Réformer le pupitre
Posez une grenouille sur une chaise en or, elle sautera à nouveau dans la mare. (Proverbe néerlandais)
Pendant que le mobilier domiciliaire et industriel progresse à la vitesse du génie et du design, le pupitre de l’élève évolue au rythme des bancs d’église, c’est-à-dire au train de l’érosion. Quelques innovations ont déjà retenu mon attention, comme le Classroom of the Future. Par ailleurs, j’apprends que plusieurs écoles américaines ont doté les classes de bureaux ajustables qui permettent aux élèves de travailler debout (New York Times : Students Stand When Called Upon, and When Not). Fait à noter, les bureaux ont été créés par une enseignante dont la persévérance est aujourd’hui récompensée.
Produits par Sunway, le AlphaBetter Adjustable Student Desk permet aux élèves de travailler assis ou debout et comprend un appui-pied mobile pour les élèves qui ont la bougeotte. Abby Brown dit avoir conçu le bureau pour lutter contre la sédentarité qui affecte plusieurs jeunes.
Le bureau a attiré l’attention de chercheurs qui mènent des études sur les effets supposés au regard du travail et des résultats scolaires. La chaîne ABC en a fait l’objet d’un reportage :
Donald Rumsfeld, reconnu pour être un bourreau de travail (voire un bourreau), a popularisé les tables de travail surélevées. Je crois savoir que plusieurs dessinateurs industriels préfèrent travailler de la sorte.
L’efficacité de l’éducation dépend de l’accord du sujet, de l’objet, et des moyens qui lient le premier au second. La réforme de l’éducation au Québec a concentré les efforts sur les programmes de formation, négligeant du coup les autres moyens non moins pertinents, tel l’environnement d’apprentissage. Si on doit maintenir les élèves dans une classe, ne peut-on pas au moins rendre plus efficace leur captivité?
(Image thématique : La table devant la fenêtre, par Pablo Picasso)
Par ricochet :
Repenser les environnements d’apprentissage
Les écoles en tant que facteur d’obésité
Repenser l’architecture des écoles
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Quand on sait que le mobilier (des élèves, mais aussi des profs – mais pas des directions !) est presque séculaire et tient debout on ne sait trop comment, il y a longtemps qu’on a perdu espoir de le voir se renouveler un jour, malheureusement…
Oh, on a bien vécu l’épisode de quelques chaises pour les profs, seulement les plus anciens et/ou permanents puisque pas assez de chaises au total (un jeune dos, ça doit être plus souple, je suppose ;-)) mais à part cet Événement, rien n’est encore arrivé…
Peut-être verrai-je quelque chose d’ici ma retraite, prévue pour dans environ 20 ans… Peut-être pas non plus !
LA moitié de la classe debout et l’autre moitié avachie ou même endormie…
Beau mic mac !
J’aime bien la formule «auditorium» où tout le monde peut bien voir en avant.
Pas besoin de 300 places, juste assez, disons 40 places par classe.
On pourrait inclure des prises internet et des «appuie lap top».
Et si nous réformions la salle de classe ?
Je ne me sens pas capable d’enseigner en petite classe (en terme d’âge), cependant, j’aurais aimé çà pour au moins deux raisons :
* la possibilité d’un enseignement global, au sens systémique, sans dépendre du bon vouloir de certains collègues
* l’agencement vivant des salles de classe, avec des îlots différents, dédiés ou non à différentes activités, chacun pouvant naviguer au gré de son avancement et de ses intérêts (ce qui nous ramène à mon projet d’évaluation temps réel…)
Cet agencement couplé au mode de fonctionnement par atelier supprime de fait l’inconfort des pupitres puisque l’apprenant n’y reste que le temps d’une réflexion solitaire…
Lyonel Kaufmann poursuit sur la comparaison école-église en rapportant un fait historique fort intéressant. Un coup d’oeil à l’image du vidéoclip ci-dessus nous rappelle comme certains utilisent l’école comme lieu d’endoctrinement.
Pour avoir enseigné à la même école que Sylvain, je sais très bien comme l’environnement physique se prête mal au travail et à l’apprentissage. Le fossé avec le bureau d’un directeur est criant d’incohérence. Ma productivité a augmenté dès que j’ai changé de travail.
Je perçois dans le commentaire de Garamond beaucoup de cynisme. J’espère du moins que c’est le cas, la notion d’auditorium nous renvoyant au modèle de la transmission de connaissances.
