Archives de l'auteur : François Guité

Le dégel des frais universitaires

OsborneMoneyMaze.jpgL’homme est bête sans argent. (Jules Mazarin)

Le débat sur le dégel des frais de scolarité a le mérite de placer l’éducation à l’avant-scène de la campagne électorale. Surtout, il soulève un point précis qui nous change des vagues discours politiques, quoique le Parti Québécois a eu l’audace hier de promettre des mesures précises (PDF). La réaction des étudiants est désespérante, non pas pour son idéalisme habituel, mais par son absence de solutions originales. Le groupthink a eu tôt fait d’anéantir The Wisdom of Crowds. Est-il besoin de préciser que nous avons affaire à la fleur de la jeunesse québécoise.

(suite…)

Les 7 merveilles du monde, version moderne

PyramidWonders.jpgL’architecture est la physionomie des nations.
(Astolphe de Custine)

L’Antiquité avait ses sept merveilles, dont il ne reste que les pyramides de Gizeh. Il s’en est construit des choses depuis. New 7 Wonders a pris l’initiative de désigner les 7 nouvelles merveilles du monde, le 7/07/2007 à Lisbonne. D’ici-là, on propose 21 grandes réalisations pour lesquelles le public est invité à voter. La sélection prête naturellement à la critique. On remarquera toutefois que l’ère moderne est sous-représentée, d’une part parce que le capitalisme est avare de ses sous, d’autre part parce que nous n’acceptons plus de sacrifier des vies humaines aux folies des grandeurs. Par ailleurs, les merveilles relèvent aujourd’hui non pas du majestueusement grand, mais de l’infiniment petit.

(suite…)

Laisser réfléchir les élèves pour une pensée scientifique

VesaliusScienceThinking.jpgLa vraie science enseigne, avant tout, à douter et à ignorer. (Miguel de Unamuno)

Les étudiants ont jusqu’à quatre fois plus de chances de réussir les cours de sciences si l’on diminue les consignes procédurales pour laisser plus de place à la liberté de penser. C’est l’étonnante conclusion d’un professeur de l’université Ohio State qui a comparé des résultats obtenus en fonction de chaque méthode (Ohio State Research News : Scientific Literacy Happens … When Students Think for Themselves). Quoique l’étude concerne l’enseignement universitaire, elle laisse entendre que l’apprentissage par problèmes (problem-based learning), à tout le moins en sciences, est plus efficace que les méthodes instructionnistes. La pensée scientifique, elle-même très proche de la philosophie, tient du raisonnement bien plus que d’une démarche. Le rôle de l’école est de former des chercheurs dans l’esprit, et non des laborantins.

(suite…)

L'école de l'ignorance

CensorshipGranton.jpgLa censure épargne les corbeaux et s’acharne sur les colombes. (Juvénal)

Par quelle logique l’école, dont la mission est de socialiser, peut-elle bannir ou censurer ce qui est socialement acceptable? Je conviens que le monde pullule d’inepties, mais chercher à les interdire est non seulement une ineptie en soi, mais un abus d’autorité contraire à l’éducation. Censurer YouTube, qui recèle des bijoux de ressources pédagogiques, alors qu’on expose impunément les enfants à la publicité par exemple, relève du béotisme. Sans encourager le recours aux niaiseries véhiculées par les médias, il reste que l’école est le lieu de choix pour apprendre à juger de la valeur relative des choses. Plutôt que de bannir la caricature sociale comme les Têtes à claques, elle devrait se demander pourquoi les élèves lui préfèrent des marionnettes. Ce genre d’interdit ne fait que perpétuer les tabous et légitimer la censure.

(suite…)

Les blogues scolaires et l'apprentissage

KandinskyNuages.jpgSpeech comes with the development of the power to let go of objects. (Marshall McLuhan)

Les preuves tangibles de la contribution des blogues aux apprentissages scolaires ne font pas légion. Voilà pourquoi le commentaire anodin d’un élève m’a sauté aux yeux. En réponse à une élève qui le remerciait de l’utilité d’un billet dans lequel il résume des connaissances à mémoriser, Tommy C. a servi ce bijou : « Je savais que ce serait utile pour tout le monde. Même pour moi… J’en ai appris plus en faisant cet article! » Ce commentaire révèle toute la dynamique sociale de l’apprentissage, facilitée par l’utilisation d’un blogue.

