La puissance de la collectivité
Le domaine de l’éducation ne réussira pas à combler le fossé technologique qui le sépare du milieu du travail. Et c’est très bien ainsi, considérant que les finalités ne sont pas les mêmes. Néanmoins, il y a lieu de s’interroger quand l’écart tend vers la désuétude. Non satisfaites de la capacité des étudiants à l’issue du système scolaire, la majorité des entreprises privées ont mis sur pied leurs propres services de formation. Au fil du temps, ils ont développé une expertise d’apprentissage qui ne s’enfarge ni dans les querelles théoriques, ni dans la lourdeur de la centralisation. Du coup, ils ont rapidement appris à intégrer les TIC. …
Parmi les modèles les plus efficaces, ils ont appris à mettre à profit l’intelligence collective du réseau. C’est ce qu’il est convenu d’appeler l’apprentissage informel, dont l’efficacité repose souvent sur le connectivisme. Éventuellement, l’industrie n’a pas tardé à reconnaître la puissance d’une collectivité branchée. Un article de Business Week (The Power of Us) démontre bien les façons dont la collectivité virtuelle est en train de bouleverser l’ordre établi :
The nearly 1 billion people online worldwide — along with their shared knowledge, social contacts, online reputations, computing power, and more — are rapidly becoming a collective force of unprecedented power. For the first time in human history, mass cooperation across time and space is suddenly economical. « There’s a fundamental shift in power happening, » says Pierre M. Omidyar, founder and chairman of the online marketplace eBay Inc. « Everywhere, people are getting together and, using the Internet, disrupting whatever activities they’re involved in. »
Et puis cette autre citation, qu’on peut également appliquer à certaines écoles et commissions scolaires qui ont goûté à la médecine du Web :
… peer power presents difficult challenges for anyone invested in the status quo. Corporations, those citadels of command-and-control, may be in for the biggest jolt. Increasingly, they will have to contend with ad hoc groups of customers who have the power to join forces online to get what they want.
Comment expliquer, par ailleurs, que le milieu scolaire hésite tant à adopter des méthodes éprouvées de formation professionnelle et d’optimisation institutionnelle ? L’expérience de blogue collectif dans mon école, par exemple, suscite peu d’intérêt au-delà des quelques blogueurs. L’absence de leadership et la pénurie d’équipements modernes ne sont certes pas étrangères à la situation. Mais il est trop facile de blâmer autrui. Les enseignants doivent aussi reconnaître leurs torts, notamment au regard d’un regrettable isolement professionnel et d’une résistance au changement qui mènent droit à l’obsolescence.
Il y aurait tant à gagner si les enseignants partageaient leur immense savoir individuel et acceptaient de faire appel à la communauté pour résoudre les problèmes pédagogiques, plutôt que de se claquemurer dans le mutisme.
Par ricochet :
Au-delà du socioconstructivisme : le connectivisme
L’apprentissage situationnel et partagé
La part de l’informel dans l’apprentissage
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