Les écoles autonomes réussissent mieux
Les gens de mer sont les plus autonomes qui soient, mais au prix du doute méthodique. (Hervé Hamon)
L’autonomie en tant que facteur d’efficacité vaut autant pour les institutions que les individus. L’autonomie des écoles, dans la mesure où on peut l’accroître, constitue l’un des avantages de l’abolition ou de la réforme des commissions scolaires. Le sentiment d’appartenance à l’école croît naturellement de la collaboration obligée de tous les acteurs de la réussite scolaire : élèves, enseignants, gestionnaires, parents, communauté. C’est d’ailleurs une caractéristique des écoles privées.
Une étude britannique fait justement ressortir les avantages de l’autonomie pour les écoles (BBC : Autonomy key to school success’). Les auteurs mettent en relief certaines conséquences de l’autodétermination dont jouissent les écoles privées :
- l’autonomie fait en sorte que les décisions sont plus près de l’enseignement;
l’autonomie est un facteur efficace d’un enseignement de haute qualité;
les écoles indépendantes recrutent et retiennent plus facilement les meilleurs professeurs.
Il n’y a pas de raison, à mon avis, que les écoles publiques ne puissent, d’une façon ou d’une autre, bénéficier de la même autonomie. Il y a forcément une période d’ajustement qui découle du changement. Nous sommes cependant à un point où l’immobilisme n’est plus une option.
En toute objectivité, le rapport cependant fait état de caractéristiques des écoles privées, notamment au regard de la rentabilité et de la quête de profit, qu’on ne saurait appliquer à l’école publique. Les problèmes inhérents aux milieux défavorisés exigent des solutions particulières, lesquelles ne peuvent reposer sur un modèle d’affaires.
(Image thématique : Give Me Freedom, par G. R. Iranna)
Par ricochet :
La fin de l’autorité scolaire absolue
Autonomie financière des écoles
Projet pilote d’écoles autonomes
Les commissions scolaires sous le couperet
L’agonie des commissions scolaires
Affranchir les écoles
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Un exercice important d’autonomisation des écoles a été mené en Nouvelle-Zélande il y a quelques années. On a fait disparaître les grandes structures, doté les écoles de conseils d’administration et surtout mis en place un système de libre-choix pour les parenrs. Les parents ont exercé ce choix une année ou deux. Mais il fallut peu de temps pour que ce soient les écoles les plus choisies qui se mettent à choisir leurs élèves. La loi du marché… Des écoles autonomes, privées ou publiques, peu me chaut, en autant que l’autonomie soit associée à une obligation de remplir ses obligations sociales et d’ouvrir ses portes à tous les enfants. En autant qu’on puisse placer devant nos enfants qui en ont le plus besoin, les meilleurs éducateurs. Justement ce qu’on ne fait pas dans nos écoles privées et dans beaucoup de nos écoles publiques qui sont tombées dans les travers de la sélection à outrance.
Pour l’expérience Néo-Zélandaise, tu peux lire: When Schools Compete: A Cautionary Tale
par Edward B. Fiske et Helen F. Ladd.
Quand on sait comment les budgets sont segmentés au public (Telle somme ne peut être dépensée QUE pour telle genre de truc, etc.), ça vous diminue une autonomie d’administration que cela…
L’autre « danger » de l’autonomie administrative est d’accorder encore plus de budget à l’ »administratif », exemple les bureaux de direction, qu’au pédagogique dans une école (cas déjà vus ou lus)…
Bonjour Françcois,
Effectivement la recherche de la rentabilité (on parle ici de ne pas être déficitaire) peut elle aussi avoir une conséquence sur la pédagogie. Les écoles privées sont au sens de la loi des osbl?
Pour le reste, je crois que la composition du CA a un effet non-négligeable. En effet, comment parler de procimités lorsque le CA n’a pas d’enseignant et que la presque totalité des membres de celui-ci ne sont pas impliqués directement dans la pédagogie de l’école.
Le principal avantage que je vois à l’autonomisation des écoles est dans la dynamique de changement avivée par la communauté. Le problème est complexe, à n’en pas douter, mais au moins il tend à l’action.
La situation au Québec est d’autant plus complexe en raison de la dualité public-privé, comme Michel le souligne. Pour une critique de When Schools Compete: A Cautionary Tale, voir BNET.