(suite…)

La réalité virtuelle des jeunes

BeboSecondLife.jpgIl ne s’agit pas de tuer la liberté individuelle mais de la socialiser. (Pierre Joseph Proudhon)

Qui de mieux que les jeunes pour illustrer l’environnement virtuel dans lequel ils étendent leurs réseaux sociaux? Cette vidéo constitue la meilleure représentation à ce jour de la nouvelle réalité sociale des jeunes, avec toute la complexité des interactions et des exclusions. Impossible d’ignorer la ressemblance avec Second Life. Elle nous fait prendre conscience de la dualité sociale des jeunes qui évoluent dorénavant dans deux mondes parallèles, l’un réel, l’autre virtuel. Le second prend souvent la relève du premier après l’école; du coup, il accroît l’espace social en ramifiant les fréquentations. Et si les jeunes préfèrent souvent le second, c’est parce qu’ils y exercent plus de contrôle que dans le monde arrêté des adultes.

(suite…)

L'énigme Google

RingOfPowerGoogle.jpgKnowledge is power. (Sir Francis Bacon)

Si savoir rime avec pouvoir, comme Francis Bacon l’avait pertinemment remarqué, la concentration du savoir devrait nous inquiéter. Sans donner dans les théories conspiratrices, il y a lieu de rester vigilant devant l’incroyable vitesse à laquelle Google happe l’information, comme un trou noir. Il ne lui suffit pas de colliger tout le Web écrit, il lui faut aussi absorber les images, les vidéos (YouTube), les images satellites (Google Maps; Google Earth), en plus de vouloir numériser tous les livres de l’histoire de l’humanité. Ajoutez un nouveau méga-complexe dans l’état de Washington (New York Times : Hiding in Plain Sight, Google Seeks an Expansion of Power) et l’intelligence artificielle, et vous avez une fameuse potion.

Pendant ce temps, on utilise gaiement la gamme des services Google, offrant gratuitement notre productivité. Plusieurs se targuent même de se retrouver en tête de liste quand ils sont googlés, comme s’il s’agissait du nouveau titre de noblesse de notre ère. Il est déconcertant de voir la facilité avec laquelle nous abandonnons le fruit de notre pensée à des entreprises privées telles que Google et Yahoo!, américaines de surcroît.

Naturellement, Google et Yahoo! rendent d’immenses services à l’humanité. Mais sans sombrer dans la paranoïa, peut-on être certain que les Américains continueront indéfiniment de respecter un semblant de démocratie et de liberté d’expression, surtout à la lumière des agissements du gouvernement Bush?

J’ai découvert, avec stupéfaction, que tous les utilisateurs de Blogger (propriété de Google) se sont récemment fait imposer un bouton (voir «Marquer le blog» dans la bande en haut de page) permettant à la communauté de marquer du contenu indésirable. Soudainement, tous ces blogueurs doivent écrire sous cette épée de Damoclès. Je comprends le besoin (les pressions) de filtrer certains contenus, mais à qui, ultimement, reviendra-t-il de supprimer le billet d’un blogueur? La tâche sera-t-elle confiée à un autre algorithme?

Quoi qu’il en soit, cette vidéo d’Ozan Halici a de quoi nous faire réfléchir (source : Couros Blog). Elle est à mettre en lumière avec cette autre vidéo de Robin Sloan.

Mise à jour, 21 février 2007 | Voici la vidéo de Robin Sloan dont il est questions plus haut, habilement dénichée par Guillaume Lamy sur YouTube.

Mise à jour, 24 février 2007 | Comme si cela ne suffisait pas, Google lance une suite bureautique en ligne pour rivaliser Microsoft Office (New York Times : A Google Package Challenges Microsoft). Des multinationales comme Procter & Gamble et General Electric ont déjà signées une entente avec Google (Time : Google to Sell Online Softwre Suite). Je suis à la fois fasciné et inquiet de constater que les compagnies et les individus acceptent de stocker tant d’information sur les serveurs de Google.

Mise à jour, 25 février 2007 | Selon John Naughton, Google est maintenant le plus grand propriétaire de bande passante au monde (The Observer : Microsoft first – then Google wants world domination). Naughton constate également que Google est en train de bâtir des centrales de stockage de données à travers le monde, comme celle rapportée par le New York Times dans le premier paragraphe. Il en déduit que la demande croissante pour la vidéo, la télévision et le cinéma en ligne fera en sorte que seul Google aura la capacité d’y répondre, lui assurant l’hégémonie au plan des communications internet.

