Un blogue, une abstention
Électeur. Personne qui apprécie le distingué privilège de voter pour l’homme du choix d’un autre homme. (Ambrose Bierce)
Jour d’élection. Je m’abstiens de déposer un bulletin dans une urne, non par paresse, lassitude ou d’indifférence, comme certains, mais par refus de cautionner un système de représentativité archaïque. En cette époque de scolarisation générale et de nouveaux moyens de communication, je ne souscris plus à l’exercice débilitant d’inscrire un ‘X’ à côté d’un nom, comme si j’étais analphabète, puis de confier à un inconnu le pouvoir absolu de décider en mon nom pendant quatre ans. On peut faire mieux.
Non pas que je préconise l’anarchie des mêlées générales. Je penche plutôt pour une forme de représentativité participative, où les citoyens peuvent plus facilement exprimer leur voix sur les questions de l’heure autrement que par une lettre à leur député. Une lettre qui, au demeurant, ne reçoit généralement qu’une réponse de courtoisie. Pourquoi ne puis-je exprimer ma préférence pour les idées d’un parti en matière d’éducation et celles d’un autre parti sur la santé?
Certains pays commencent à ouvrir la voie, notamment les Digital Dialogues au Royaume-Uni, (CEFRIO : Petit guide pour réussir une projet de cyberdémocratie). Au Québec, les initiatives sont plus individuelles, comme ce billet de Carl-Frédéric De Celles, mais non moins citoyennes.
La raison la plus pathétique à la défense du vote s’avère sans doute le décompte statistique (La Presse : Ne pas voter n’est pas un vote). Comme si l’action citoyenne se réduisait aux calculs. Et puis, qui se souvient qu’on ait jamais fait grand état du nombre de bulletins rayés? Le taux de participation, au contraire, fait couler plus d’encre.
L’anonymat assuré par le vote secret n’est plus un principe immuable dans une société qui garantit la liberté d’expression. J’espère voir le jour où un blogue titra « Un blogue, un vote ».
Mise à jour, 02 mai 2011 | Je ne vote pas. J’élève la voix.
Rien, depuis l’écriture de ce billet, ne m’a fait changer d’avis. Au contraire, je suis plus que jamais rébarbatif à cette démocratie factice qui permet à un chef de menotter et bâillonner les élus de son propre parti. On rétorquera que c’est justement le propre de la démocratie que de défaire, au moment des élections, la mauvaise gouvernance. Mais au-delà de notre premier ministre, je refuse de sanctionner un système qui permettra d’élire un autre Stephen Harper dans dix, vingt, voire cinquante ans.
Faire acte d’abstentionnisme, c’est voter non pour un candidat, mais pour un système qui n’existe pas encore. Je ne conçois pas que notre démocratie ne fasse pas meilleur usage des médias sociaux. Du coup, il semble que ceux-ci n’ont eu sur les gouvernements que l’effet antisocial de s’en méfier ou de les manipuler à profit.
La mondialisation des problèmes nous convie à des échanges plus grands que la mesquinerie et la partisanerie locale. Ce n’est pas en votant à l’aveuglette, comme j’entendais des électeurs l’avouer, que nous cultiverons la participation.
Je respecte néanmoins le choix de ceux qui votent. J’attends de même, très heureux par ailleurs d’habiter un pays et une époque qui permettent d’exprimer une voix dissonante.
(Image thématique : Vote Superman (Yellow), par Jonathon Kimbrell)
Par ricochet :
La mondialisation du scrutin
e-Politique en Angleterre
J’ai décroché de Buzzz.tv
Lettre au PM : intervention en Irak
D’une politique pour un Québec numérique (Circa CFD)
Il faut s’intéresser à cette campagne électorale (Mario tout de go)