Archives de l'auteur : François Guité

10 différences entre le cerveau et l'ordinateur

HeadGearHighbridge.jpgLes ordinateurs sont inutiles. Ils ne savent que donner des réponses.
(Pablo Picasso)

Les exploits des ordinateurs nous émerveillent au point d’oublier qu’ils sont le produit du cerveau humain. On perd de vue qu’il s’agit de phénomènes isolés, et non l’oeuvre d’une même machine. Histoire de remettre les pendules à l’heure, Chris Chatham, un doctorant en neurosciences, décrit dix différences fondamentales entre le cerveau et un ordinateur (source : Cognitive Daily). Sans nier les avantages des ordinateurs (précision d’exécution, infatigabilité, etc.), il importe de reconnaître ce qui nous distingue. Sans doute faut-il aussi passer l’information aux élèves afin d’éviter un possible sentiment d’infériorité par rapport à la machine, surtout chez ceux qui grandissent entourés d’ordinateurs.

Il faut lire les explications de Chatham pour bien saisir toutes les subtilités qui distinguent la pensée des opérations numériques. Néanmoins, j’offre une brève traduction pour les lecteurs francophones, mais aussi au bénéfice des élèves (du moins les plus âgés).

1. Le cerveau est analogique; l’ordinateur est numérique. Les neurones ont la capacité d’émettre des signaux dans une grande variété de modalités, contrairement à la transmission binaire (“1” et “0”).

2. Le cerveau utilise une mémoire activant des liens conceptuels. L’ordinateur, par contraste, utilise une mémoire fondée sur l’activation de bytes.

3. Le cerveau est un instrument qui opère massivement en parallèle; l’ordinateur est modulaire et sériel. Les opérations cérébrales ne sont généralement pas concentrées dans une seule partie.

4. La vitesse de traitement dans le cerveau n’est pas fixe; il n’y a pas d’horloge système. Plusieurs variables déterminent la vitesse avec laquelle le cerveau traite les signaux.

5. La mémoire de travail n’est pas comme la mémoire vive. Entre autres, la mémoire de travail ne comprend que des “pointeurs” vers la mémoire à long terme, contrairement à la mémoire vive qui utilise des données analogues.

6. Aucune distinction matériel/logiciel ne s’applique au cerveau ou à l’esprit. La pensée émerge directement du cerveau et toute modification de l’esprit entraîne un changement au niveau du cerveau.

7. Les synapses sont beaucoup plus complexes que des gâchettes électroniques. Le courant électrochimique le long des neurones permet des modulations de transmission, de même que des variables de transmission dans le vide synaptique.

8. Contrairement aux ordinateurs, le traitement et la mémoire s’opèrent dans les mêmes composantes du cerveau. L’ordinateur stocke l’information dans une mémoire, mais la traite dans une autre composante appelée “processeur”.

9. Le cerveau est un organe autorégulateur. La plasticité neuronale n’a pas son pareil dans un ordinateur.

10. Le cerveau est doté d’un corps. La complémentarité du corps accroît de façon substantielle l’efficacité du cerveau.

Bonus. Le cerveau est beaucoup plus considérable que tout ordinateur (présentement). Les combinaisons d’interaction neuronale dépassent le nombre de calculs linéaires qu’un ordinateur peut réaliser.


(Image thématique : Silhouette of Head with Gears for a Brain, par Highbridge)


Par ricochet :
Cerveau multifonctionnel
Imitation neuronale
Jeff Hawkins et l’intelligence artificielle
Connecter l’ordinateur au cerveau
La lecture bombarde le cerveau
La plasticité du cerveau
Les effets de l’exercice sur le cerveau

6 qualités des connaissances mémorisées

MondrianComposition10.jpgIl est si facile de perdre la mémoire de soi-même. (Henrik Ibsen)

Ah! si seulement on savait pourquoi les connaissances s’incrustent ou s’évaporent. Dans Made to Stick: Why Some Ideas Survive and Others Die, Chip Heath, de l’université Stanford, et son frère Dan tentent de répondre à cette question qui hante les éducateurs. Clive Shepherd résume le livre en présentant les six qualités qui font que les idées qui collent à la mémoire, ainsi que les implications pour l’enseignement. Dans l’esprit du premier point énuméré, j’ai réduit le tout à un mind map (cliquez sur l’image pour un agrandissement). Par un heureux hasard, l’acronyme des mots anglais (simplicity, unexpectedness, concreteness, credibility, emotionality, stories) forment SUCCÈS.


    HeathStickKnowledgeS.jpg


(Image thématique : Composition No. 10, par Piet Mondrian)


Par ricochet :
Multitasking, mémoire et déficit d’attention
Techniques de mémorisation
10 lois de la simplicité

Math : la concentration plus importante que le Q.I.

HollackAttention.jpgNe mets pas plusieurs tisons dans le feu, concentre-toi sur une chose à la fois. (Ali ibn Abi Talib)

Une étude publiée dans la revue Child Development conclut que la capacité mentale à planifier et régir ses habiletés cérébrales (executive functioning), laquelle affecte la raison et la concentration, joue un rôle critique dans l’apprentissage (Scientific American : Beyond IQ: Youngsters Who Can Focus on the Task at Hand Do Better in Math). Cette faculté serait un plus grand facteur de réussite académique, notamment en mathématiques, que le quotient intellectuel. Selon les auteurs, les « fonctions exécutives » comprennent la mémoire de travail et les contrôles inhibitoires qui facilitent la concentration.

