Une étude américaine menée par la RAND Corporation conclut que la plupart des écoles qui tentent de réformer leurs pratiques ne réussissent pas à adopter toutes les modalités inhérentes au cadre prévu (EurekAlert! : RAND study finds most schools fail to fully adopt reform models). Selon le rapport, intitulé Evaluating Comprehensive School Reform Models at Scale (PDF), la raison la plus souvent citée pour les lacunes sont le manque de soutien et d’investissement financier, notamment au regard de la formation des enseignants. Quoique les écoles adoptent résolument le nouveau programme de formation, elles sont moins enclines à embrasser les méthodes pédagogiques recommandées. L’étude ne cible nullement un modèle pédagogique en particulier, mais l’implantation du changement.
Le Citizen Lab, affilié à l’Université de Toronto, annonce la création d’un outil qui permet aux internautes de circonvenir la censure gouvernementale sur le Net (CNet : Web tool may offer way past governement censor). Offert à compter du 1er décembre, Psiphon repose sur le principe du maillage poste-à-poste (P2P) pour permettre aux utilisateurs d’accéder à l’information par ordinateur interposé. Je me ferai évidemment un devoir de participer à ce projet en soutien des droits de la personne. Il s’agit maintenant de voir si cette application permet de déjouer les filtres internet dans les écoles.
Selon un chercheur de l’Alberta, s’asseoir en position redressée aggrave les chances de maux de dos plus tard (Cyberpresse : Se tenir droit en position assise provoquerait le mal au dos chronique ; Globe and Mail : Was Mom wrong? Study says you shouldn’t sit up straight). Une inclinaison du dos de 135 degrés, avec les pieds à plat sur le sol, représente la position la plus saine pour le dos, affirme le Dr. Amir Bashir. Statisques Canada estime que de 70 à 85 % des Canadiens connaîtront des maux de dos durant leur vie.
Statistiques Canada a publié un rapport fascinant sur la disposition à apprendre à l’école pour les jeunes de cinq ans (Globe and Mail : Girls are more ready for school, Statscan says). Le rapport (PDF), riche en graphiques, aborde plusieurs facteurs qui influent sur les premières années d’adaptation au système scolaire, les plus cruciales sans doute pour la réussite éducative : les compétences linguistiques et les aptitudes à communiquer, les aptitudes scolaires, la maîtrise de l’apprentissage, la maîtrise du comportement, les aptitudes sociales et la disposition à apprendre en milieu familial.
Je ne suis pas professeur de mathématiques. Néanmoins, le débat entre l’utilisation du calcul mental ou de la calculette symbolise en quelque sorte le différend entre les partisans et opposants à l’intégration des nouvelles technologies de l’information à l’école. En réaction à la piètre performance des élèves aux tests standardisés, certains prônent même le retour aux notions de base (New York Times : As Math Scores Lag, a New Push for the Basics). Or, nous savons tous la place démesurée accordée aux mathématiques dans une société absorbée par les sciences et le rendement économique. Mais comment faire la part des choses ? Et plus important encore, comment concilier le développement humain et une technologie de plus en plus envahissante ?
Il y a quelques années, le conseil d’établissement de mon école a dû débattre de l’achat de calculatrices graphiques pour les élèves de 4e et 5e secondaire. Le coût prohibitif de ces appareils, ainsi que les efforts de réduction de la facture scolaire, faisait en sorte qu’on ne pouvait exiger leur achat par les élèves. Après avoir débattu leur valeur pédagogique, alors même que les professeurs de mathématiques ne s’entendaient pas, il fut résolu que l’école achèterait quelques jeux de ces calculatrices à prêter aux élèves des enseignants qui en faisaient usage. Ce fut une solution d’accommodement, car le débat manquait de fondements.
Des lectures récentes montrent que la question de l’usage de la calculette en classe n’est toujours pas résolue, comme en témoignent ces articles :
Quelques découvertes récentes, ainsi que des commentaires judicieux, m’ont amené à me questionner sur l’intégration des nouvelles technologies de la communication en éducation. En préconisant à la fois l’humaniste et la technologie, il me fallait concilier le dilemme.
