Archives de l'auteur : François Guité

Le mariage iPhone-Google

RiversPhone.jpgLe propre du téléphone, c’est de sonner à l’improviste. (Robert Soulières)

Maintenant que juin vient de tourner le coin, les accros du Mac ont les yeux rivés sur deux dates au calendrier : le 11 juin, ouverture du Worlwide Developers Conference, et le 29, date officielle du lancement du iPhone. Malgré mon espoir (distant, il est vrai) de voir Apple lancer un petit ordinateur portable, les derniers développements me laissent croire que Steve Jobs va encore nous surprendre avec un saut quantique qui fera du iPhone la prochaine génération d’ordinateur portable. L’intégration du nouveau système d’exploitation, le temps qu’on a mis depuis le dernier changement important et la concordance des lancements ne sont que quelques indices.

(suite…)

Neurosciences, cognition et affectivité

JacobCerveau.jpgLe coeur a ses raisons que la raison ne connaît point.
(Blaise Pascal)

Il en aura fallu du temps à la science pour reconnaître le rôle déterminant de l’affectivité dans la pensée. Pendant 2500 ans, philosophes et chercheurs n’ont vu dans les émotions qu’une distraction à la raison. Mais une nouvelle génération de neuroscientifiques expose l’indissociabilité de la pensée et des émotions, élargissant du même coup le champ de la psychologie cognitive (The Boston Globe : Hearts & Minds). Graduellement, on tend à une conception holistique de l’intelligence et de l’être. Les implications pour l’éducation sont énormes, non seulement sur le plan de la motivation scolaire, mais dans la compréhension de la dynamique de l’apprentissage.

(suite…)

Biais cognitifs : obstacles à l'objectivité

ReesePrejudice.jpgChaque mot est un préjugé. (Friedrich Nietzsche)

Si quelqu’un espère encore arriver à un consensus en éducation, c’est faire fi de la nature humaine. La pensée n’est pas cette faculté éminemment raisonnable qu’on veut bien croire. Comme si les idiosyncrasies ne suffisaient pas à nous dissocier, les sophismes et les biais cognitifs se chargent d’achever la discorde. Dans ces conditions, un système gère des différences bien plus que l’unité. Le quotidien consiste à transférer des particules dans l’espoir de faire pencher la balance. Il importe cependant de savoir à quels obstacles nous nous heurtons.

(suite…)

Moderniser l'évaluation / ‘visualiser' la pensée

JenkinsPhenomenaViolet.jpgMesure tes forces d’après tes aspirations et non tes aspirations d’après tes forces. (Adam Mickiewicz)

Si les élèves avaient une voix en éducation, la querelle des bulletins prendrait un autre air. La plupart en ont marre du stress des examens, des sermons des parents et du sentiment de dévalorisation auprès des pairs. La fixité du débat sur le bulletin, par opposition à l’évaluation formative, illustre l’obsession des gestionnaires et des parents pour la mesure quantitative. Pourtant, les stratégies d’apprentissage ne sont-elles pas un meilleur gage d’avenir que les savoirs éphémères ? Pour préparer les élèves à la future économie de la créativité, il faut rééquilibrer l’évaluation en délestant les objets de mesure au profit du sujet. Du coup, on réglera le problème du plagiat.

(suite…)

Rapport 2007 de l'indice d'apprentissage au Canada

GriggLearningSong.jpgLe salut est gratuit, mais l’apprentissage exigera votre existence toute entière. (Dietrich Bonhoeffer)

Le Conseil canadien sur l’apprentissage a rendu public les résultats 2007 de son Indice composite de l’apprentissage, un indice reposant largement sur quatre piliers : apprendre à savoir, apprendre à faire, apprendre à vivre ensemble, apprendre à être. Le rapport inclut une tapée de ressources pour chaque grand domaine d’apprentissage, ainsi qu’une présentation interactive en Flash très intéressante. Avant de juger des résultats, il faudra certainement analyser plus en détail l’ensemble des données et leur traitement.