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Tutoriels vidéo pour les TIC

RauschenbergStoryline.jpgPlus on sait, et plus on est capable d’apprendre. (Alain)

Les écoles ont pris tant de retard au regard des nouvelles technologies qu’on ne saurait compter uniquement sur les ateliers de formation professionnelle pour rattraper le peloton. Tôt ou tard, les enseignants vont devoir y mettre du temps personnel, préférablement en communautés de pratique. Pour plusieurs, voire la majorité, la vidéo sera plus utile que le texte, les tutoriels écrits pour l’informatique étant plutôt arides. On pourra leur recommander Wikivid, un fameux répertoire wiki de tutoriels vidéo pour plus de 100 applications et systèmes d’exploitation. On y trouve même des rubriques pour Linux et OpenOffice.

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Le marketing de la malbouffe

KaiserFoodTVAd.jpgFaire de la publicité, c’est agiter un bâton dans l’auge à cochons. (George Orwell)

La Fondation Kaiser publie une étude (PDF) sur le battage publicitaire télévisé auquel sont soumis les jeunes Américains par l’industrie du junk food (Globe and Mail : Children’s ads provide junk food for thoutht). Les chiffres sont renversants : 40 % de la publicité totale et 21 pubs par jour (plus de 7500 par année) pour les enfants de 8 à 12 ans. Et ce n’est qu’à la télévision. La Loi sur la protection du consommateur du Québec interdit bien les chaînes québécoises de diffuser de la publicité télévisée aux enfants de moins de 13 ans (source : Réseau Éducation-Médias), mais elle ne les met pas à l’abri des réseaux américains ou canadiens-anglais, ni d’internet.

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TIC : le Canada en perte de vitesse / motivation scolaire

MinacaMotivation.jpgLes pilotes se moquent de marcher. Ce qui les motive, c’est de pouvoir voler. (Neil Armstrong)

Dans son dernier rapport sur les nouvelles technologies, le World Economic Forum fait perdre cinq places au Canada, qui passe du 6e au 11e rang du classement mondial depuis l’année dernière. Les États-Unis glissent de la 1ere à la 7e position. Fait remarquable, tous les pays scandinaves se retrouvent parmi les 10 premiers : Danemark (1), Suède (2), Finlande (4), Islande (8) et Norvège (10). Sur le nouvel échiquier mondial, alors que les manufactures émigrent vers les pays en voie de développement, que reste-t-il si nous laissons filer notre avantage sur le plan du savoir et de la technologie? Le tiers-monde technologique dans nos écoles n’augure rien de bon. Comme le dit Gilles Jobin : « Quand réalisera-t-on que nos enfants vivent dans un monde perso-socio-technologique ? »

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Leçons d'experts

DegasMaitreBallet.jpgLes maîtres sont ceux qui nous montrent ce qui est possible dans l’ordre de l’impossible. (Paul Valéry)

Au-delà des connaissances inestimables que les experts transmettent aux futures générations, il y a lieu également de reproduire les clés de leur succès. Une étude (PDF) de l’université du Massachusetts s’est penchée sur les caractéristiques communes qui permettent aux experts de résoudre des problèmes (Eide Neurolearning Blog : How Can Educators Learn from Expertise? Software Designers and Others). Contrairement à ce qu’on peut croire, les experts se distinguent des novices non pas par leur Q.I., leur mémoire ou leur rapidité de raisonnement, mais par leurs formidables connaissances procédurales.

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Les obstacles aux études postsecondaires

LeavingMoonVerne.jpgQui ne peut rien prétendre a droit d’abandonner.
(Pierre Corneille)

Quand les jeunes abandonnent les études après le secondaire, j’ai le sentiment que l’école a failli à la tâche, ne serait-ce que cultiver le plaisir intrinsèque à apprendre. Dans les faits, toutefois, ils ont de bonnes raisons. La Fondation canadienne des bourses d’études du millénaire vient de rendre public une étude sur les obstacles à poursuivre la scolarité à la sortie du secondaire (Globe and Mail : Lack of interest keeping students out of university). Le rapport identifie six grandes causes, raisons financières en tête (voir le graphique ci-dessous; cliquez sur l’image pour agrandir). Que le tiers des élèves disent cesser leurs études pour des considérations financières revêt une certaine importance dans le débat entourant le dégel des frais de scolarité.

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Le Web des cons : insultes et menaces de mort

HundertwasserSocialism.jpgToutes les violences ont un lendemain. (Victor Hugo)

L’anonymat est le courage des lâches. Non pas cet anonymat qui protège des bien-pensants et des malfaiteurs, mais celui de la vermine qui dissémine les insultes comme des chiures partout où elle passe. Alec Couros s’inquiétait récemment du phénomène, de même qu’un article dans le Globe and Mail (Are teens crossing the line with online insults?) qui a touché une corde sensible à en juger par l’avalanche de commentaires. L’escalade de la violence en ligne (cyberbullying) ne date pas d’hier, mais un triste cap vient d’être franchi avec des menaces de mort proférées à l’endroit d’une blogueuse respectable.

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Le crowding : un obstacle à la reconnaissance des objets

OngCrowd.jpgLe feu le plus concentré est le plus brûlant de tous.
(William Shakespeare)

La revue Journal of Vision consacre tout un numéro au phénomène du crowding, soit notre inhabileté à reconnaître les stimuli visuels trop denses ou mal organisés (EurekAlert! : When crowded, things become stuff). Le phénomène mérite notre attention au moment où le multitasking et l’information visuelle sont à la hausse. Il peut ralentir la recherche d’informations et la lecture, voire causer des illusions. L’étude qui a le plus retenu mon attention porte sur les effets de l’espacement des caractères relativement au champ de vision et la vitesse de lecture, certes un sujet d’intérêt pour les éditeurs de manuels scolaires (Journal of Vision : Effect of letter spacing on visual span and reading speed). Quoiqu’il s’agisse d’un phénomène relativement récent, je parie que ce n’est pas la dernière fois qu’on en entendra parler.

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