Les élèves peuvent-ils gérer leurs apprentissages?
Préparer l’élève à l’autonomie, ce n’est pas le préparer seulement à s’adapter à ce qui est; c’est aussi le préparer à transformer ce qui est. (Jean-Marie Frey)
Apprendre à apprendre, c’est aussi tendre à l’autonomie d’apprentissage. Cette évidence échappe à bon nombre d’enseignants pour qui ce n’est qu’une occasion de plus de dicter aux élèves leur propre façon de faire. Un billet de Digital Natives pose l’excellente question de savoir si les natifs des nouvelles technologies peuvent régir eux-mêmes leurs apprentissages : Technology and collaboration: can DN manage their own learning activities?. Ma réponse est non seulement qu’ils peuvent, mais doivent y arriver. La notion d’habilitation (empowerment) associée aux nouvelles technologies doit gagner l’éducation si on espère l’extirper du présent marasme.
Quiconque possède un ordinateur a déjà commencé la transition. Peut-on vraiment, et j’insiste sur le vraiment, utiliser un ordinateur qui nous appartient sans l’adapter, ne serait-ce que partiellement, à nos besoins d’apprentissage? Les environnements d’apprentissage personnel (PLE), les communautés de pratique et les réseaux sociaux en sont tous des manifestations.
L’auto-gestion de l’apprentissage, cependant, est un apprentissage en soi. Dans un processus d’éducation, il gagne à être accompagné, conseillé et guidé. Elle commencera tôt, avec supervision, comme dans le cas de Marc-Antoine, 10 ans, qui élabore son programme de formation en compagnie de ses parents (Vers un avant / après : La blogosphère s’agrandit). Au début du secondaire, j’y arrive dans une large mesure en dotant les élèves d’un portfolio d’apprentissage et d’outils d’auto-gestion, et en les invitant à se référer à un site Web pour le contenu du cours. Ainsi, n’assistent à mes cours que les élèves que le sujet intéresse.
J’entendais récemment quelqu’un dans une salle d’attente rapporter la vitesse du changement dans son travail et remarquer à son interlocuteur « qu’il faudrait retourner à l’école tous les trois mois. » il ne lui est pas venu à l’esprit, ni à son employeur, que l’efficacité dépend aujourd’hui de l’intégration de l’autoformation. Apprendre à apprendre, c’est transférer graduellement le siège de l’apprentissage de l’institution à l’individu.
(Image thématique : We Must Have Autonomy, par Runhild Roder)
Par ricochet :
L’autonomie d’apprentissage
L’apprentissage personnalisé
Environnements d’apprentissage personnels
Métacognition autonome
Libérer les élèves de l’école
Étude : le e-learning ne convient pas à tous
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Je n’ai pas encore lu, je dois filer pour l’école… mais je peux réagir au titre : mais oui!
François, je te félicite d’aborder cette idée. Défini au sens large comme «action de s’attribuer ou se donner la propriété de quelque chose» (Le Bossé, 2003) l’appropriation (empowerment) peut signifier que les élèves se donnent la propriété de leurs apprentissages afin qu’ils aient un sens et un but pour eux. Pour certains chercheurs (Le Bossé, 2003; Kincheloe, 2005; Aronowitz, 2003), l’appropriation, synonyme d’empowerment, aurait ainsi le sens de «la capacité de prise en charge du changement par les personnes elles-mêmes» (Le Bossé, 2003) et de « processus par lequel un individu ou une collectivité s’approprie le pouvoir ainsi que sa capacité de l’exercer» (Ninacs, 2003). L’utilisation du concept d’appropriation renvoie également aux notions d’«augmenter la capacité des personnes, individuellement ou collectivement, à influencer leur réalité selon leurs aspirations» (Le Bossé, 2003). N’est-ce pas là le but de rendre autonome ? La technologie apporte sans aucun doute cette possibilité, mais encore faudra-t-il que les enseignants acceptent de donner ce pouvoir aux élèves.
Mais ouais, ça a bien du sens! Je suis d’ailleurs en train d’écrire à mon futur nouveau député provincial au sujet de l’éducation…
Belle initiative, Félix, que d’écrire à ton député. N’oublie pas de mentionner ton âge.
Il me semble, Stéphanie, que les élèves ont déjà commencé à s’approprier le pouvoir d’autonomie que beaucoup d’enseignants leur refusent, quoiqu’ils le fassent souvent à l’extérieur de l’école. Quel drame, n’est-ce pas?
Par ailleurs, j’ai l’habitude de traduire empowerment par habilitation, mais j’aime bien la notion d’appropriation pour signifier que le pouvoir provient du sujet plutôt que d’une autorité.