(suite…)

L'enseignement : l'art du possible

GrayPossibleWorlds1.jpgLe possible n’est pas loin du nécessaire. (Pythagore)

Comme les chefs d’orchestre, les meilleurs enseignants ne sont pas ceux qui manient la baguette, mais qui conduisent au surpassement. En éducation, pour prolonger l’envol, on parlera plutôt de transformation. On y arrive en faisant vibrer les émotions, et tout devient possible en caressant les bonnes cordes. Benjamin Zander, chef de l’Orchestre philharmonique de Boston, est aussi un fameux motivateur. Au sujet de l’autorité, par exemple, il observe que l’on peut imposer une volonté au corps, mais non au coeur. Dans The Art of Possibility, écrit avec son épouse, on trouve un bouquet de préceptes dont tout enseignant devrait s’inspirer.

(suite…)

La technologie de la violence

HauserMachineAge.jpgIl est hélas devenu évident aujourd’hui que notre technologie a dépassé notre humanité. (Albert Einstein)

Toronto est sous le choc après qu’un jeune se soit introduit dans une école pour tuer un élève avec une arme de poing (Cyberpresse : Fusillade mortelle dans une école de Toronto). La ville, par ailleurs, semble envahie par les armes à feu (National Post : Toronto is a city of guns, councillor says). Faut-il s’en étonner dans une jungle urbaine où un pistole s’obtient au prix d’un iPod, à proximité de nos voisins du sud qui les dispensent comme ils vendent des autos. Le Québec, comme nous savons trop bien, n’est pas à l’abri des armes à feu. De fait, nous nous entourons de technologies qui sèment la violence.

L’artificiel est foncièrement une dénaturation, une violence en soi dans la mesure où ce changement rompt l’équilibre entre l’être et l’environnement. L’Homo faber est le champion incontestable de la fabrication d’objets pour faciliter son rapport à l’environnement. Par cette faculté, il s’est élevé au sommet de la chaîne alimentaire, le grand mammifère le plus répandu de la planète. D’un point de vue anthropocentrique, l’Homme retire de la technologie des bénéfices immenses, jusqu’au moment où celle-ci se retourne contre lui (armement, réchauffement climatique, etc.).

La violence faite à la nature n’est pas le seul danger qui guette l’Homme. Certains produits de la technologie sont intrinsèquement dangereux, en ce qu’on leur confère une puissance capable d’enlever la vie d’une seule convulsion de l’esprit. L’automobile et les armes à feu en sont les exemples les plus évidents. Mais il y a aussi un degré de violence dans tous les petits objets que nous créons et qui, quoique bénéfiques, nous affaiblissent dans la dépendance au confort. Il reste que l’Homme est un être créatif, par conséquent technologique, et qu’il serait fallacieux de le considérer autrement que par ce qui le caractérise.

Je crois utile, toutefois, de distinguer les inventions qui contribuent volontairement à hausser la qualité de la vie, telle l’aspirine, de celles qui ont le pouvoir de l’amoindrir chez autrui, comme une arme à feu. C’est d’ailleurs pourquoi celles-ci doivent être légiféré. Néanmoins, la plupart d’entre elles ont d’abord été créées pour faciliter l’existence. L’automobile a largement amélioré la vie des individus, mais demeure néanmoins l’une des principales causes accidentelles de décès. Au nom de la liberté, on ne remet pas en question la logique d’autoriser des bolides sur la voie publique, comme si la liberté était une chose absolue, ou que le droit de voter était un laissez-passer à l’ineptie.

Les nouvelles technologies de la communication ne font pas exception. Leur potentiel est tel qu’on n’hésite pas à les confier à des enfants. Malheureusement, leurs avantages sont assombris par les écarts de conduite de quelques-uns, tant jeunes (cyberbullying) qu’adultes (pédophilie), qui en utilisent le mauvais tranchant. Les jeunes surtout, eux qui baignent dans les nouvelles technologies avant l’âge de la raison, sont facilement enclins à déverser leurs frustrations dans Internet sans réaliser l’indélébilité de leurs attaques. Des écoles n’ont d’autre choix que de réagir légalement (BBC : Students criticise staff on net); j’ai même dû intervenir ce matin pour rappeler à une élève le côté éthique des évaluations en ligne.

