte un jugement à la fois juste et critique :
Les changements [...] ne peuvent qu’être consécutifs à la modification des profils de rapport au savoir, aux disciplines ainsi qu’à la représentation de la démarche d’apprentissage chez les praticiennes et les praticiens. [...] sans modification préalable de la posture paradigmatique des intervenantes et des intervenants, il est difficilement concevable que l’intégration des ressources informatiques ou numériques dans l’environnement scolaire débouche sur autre chose qu’une diversification minimale des matériels scolaires mis en oeuvre, essentiellement pour des fins de soutien à la motivation des élèves.
Nous sommes à des années-lumière de la vision d’une nouvelle pédagogie qui fait usage des plus récents moyens. Elle appartient, pour le moment, aux Anglo-saxons qui ont compris que les nouvelles technologies constituent aujourd’hui le principal agent de changement en éducation. Dans Future Learning Landscapes: Transforming Pedagogy through Social Software, Catherine McLoughlin et Mark J. W. Lee identifient plusieurs éléments de cette nouvelle pédagogie :
- un contenu constitué de micro-unités;
un programme de formation dynamique plutôt que statique;
la communication en réseaux;
des processus qui suscitent une plus grande participation de l’apprenant;
des ressources multiples, riches de médias et globales dans leur portée;
un soutien élargi aux pairs, aux experts et à la communauté;
des tâches authentiques, personnalisées axées sur la création de contenu.
(Image thématique : Change of Attitude, par Nick Gaetano)
Par ricochet :
L’évolution des TIC en éducation
L’intégration des TIC : la métaphore du crayon
Étude : les TIC favorisent l’apprentissage
Les TIC pour un programme de formation individualisé
L’intégration des TIC en 2007: piètre bilan
Pourquoi les TIC dans les écoles
Notre retard des TIC en éducation
Une autre théorie sur le retard des profs aux TIC
Accélération de l’évolution : le futur se rapproche
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L’autre aspect que je vois à travers les brumes statiques qui embrouillent encore beaucoup les regards, c’est un nécessaire éclatement du cadre dans lequel on évolue présentement sur le plan physique (locaux, etc.) et sur le plan des horaires : la «carte-à-punch-isation» que nous a valu la reconnaissance de temps lors du règlement de l’équité salariale a fait en sorte que l’on doit être bien sagement assis à notre bureau entre telle et telle heure dans bien des écoles… alors que la mobilité et la présence hors classe, dans des réseaux ou autres, pourrait être parfois beaucoup plus profitable si des cadres (pas trop rigides) nouveaux étaient mis en place…
Sur ce petit rêve, m’en vais travailler. Pour vrai. Dans une classe…
Finalement, je poursuis ma réflexion sur mon blogue… Ton billet m’a inspiré quelques réflexions en vrac ce matin !
Superbe le symbole de l’image !