Mise à jour, 31 mai 2007 | Robert Scoble fait un bilan de la méfiance à l’endroit de Google qui s’installe chez plusieurs blogueurs. Selon Scoble, le FOG (Fear Of Google) est en train de se transformer en DOG (Distrust/Disdain Of Google). On n’a pas fini d’en entendre parler.

Mise à jour, 15 juin 2007 | L’organisme Privacy International situe Google au dernier rang pour le respect des données personnelles et de la vie privée (BBC : Google ranked ‘worst’ on privacy). Assurément, Google n’est pas la seule compagnie en cause. Dans son rapport sur les principales compagnies du domaine des technologies Internet, l’organisme identifie sept raisons qui justifient la mise en garde, principalement au regard du traitement des données et l’impossibilité pour les individus de gérer l’information qui les concerne.

Mise à jour, 19 juillet 2007 | Adam Ostrow fait une analyse intéressante de 10 secteurs des nouvelles technologies que Google cherche à dominer (Mashable : Google vs Everyone: 10 Markets Where Google Wants to Win). En plus d’être convaincant, l’article dresse un excellent portrait des divers créneaux de l’industrie du Web.

(Image thématique : Ring of Power, par Vicky Brago-Mitchell)


Par ricochet :
Google pour scientifiques et chercheurs
Google Translator : la Pierre de Rosette
Le champ de bataille des TIC : vos données

Intégration des TIC : Steve Jobs blâme les syndicats

YonathDemonstration.jpgGrève des enseignants: 30% des profs absents selon le ministère, 60% selon les syndicats et 100% selon ce que les élèves ont dit aux parents! (Laurent Ruquier)

Steve Jobs nous a habitués à plus de perspicacité. Lors d’une conférence sur les réformes en éducation, Jobs a condamné les syndicats d’enseignants, affirmant que les nouvelles technologies n’amélioreront jamais les écoles tant et aussi longtemps que les directions ne pourront pas congédier les mauvais profs (The Examiner : Apple CEO lambasts teacher unions). À juger par les applaudissements nourris et par les réactions dans les médias, il a touché une corde sensible. Cette logique de trash radio convient encore moins à un chef d’entreprise.

(suite…)

La désertification de la famille

BoteroFamille.jpgSi la liberté grise, la famille rassure. (Robert Choquette)

Pour bien comprendre la violence dans les écoles, il faut aussi regarder du côté de la famille. Or, les nouvelles ne sont pas toujours réjouissantes. La dénatalité, la monoparentalité, les garderies, le matérialisme et le travail ont déjà causé une mutation de la famille. Plus tôt cette semaine, l’UNICEF situait le Canada au 12e rang des pays industrialisés en matière de bien-être des enfants, principalement en raison de piètres évaluations sur le plan de la famille et des relations interpersonnelles (CTV : Canada ranks 12th in UN child well-being study). Presque au même moment, Statistique Canada révélait que le temps passé avec la famille lors des journées de travail avait diminué de 250 à 206 minutes depuis vingt ans, soit trois-quarts d’heure en moins (Globe and Mail : For today’s family, time’s not on their side).

(suite…)

8 facteurs de succès

SuccessJensen.jpgRecherchez le succès, pas la perfection. (David Burns)

Trop d’élèves associent les résultats scolaires au succès. Dans la plupart des cas, la foi aveugle dans le système d’évaluation ne mène qu’à un emploi subalterne. La réussite scolaire n’est qu’une pâle imitation du succès dans l’atteinte d’un rêve, ou dans la réalisation d’une vie. Dans le but de motiver les élèves, il y a lieu de leur rappeler les facteurs qui contribuent au succès. Richard St. John a interviewé 500 personnes qui ont réussi dans leur domaine pour explorer les causes de leur succès. Son analyse, qui a fait l’objet d’un livre (Stupid, Ugly, Unlucky and Rich), se résume à huit éléments importants : la passion, le travail, l’excellence, l’objectif, la poussée, le service, les idées et la persévérance. Il a résumé le tout dans une présentation de trois minutes à TED. (Source : Presentation Zen)

(suite…)