Immanquablement, la réaction des autorités est de resserrer les mesures de contrôle, de plus en plus par des moyens technologiques. Le gouvernement veut installer des radars photo sur les routes (Le Soleil : Un autre pas vers les radars photo), le RTC envisage d’installer des caméras de surveillance dans les autobus de la ville de Québec (Le Soleil : Des caméras dans les bus), les chauffeurs d’autobus scolaires réclament eux aussi des caméras (Le Soleil : Du calme, vous êtes filmés !), tout comme les autorités municipales de Toronto (Globe and Mail : Beef up surveillance now, school trustees urge). Tout le monde n’en a plus que pour les technologies de surveillance. Il ne suffit pas que les écoles censurent Internet. Personne ne semble voir que l’excès de technologie à des fins de sécurité constitue une menace plus grave que le problème visé, le remède pire que le mal.

Il y a un réel danger à contrer la technologie par la technologie. C’est une spirale qui nous asservit immanquablement. Il faut se garder de sacrifier la liberté au profit de la sécurité. Surtout la sécurité confiée à l’autorité des gouvernements. Il y a une ligne que je ne suis pas disposé à franchir, celle qui incombe à chaque individu d’assumer son rôle de citoyen et d’élever la voix pour dénoncer les écarts de conduire dans la communauté. Ou bien on s’en charge, ou on accepte d’en confier la responsabilité aux gouvernements. Inévitablement, c’est tendre à la coercition et à l’uniformité.

La vie a toujours comporté une part de risque. Le risque, par ailleurs, est inhérent à la créativité. On peut même avancer que la vie est l’adaptation au danger. Si nous nous définissons par l’usage de nos technologies, il revient à l’école d’y préparer les élèves, principalement dans la quête de sens et la délimitation du risque. Éliminer tout danger équivaut à dénaturer l’Homme en contraignant graduellement les limites de la liberté, jusqu’à l’étouffement. D’un point de vue social, il n’y a pas de pire violence.

Mise à jour, 6 juin 2007 | Dave Pollard se penche également sur le rapport de l’homme à la technologie (How to Save the World : The Thing about Technology). Un excellent texte dans lequel il défend la thèse selon laquelle la technologie crée éventuellement des problèmes insoupçonnés.

Mise à jour, 16 octobre 2007 | La recherche d’un professeur de l’Université de Montréal indique que les enfants ont des comportements plus violents que les adultes parce qu’ils n’ont pas encore appris les conséquences des gestes agressifs (BBC : Young ‘more iolent than adults’). Ceci laisse croire que le cyberbullying dont font preuve les adolescents est également la conséquence d’un manque de maturité.


(Image thématique : Machine Age, par Iris Hauser)


Par ricochet :
L’intimidation et les blogs
Les ados, les blogs, et les bêtises
La violence scolaire institutionnalisée
La violence à l’école
L’école : un milieu violent
Le Web des cons : insultes et menaces de mort
Élèves suspendus pour un site hargneux

Internet, c’est aussi la vraie vie (École et société)

Documentaire : Iraq for Sale

ArnoldWarDeath.jpgLa corruption, le plus infaillible symptôme de la liberté constitutionnelle. (Edward Gibbon)

La religion n’est pas gage de moralité. L’argent empoisonne la foi, et malgré l’obsession des Américains pour Dieu, la justice est impuissante devant la bigoterie au pouvoir. Ce jet de cynisme me vient de l’écoute du documentaire de Robert Greenwald sur la privatisation de la guerre en Irak, notamment au profit d’Halliburton. Dans le but de sensibiliser la population à la corruption dont sont victimes les Irakiens, les soldats et les payeurs de taxe, Greenwald a cédé Iraq for Sale: The War Profiteers au domaine public. Par souci de pérennité, un blogue permet de suivre les événements.