D’abord, il y a eu ce commentaire [note de l’auteur : ce lien n’est plus actif] très pertinent de Christian Jacomino, appuyé de Gilles Jobin, en réaction à un billet sur la corrélation possible entre les difficultés en lecture, le décrochage et le suicide. Je me permets de rapporter ici les parties des deux commentaires qui soulignent la primauté des considérations humanistes.
Ce qui nous amène à considérer en outre le rapport au langage lui-même comme moyen privilégié de communication avec les autres. Nous avons besoin de la parole de l’autre davantage que du pain, et sans doute bien davantage encore que de l’ordinateur. Et quand cette parole nous manque, ce n’est pas seulement notre capacité d’apprendre à lire qui s’en trouve affectée, c’est aussi bien notre envie de vivre. (Christian Jacomino)
Ce qui est remarquable avec la lecture, c’est que, justement, on puisse y trouver cette « parole de l’autre » qui manque à notre vie. Combattre la pauvreté par la lecture est, me semble-t-il, une noble cause. (Gilles Jobin)
En même temps, je découvrais Soulver, un nouveau type de calculette qui fonctionne par intuition langagière. Sans être mathématicien, et peut-être justement parce que je ne le suis pas, je trouve la démonstration très impressionnante (voir aussi le vidcast). Tandis que les technologies évoluent vers l’intelligence artificielle, Robert Bibeau, par le biais d’edu-ressources [note de l’auteur : ce lien n’est plus actif], nous fait découvrir une méthode de multiplication manuelle qui nous rappelle toute l’importance des savoir-faire autonomes. Dans la même veine, Sylvain rapplique avec cette autre méthode manuelle (ne vous laissez pas désemparé par la pub militaire).
Je ne suis pas assez féru en apprentissage des mathématiques pour déterminer lequel de Soulver ou de la méthode manuelle est préférable. Les deux servent d’intermédiaire entre la compréhension du concept et l’habileté à l’appliquer. Par ailleurs, je suis porté à croire que la méthode manuelle est une étape plus propice à la compréhension dudit concept. Pour plusieurs apprenants, elle gagne sans doute à être enseignée avant l’usage de la calculette. Pour d’autres, cependant, elle peut favoriser l’apprentissage, ne serait-ce qu’en validant le résultat de l’opération. Simple réflexion d’enseignant plutôt que de mathématicien.
Dans la juxtaposition de la pensée et de l’outil, il est peut-être utile de distinguer (sans exclure) le naturel de l’artificiel. Le naturel (la compréhension) constitue dans le cas qui nous occupe la finalité, tandis que l’artificiel (l’outil) s’avère un moyen d’atteindre cette finalité. Précisons que dans l’exemple de la multiplication manuelle, le crayon et le papier constituent des technologies, au même titre que la calculette. La grande différence réside dans le savoir-faire. Dans la méthode naturelle, la technologie ne sert que de support, la main servant d’intermédiaire entre la pensée et la démonstration de la compréhension. La calculette, avec son intelligence artificielle, peut toutefois se substituer à la pensée. La compréhension peut n’être que factice. Par ailleurs, cela n’exclut pas que l’on utilise l’outil à des fins d’apprentissage, surtout si l’instrument facilite la compréhension.
Le rapport au savoir comprend une dimension affective. Si l’incompréhension et l’ignorance comportent leur lot de frustrations, une certaine jouissance jaillit du savoir nouvellement acquis. Le plaisir n’en est que plus grand quand les connaissances débouchent sur des savoir-faire. La satisfaction provenant de la compréhension me semble éminemment intrinsèque, tandis que celle qui découle d’un support technologique est aussi extrinsèque. Cela n’est pas mauvais en soi, car une satisfaction accrue favorise l’apprentissage. Dans bien des cas, il faut reconnaître que la technologie permet des savoir-faire qui dépassent le pouvoir de la main. À moins d’un talent exceptionnel, par exemple, un utilisateur peut réaliser une mise en page graphique que seul l’ordinateur lui permet.
Cet interminable exposé, malheureusement trop alambiqué, m’amène à postuler quelques principes pour l’intégration des nouvelles technologies de l’information en éducation. Cela n’a rien de prétentieux. C’est un simple effort de synthèse que je présente comme un document de travail (a work in progress, comme disent les Anglais). Je me ferai un devoir de les modifier, dans l’éventualité où les lecteurs voudront bien y jeter plus de lumière.
