Un 6e jour d'école
La main qui, samedi, tient un balai est celle qui, dimanche, caresse le mieux. (Johann Wolfgang von Goethe)
Compte tenu de l’aversion déclarée des élèves pour l’école, la popularité apparente de l’école du samedi a de quoi étonner (BBC : Saturday school boost for pupils). Certains jeunes, assurément, aiment l’école, mais il y a fort à parier que plusieurs écoliers du samedi cèdent à la pression parentale. Hormis les activités qui nécessitent des installations spécifiques, comme le sport ou le théâtre, j’ai peine à croire qu’un jeune veuille y retourner un sixième jour de semaine, sinon pour retrouver ses amis.
Il y a tant à faire et à apprendre hors du contexte scolaire, des apprentissages souvent plus porteurs d’avenir, qu’il faut considérer protéger les enfants des parents obsédés par la performance. Par ailleurs, on ne fera pas progresser l’école sans expérimenter de nouveaux modèles, et il faut reconnaître au Specialst Schools and Academies Trust (Grande-Bretagne) le mérite d’essayer.
Ce qui m’inquiète davantage que la pression malsaine exercée par des parents sur leurs enfants, c’est cette conception psychotique et quasi unanime que l’on se fait du succès, en plus du parcours qu’on a tracé. Le succès ne se mesure en richesses ou célébrité que pour ceux qui ont succombé à ce conditionnement. Pour les autres, il se mesure aussi en fonction de la plénitude.
(Image thématique : Saturday Morning, par E. Peterson)
Par ricochet :
L’école du samedi
La semaine d’école de 4 jours
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M. Guité,
Vous partez ici d’une hypothèse non vérifiée(pressions parentales)pour expliquer un phénomène et vous suggérer ensuite de protéger nos jeunes contre ces pressions «malsaines». Effet? cause? Solution?
Je ne sais pas, mais est-ce un peu aller vite en affaires? Et si cette école du samedi était faite d’activités parscolaires? Si elle permettait aux jeunes de fuir un milieu familial aliénant?
Diverses hypothèses sont possibles.
Bonsoir François,
Je crois que Luc a raison. Nous ne savons pas ce qui pousse les jeunes à se présenter à ces écoles du samedi.
Par ailleurs, tu écris : « j’ai peine à croire qu’un jeune veuille y retourner un sixième jour de semaine, sinon pour retrouver ses amis. », Or, il n’y a pas si longtemps nous avons eu droit à une enquête, menée par La Presse je crois, qui mettait en relief que nos ados sont très, très majoritairement heureux à l’école.
Toutefois, comme toi, je me méfie d’une trop grande valorisation des apprentissages scolaires au détriment d’autres formes d’apprentissages. Je me souviens clairement de cette dame qui me racontait qu’elle avait refusé que son enfant fasse le P.E.I. parce que, me disait-il, mon enfant est très impliqué dans le patinage artistique et qu’il lui faudrait abandonner. Je ne crois, disait-elle, que ce soit une bonne chose, il n’y a pas que l’école dans la vie.
Toutefois, l’école n’offre pas uniquement des apprentissages scolaires; la vie étudiante, les parascolaires, les sorties éducatives, etc. permettent aux jeunes de faire d’autres types d’apprentissage. Comme le souligne Luc, pour certains c’est beaucoup, beaucoup plus que ce que leur offre leur milieu familial.
« « L’école est devenue un havre de paix pour des jeunes souvent malmenés par la vie » nous dit la journaliste Marie Allard. Selon le directeur, avant les Fêtes ou la semaine de relâche il y a toujours quatre ou cinq jeunes qui font une crise. Ils sont bien à l’école et ne veulent pas partir. »
Pris dans un de mes billets sur l’école Pierre-Dupuy : http://recit.cadre.qc.ca/~chartrand/index.php?2005/04/23/54-538-fois-la-vie-histoire-detre-humain