(suite…)

Le sentiment d'appartenance à l'école et les TIC

LandseerAttachment.jpgLe silence est un refus d’appartenir. (Camille Laurens)

Il y a belle lurette que je n’ai entendu parler de sentiment d’appartenance à l’école. Serait-ce que le sujet est désuet, ou que le secondaire ait abandonné tout espoir d’intéresser des adolescents à l’école? Pourtant, la littérature n’a pas jeté la serviette. J’ai retrouvé une tapée d’allusions au sense of belonging, notamment dans le rapport danois Explaining Student Performance (PDF) issu de PISA, TIMSS et PIRLS. Au Québec, Martha Kaufeldt en fait mention dans un article de la revue Virage (PDF) intitulé L’enseignement et le fonctionnement du cerveau; le Conseil supérieur de l’éducation aborde également le sujet dans un avis pour une meilleure réussite scolaire, de même que Réginald Grégoire sur le thème des communautés d’apprentissage.

(suite…)

Les effets de l'alcool sur le cerveau

ReniBacchus.jpgPlus d’hommes se sont noyés dans l’alcool que dans la mer. (W.C. Fields)

Les discours sont impuissants face au sentiment d’immortalité. Rien ne vaut une image bien acérée pour crever l’intemporalité illusoire de la jeunesse. À l’adolescence, c’est la vue d’un poumon rongé par le tabagisme, à côté d’un poumon sain (voir le post-scriptum), qui m’a découragé de fumer à jamais. Cette image m’a peut-être sauvé la vie; à tout le moins, elle en a changé le cours. Je me suis rappelé cet incident en apercevant l’image IRM ci-dessous d’un cerveau normal comparé à celui d’un alcoolique (SmartKit : Your Brain on Alcohol). Elle réussira peut-être aussi à réchapper quelques vies.

    AlcoolCerveau43Ans.jpg

Une autre image saisissante, plus près de la réalité des jeunes cette fois, nous provient d’un article du New York Times : The Grim Neurology of Teenage Drinking. Sous l’emprise de l’alcool (image de droite), le cerveau d’un jeune n’est pas en mesure de réfléchir normalement, encore moins de faire preuve de jugement (une évidence chez les adultes, également).

    Buveur15Cerveau.jpg

Pour taper encore sur le clou, on énumérera les parties du cerveau affectées par l’alcool (SmartKit : Alcohol knocks teen brain off trajectory) et on soulignera comment il cause la dégradation des neurones (San Francisco Chronicle : Alcohol harder on teen brains than thought). Du coup, on fera valoir que le problème est bien présent chez nous, comme en témoignent les statistiques, notamment ce tableau partiel (cliquez sur l’image pour un agrandissement) :

    StatsAlcoolJeunesCanadaS.jpg

Le but n’est pas de prêcher l’abstinence. Un voeu pieux entache la crédibilité. Il s’agit d’éduquer les jeunes aux risques des jeux d’adultes, tant pour eux que pour la société. Par ailleurs, le phénomène illustre l’importance de faire déborder l’éducation des manuels scolaires et de savoir traiter des sujets actuels à l’aide de ressources tout aussi actuelles.

Post-scriptum : image d’un poumon en santé, à gauche, comparé au poumon ravagé d’un fumeur (source : Human Illnesses and Behavioral Health).

    SmokerNonSmokerLung.jpg

Mise à jour, 16 juillet 2007 | Cet article du site BrainConnection traite plus spécifiquement des effets de l’alcool sur le cerveau des adolescents : Alcohol on the Mind: The Effects of Drinking on the Adolescent Brain.


(Image thématique : Drinking Bacchus, par Guido Reni)


Par ricochet :
Les effets de l’alcool sur le cerveau des jeunes
Le tabagisme tuera 1 milliard de personnes durant le siècle