Principes d’intégration des TIC en milieu scolaire :
1. La technologie doit servir l’utilisateur sans le déshumaniser. Les nouvelles technologies ne sauraient porter préjudice à l’intégrité de l’élève dans ses dimensions physique, affective, intellectuelle, sociale ou spirituelle. L’élève, dans sa nature comme dans sa finalité, détient la primauté sur la technologie.
2. La technologie doit seconder la pensée sans se substituer aux savoirs essentiels. Un élève doit pouvoir faire la démonstration, oralement, par écrit ou dans l’action, qu’il a acquis un savoir considéré essentiel. Quand les technologies sont appliquées à un savoir-faire, elles ne sauraient court-circuiter la compréhension des étapes importantes du processus. Si le savoir en question concerne les nouvelles technologies, la règle s’applique aux outils technologiques connexes qui peuvent se substituer audit savoir.
3. La technologie doit faciliter les savoirs. Qu’il s’agisse de connaissances déclaratives ou de savoir-faire, les technologies doivent optimiser leur acquisition ou leur objectivation. Ainsi, la motivation peut s’avérer un facteur efficace.
4. La technologie doit se conformer au développement de la personne. L’usage des technologies pour exécuter des tâches répétitives encourt un risque d’abrutissement. C’est vrai également des tâches manuelles, sauf que les nouvelles technologies ont la propriété de le faire en rafale, soit à un rythme peu naturel.
5. La technologie ne doit pas contraindre la liberté dans le choix des moyens. On ne saurait imposer le recours aux nouvelles technologies en lieu et place d’une méthode manuelle. Un élève qui préfère s’acquitter d’une tâche manuellement doit avoir la liberté de le faire. Il revient à l’élève de faire les choix technologiques qui correspondent à la nature de la tâche et en fonction des critères d’évaluation.
6. La technologie ne doit pas entraver l’épanouissement social. Il revient aux parents et aux éducateurs d’être vigilant pour voir à un usage équilibré des nouvelles technologies de la communication, tout en reconnaissant leurs propriétés à favoriser les réseaux sociaux.
Il est difficile de définir des principes très spécifiques au regard de l’utilisation des nouvelles technologies de la communication, considérant leur variété et leur ubiquité. Par ailleurs, la vitesse de leur évolution rend quasi impossible l’établissement de règles strictes. Personne, d’ailleurs, ne veut s’embarrasser d’une réglementation. Je crois plus utile de s’en tenir à des principes généraux qui subordonnent la machine à l’Homme, tout en confiant les détails au jugement des utilisateurs.
Soulignons à nouveau que ces principes s’appliquent à l’éducation. La distinction est importante, car je crois important de limiter l’exercice aux années de formation pendant lesquelles la personne, et principalement le cerveau, est en développement. On situe aujourd’hui cette maturité à environ 25 ans. Ce qui ne veut pas dire que leur application est absolue. Il y a une question de degrés et de jugement qui exigent sans doute une application plus rigoureuse des principes en bas âge.
Mise à jour, 10 décembre 2006 | La participation de Pierre m’a amené à ajouter un paragraphe en fin de texte pour mettre en évidence le cadre éducationnel de l’exercice. Mais surtout, sa réflexion très pertinente a entraîné une modification du 2e principe, que je limite aux savoirs essentiels.
Mise à jour, 24 avril 2007 | Pour une perspective philosophique des nouvelles technologies, voyez d’abord la conférence de Michel Serres sur leur originalité, puis celle d’Edgar Morin sur le thème de l’intelligence de la complexité.
Mise à jour, 04 août 2010 | Dans une conférence aux Chaires de recherche du Canada, Andrew Feenberg de la Chaire de recherche du Canada en philosophie de la technologie présente 10 paradoxes de la technologie résumés par Mind-o-licious (10 Paradoxes of Technology) et que je traduis succinctement :
1. Le paradoxe des parties et du tout
2. Le paradoxe de l’évidence
3. Le paradoxe de l’origine
4. Le paradoxe du cadre (frame)
5. Le paradoxe de l’action
6. Le paradoxe des moyens
7. Le paradoxe de la complexité
8. Le paradoxe de la valeur et du fait
9. Le paradoxe de la démocratie
10. Le paradoxe de la conquête
Mise à jour, 29 décembre 2010 | Au constat de la pénurie d’articles relatifs à l’éthique des TIC, je prends note de ce billet de Doug Johnson qui présente une douzaine de conseils sur le sujet : A dozen ways to teach ethical and safe technology use. J’apprécie particulièrement l’approche participative de l’enseignant dans le respect des apprenants.