Comme je l’indiquais en fin de billet, je ne vois dans ces nouveaux pupitres qu’une solution passagère. Le problème de l’école est beaucoup plus complexe. Gaël propose d’étendre la réforme à la salle de classe. C’est déjà mieux, quoique ça demeure une solution transitoire. C’est toute l’école qu’il faut réformer.
Voilà qui pourrait peut-être t’intéresser, François.
Suivre le lien…
http://technaute.cyberpresse.ca/nouvelles/internet/200903/02/01-832492-twitter-fait-rage-dans-la-classe-politique-a-washington.php
Dupuisp
Hors sujet, mais intéressant néanmoins, surtout pour qui possède un compte Twitter
Génial ! D’ailleurs, qui parmi nous, serait capable de passer un avant-midi sans se lever ? Et les prof… Posons la question : seraient-ils capables d’être aussi dynamiques et intéressants s’ils étaient obligatoirement assis ?
Par ailleurs, quand je vois une innovation comme celle-ci se réaliser tout simplement, grâce à l’initiative d’une enseignante, avec la contribution d’une entreprise locale, je me dis que tout est possible !
«Et les prof… Posons la question : seraient-ils capables d’être aussi dynamiques et intéressants s’ils étaient obligatoirement assis ?»
J’en connais quelques-uns, justement, qui sont toujours barricadés derrière leur bureau, solidement boulonnés à leur chaise. Tu vois juste cependant : n’étant ni ‘dynamique’, ni ‘intéressant’, ils n’ont guère la cote des élèves.
L’idée est-elle géniale !..Je me questionne..Quand l’ergothérapeute passe dans les classes et demande de faire baisser les bureaux pour que les enfants aient le plus de points d’appui possible afin de bien écrire. Comment des enfants debout peuvent-ils avoir une bonne calligraphie…
La hauteur des bureaux est ajustable, et les écoliers ont la liberté de s’asseoir sur un tabouret qui les élève à une hauteur sans doute acceptable. À tout prendre, cependant, il me semble qu’on ne saurait sacrifier la santé et l’environnement d’apprentissage pour des considérations de calligraphie.
Je trouve l’idée excellente ! Je pense que de cette façon, nous pourrions éviter beaucoup de problèmes. Selon moi, si les jeunes bougent autant sur leur chaise, c’est peut-être parce qu’ils ne sont pas confortables… De plus, je trouve que l’idée que les enfants puissent travailler debout est intéressante. Il arrive souvent que les jeunes soient plus à l’aise de travailler dans une autre position qu’assise sur leur chaise, comme à l’habitude ! Bref, je trouve qu’il serait grand temps de changer et de moderniser les classes.
Je retiens votre idée que ce genre de poste de travail peut « éviter beaucoup de problèmes ». Je pense que vous soulignez un point important, à savoir que nous causons notre propre malheur, et celui des enfants, en les clouant sur une chaise.
J’étudie actuellement en éducation et mon expérience en classe se résume à mes deux stages passés. J’ai pourtant constaté à quel point les élèves n’étaient pas capables de rester assis et à l’écoute bien longtemps. Après seulement 10 minutes, certains se mettent à bouger et à se tortiller sur leur chaise. Cela nuit à leur apprentissage et aux autres élèves. Avant de donner des médicaments pour ralentir les élèves qui ont un grand besoin de bouger ou tout simplement pour les motiver et susciter des interactions plus vivantes, pourquoi ne pas essayer ces fameux pupitres? Je crois que c’est une bonne idée et qu’elle mérite à être exploitée. Il est aussi important de comprendre que cela prendrait un temps d’adaptation, mais qu’au bout du compte les enseignants auraient réglé certains problèmes!
Dans une classe d’école primaire, il y a plusieurs élèves tous différents les uns des autres, je ne crois pas vous apprendre quelque chose en mentionnant ceci. Je crois que la modification des bureaux serait une excellente idée pour aider l’enseignante de capter l’attention des élèves plus facilement. De plus, ces derniers auront la possibilité de choisir la position qui leur sera préférable. Une idée que j’ai trouvée intéressante est de remplacer les chaises par des ballons d’exercice! De cette façon, les élèves travailleront la position à adopter (les muscles du dos) puis leur concentration pour rester ainsi placés.
Pour poursuivre avec cette idée que les jeunes ont besoin de bouger, je pari, Mélissa et Josianne, que vous serez intéressées par ce vidéoclip du Conseil canadien sur l’apprentissage d’une expérience menée dans quelques écoles de la Colombie-Britannique, les Action schools : http://www.youtube.com/watch?v=3wbN3INGw-I&feature=channel_page