Typologie du plaisir motivationnel
Ce qui fait le plus défaut dans les écoles aujourd’hui, là où le bat blesse jour après jour, ce n’est pas tant la méthode pédagogique comme l’absence de passion, d’émerveillement, et de plaisir. La génération d’élèves à qui nous avons affaire baigne dans la stimulation intellectuelle et le jeu depuis la naissance, du premier hochet et mobile multisensoriels aux jeux vidéo. Dans ce contexte, l’école s’avère un choc culturel et affectif qui a toute l’âcreté d’un mauvais rêve. Pas étonnant que l’école ne branche plus les élèves.
Il ne s’agit pas de transformer l’école en terrain de jeu. Mais force est de reconnaître que les écoles demeurent des milieux arides, parfois glauques, qui traînent des convictions ancestrales. Les bêtes de trait n’ont jamais été connues pour leur rapidité. Mais comment expliquer que l’école patauge, alors que l’industrie des produits éducatifs évolue au rythme des découvertes ? Pourquoi celle-ci marie-t-elle si bien le cognitif et l’affectif, pendant que l’école s’obstine dans le célibat cartésien ?
L’apprentissage ne gagne nullement à rester cérébral. Au contraire, c’est la relation affective au savoir qui lui donne tout son sens. On a tort de sous-estimer le rôle du plaisir dans la motivation. Ayant maintes fois réalisé l’effet du plaisir dans les activités de classe, j’ai été immédiatement saisi d’un billet de Kathy Sierra qui présente une typologie des sources de plaisir à incidence cognitive [Creating Passionate Users : Cognitive seduction (a Typology of User Experience Pleasures)]. Pour le bénéfice des lecteurs francophones, j’ai traduit la typologie dans le diagramme ci-dessous (cliquez sur l’image pour un agrandissement). Veuillez me pardonner si certaines expressions, particulièrement difficiles à traduire, ne sont pas conformes à l’esprit de la version originale.
Par ricochet :
De l’importance de la beauté
Motivation : coopération ou compétition ?
Motivation, plaisir et gratification
Ronald Canuel à l’AQUOPS (Mario tout de go)
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Je connais pas bien notre ministère de l’éducation, mais si il n’y en a pas, je crois qu’on devrait développer un département de R&D en tout temps pour mieux comprendre l’éducation et la réalité d’aujourd’hui.Ça permetterait de faire les changements plus rapidement. Qu’en pensez-vous ?
La suggestion de Ben Plante me semble fort à propos. Tout ministère devrait effectivement posséder un centre de recherche et développement, ne serait-ce que pour faire le point sur les recherches propres à son champ d’action. Avec tout le personnel qui travaille pour le MELS, et tout l’argent qui est investi dans l’éducation, il est étonnant qu’un tel département n’existe pas encore. Du coup, je connais des chercheurs que cela intéresserait.