1. Que les TIC soient ressaisies dans une logique d’institution (dans le sens de conventions sociales) plutôt que dans une logique de service.
2. Que l’horizontalité des échanges n’écarte pas l’exigence de vérité.
3. Que la multiplication des images n’abolit pas la capacité à construire du symbolique.
4. Que cette utilisation ne fasse pas oublier les fondements anthropologiques de l’entrée dans l’écrit.
Quand je demande à mes élèves de 14 ans ce qu’ils ont l’intention de faire plus tard, ils répondent inévitablement qu’ils ne savent pas. Doit-on s’en inquiéter ? Dans trois ans, ils auront à prendre une décision aux conséquences lourdes pour leur avenir en choisissant une voie d’étude au cégep. Les élèves de 5e, à qui je pose la question, ne sont guère plus fixés, sinon qu’ils ont opté pour les sciences pures ou les sciences humaines, davantage sur la base de leurs résultats que de leurs rêves. Devant un choix incertain ou déchirant, ils se ruent sur les conseillers en orientation qui sont vite débordés. Ne peut-on pas faire mieux pour aider les élèves à planifier leur avenir ? Il appert que les nouvelles technologies de l’information offrent des solutions prometteuses.
Les bons designers sont de grands communicateurs. Les meilleurs expriment l’essence d’un objet dans la forme. Les nouvelles technologies de la communication, en facilitant la mise en forme, ont largement contribué à la prolifération des présentations orales. À tel point que l’art de la présentation s’est raffiné en empruntant au design certaines caractéristiques qui séduisent l’esprit. Presentation Zen attire notre attention sur The Laws of Simplicity, un livre de John Maeda dont les principes sont livrés dans un blogue. On y trouve cette jolie citation : Simplicity is about subtracting the obvious, and adding the meaningful (La simplicité, c’est supprimer l’évident et ajouter le significatif).
Michäel Foussard a entamé la farandole en publiant le déroulement d’une journée de travail. Bilan net : 14 heures. Mathieu Noppen, qui avait attiré mon attention sur la démarche de Michäel, s’est mêlé à la danse en affichant son propre compte rendu. Bilan net : 13 heures et demie. Comme je suis absent de l’école, je ne puis les imiter ; assurément, c’est la première chose que je ferai en reprenant le collier, à la mi-février. Non seulement l’exercice cloue-t-il le bec à ceux qui traitent les professeurs de « fainéants-qui-n’ont-rien-à-faire-et-qui-n’arrêtent-pas-de-prendre-nos-enfants-en-gage-avec-leurs-grèves-alors-qu’ils-ont-trop-de-vacances », comme le dit Michäel, mais il a le mérite d’exposer la variété des tâches attendues d’un enseignant.
Quelles perceptions les Canadiens ont-ils de l’apprentissage ? Pour le savoir, le Conseil canadien sur l’apprentissage (CCL) a mené une enquête (en anglais seulement) auprès de 5 000 Canadiens. Quatre volets de l’apprentissage ont été examinés : la petite enfance, la santé, le système scolaire et la formation continue. Il est intéressant, voire nécessaire, pour quelqu’un qui oeuvre dans le secteur de savoir ce que la population pense de l’éducation. Comme le rapport ne semble accessible qu’en anglais, j’ai traduit les conclusions les plus importantes se rapportant au système scolaire. La version anglaise gagne toutefois à être consultée, ne serait-ce que pour les nombreux graphiques.
Je ne suis pas un gars de char, mais un concours de design automobile où l’accent est mis sur des véhicules plus respectueux de l’environnement mérite d’être souligné (New York Times : Cars So Green They’re Just a Dream). Je me dis qu’il y a encore de l’espoir. La troisième édition du Design Challenge du Salon de l’automobile de Los Angeles comprend neuf entrées dont certaines sont remarquables, comme les deux allemandes ci-dessous : la Volkswagen Nanospyder et la Mercedes-Benz RECY. Au-delà des apparences, je suis surtout fasciné par l’ingéniosité de la technologie à des fins environnementales.